Réflexions sur le Projet Reconquête Outre-mer151021
Celui de reconquête renvoie au terrain perdu depuis vingt ans par le tourisme Français dans
le monde, autant qu’à l’indispensable effort qui, pour être durablement bénéfique à la France
et aux Français, doit guider une stratégie de relance ambitieuse et ordonnée.
Au plan mondial, la part de la France dans les arrivées internationales est passée en 40 ans de 11 % à 6 % et sa
place a rétrogradé de la deuxième à la quatrième, voire à la cinquième place en recettes. Au plan intérieur, tandis
que la population du pays augmentait de 30%, dans le même temps, le nombre de nuitées de vacances et courts
séjours de résidents en France baissait de 100 millions, témoignant d’une vraie fracture sociale.
La formule « Le tourisme est une activité non délocalisable » vise l’offre et les patrimoines touristiques. Elle a été
détournée en faisant oublier que les touristes, eux, sont par nature délocalisables.
Moderniser et simplifier la gouvernance du tourisme Français :
• Clarification/simplification des compétences des collectivités territoriales et des organismes
territoriaux du tourisme serait articulée autour de la collectivité-pivot que constitue la
Région.
• Modernisation des outils de veille, d’observation et d’évaluation sont à reconstituer et à
moderniser dans le cadre de la «transition numérique», avec pour objectif la recherche
desynergies, d’opérationnalité et de coordination entre les acteurs.
2-Redynamiser le modèle économique du tourisme Français
2-1 Simplifier et alléger drastiquement les charges et réglementations
1. Pénalisé par un faisceau de contraintes réglementaires, sociales et fiscales toujours plus
complexe et sans équivalent chez nos concurrents, ce secteur naguère florissant attire de
moins en moins d’entrepreneurs et crée de moins en moins d’emplois, d’ailleurs de plus en
plus difficiles à pourvoir.
Notre offre apparait non compétitive, même par rapport à nos voisins allemands et
britanniques moins bien pourvus naturellement, mais qui ont su sauvegarder et mettre en
valeur leurs ressources -et d’abord leur hôtellerie traditionnelle- par des politiques adéquates.
S’y ajoute un para-commercialisme incontrôlé et non créateur d’emplois qui accélère la
disparition des entreprises indépendantes qui constituaient naguère l’essentiel de l’offre
professionnelle à échelle humaine qui maillait nos territoires et faisait vivre nos emplois. Notre
outil de production a ainsi perdu 1 300 campings et 2500 hôtels en une vingtaine d’années,
avec les dizaines de milliers d’emplois correspondants.
Enfin, les rachats successifs par des mains étrangères de nos fleurons (Nouvelles Frontières,
Club Méditerranée, Accor, Louvre Hôtels, palaces parisiens et azuréens....) préfigurent la
mainmise à venir de fonds étrangers sur une large partie du réceptif français, fragilisée par les
effets du COVID.
Il conviendrait évidemment de baisser et simplifier les impôts et les charges pesant sur l’emploi
dans cette industrie de main-d’oeuvre qu’est le tourisme avec ses deux millions d’actifs, pour
accroître rémunérations et attractivité tout en réduisant les dépenses improductives.
2-2 Rendre confiance aux entrepreneurs et aux salariés par des mesures
fortes
➢ Sécuriser l’investissement par un grand programme de développement sur cinq ans
incluant un dispositif de transformation des PGE en prêts à long terme à taux réduit pour la
réhabilitation et la transformation des équipements.
➢ Placer ce programme, élément clé du plan de reconquête, sous le signe d’un
développement durable associant écologie et économie à travers des mesures de croissance
vertueuse et équilibrée.
➢ Adosser ce programme aux nouveaux contrats de plan en y greffant avec les Régions
intéressées les outils nécessaires : ingénierie, observation et évaluation, formation.
➢ Réviser le régime de la taxe de séjour dans le respect des prérogatives des collectivités
territoriales :
➢ Supprimer la taxe forfaitaire, dont l’effet pervers est largement plus pénalisant que la
recherche initiale de simplification
➢ Réexaminer les niveaux de compétence pour l’instauration et la perception de la taxe
affectée ainsi que les possibilités d’option pour des majorations encadrées au profit des autres
niveaux décentralisés.
➢ Redéfinir le champ des affectations du produit de la taxe affectée et en assurer la
transparence, le fléchage et l’évaluation publiques.
➢ Renforcer l’encadrement et le contrôle des grands opérateurs étrangers en ligne
organisés pour échapper à l’impôt sur notre sol (Air BNB, Booking, etc...) ou ne pas respecter
les réglementations nationales sous prétexte de l’émergence de pratiques disruptives.
➢ Privilégier les équipements, activités et aménagements pluri-usages et pluri-saisonniers
et les complémentarités de développement dans l’espace et dans le temps (saisonnalités,
calendrier scolaire, types de clientèles (affaires, loisirs, etc)
2-3. Revaloriser les métiers et leur attractivité par un ensemble de
mesures coordonnées et contractualisées.
Les jeunes, en premier lieu, se détournent des métiers du tourisme, souvent au profit d’autres
filières, mais parfois d’un repli sur les aides sociales ou les ressources du chômage.
➢ Rendre plus attractifs les emplois, les carrières et redonner son sens à « l’ascenseur
social » du tourisme, tant par l’alternance et l’apprentissage qu’en favorisant la durabilité
des emplois saisonniers.
➢ Réaliser un « benchmark » des emplois dans les différentes branches économiques
concernant les rémunérations, les conditions de travail, les perspectives d’évolution et
l’attractivité des métiers, en lien avec la mission IGAS concernant les métiers en tension.
➢ Engager avec l’Etat, les Régions, les OPCO et les organisations professionnelles
concernées, en accompagnement du développement de la plate-forme numérique
monemploitourisme.com, un vaste programme de communication multi-médias sur les
métiers et les possibilités d’évolution, reprise et transmission dans la filière du tourisme.
➢ Développer une plate-forme numérique partenariale pour l’emploi : y intégrer
l’apprentissage, l’alternance et les emplois saisonniers, y associer l’offre de formations et
la formation des formateurs et l’offre de logements adaptés aux travailleurs du
tourisme, notamment dans les zones saisonnières (Partenariat entre les organisations
professionnelles constitutives de la plate-forme avec l’IFT, la DGEFP et les OPCO, Action
logement, collectivités et organismes sociaux).
➢ Revoir le statut des résidences de tourisme et élargir simultanément le droit de
préférence de l’exploitant.
➢ Inciter les communes et intercommunalités à créer des réserves foncières dédiées à
l’activité touristique professionnelle.
➢ Supprimer les taxes archaïques telles que la redevance TV payée par tous les
hébergeurs professionnels mais non par les loueurs diffus ou paracommerciaux.
➢ Réserver les aides publiques aux activités, investissements et projets directement
créateurs d’emplois en France.
Les segments tourisme d’affaires et évènementiel méritent une relance prioritaire au vu
de la catastrophe qu’affronte toute la chaîne de valeur de ce secteur qui représente 30%
du chiffre d’affaires du tourisme français (depuis les organisateurs de manifestations et
spectacles jusqu’aux traiteurs, palais de congrès et centres d’exposition, transports, ainsi
que la restauration et l’hôtellerie d’affaires).
1. Associer et non plus opposer écologie et économie car les politiques de développement
durable du tourisme ne sont plus guère un élément de différenciation marketing. Rappelons
que le mouvement mondial en faveur du développement durable du tourisme a été engagé il
y a 15 ans dans le cadre des Nations-Unies et du PNUE (Programme des Nations-Unies pour
l’environnement) à l’initiative de la France, pionnière en la matière.
Il convient donc, à présent, d’innover dans un nouvel équilibre protection/développement
se gardant des tentations idéologiques et polémique, en écartant les notions floues telles que
le « surtourisme » ou le « tourisme de masse », concepts qui exacerbent les ségrégations et
les fractures sociales. Le tourisme et les loisirs ont au contraire vocation à favoriser le partage,
la convivialité et l’accès le plus large à la culture, à la nature et aux patrimoines.
Quelques exemples :
➢ En matière de biodiversité, les acteurs du tourisme sont prêts à s’engager avec
l’ensemble des entreprises de la filière, afin d’en réduire les impacts directs et indirects et faire
du tourisme un levier de sensibilisation à l’environnement pour les Français et nos visiteurs.
➢ Réciproquement, faire de la biodiversité un facteur d’attractivité touristique et y
apporter des moyens financiers à travers le plan de relance pour construire et mettre en
oeuvre un plan d’action, avec le concours de chargés de mission formés par l’OBF et la diffusion
de bonnes pratiques et de gestes simples, projet s’inscrivant dans la stratégie nationale pour
la biodiversité.
➢ En matière de consommation énergétique, la poursuite d’une flambée des prix de
l’électricité due aux subventions publiques versées pour les éoliennes et aux freins opposés à
l’entretien durable du parc nucléaire en France justifie le programme d’isolation thermique
des équipements et des logements touristiques, notamment dans le cadre des réhabilitations,
particulièrement indispensables en montagne.
➢ En matière de valorisation des patrimoines naturels et culturels, le développement des
circuits thématiques et celui des offres forfaitisées respectant les fragilités de ces patrimoines,
contribuant à leur restauration et en assurant la pédagogie d’accès sont à inscrire dans le plan
de reconquête et son financement.
➢ En matière de lutte contre les pollutions et pour la décarbonation, inscrire les actions
d’économie circulaire dans le contexte des initiatives mondiales.
➢ Maintenir la dotation FNE et développer les aides de l’Etat pour l’acquisition d’autocars
électriques et au gaz.
➢ Aider à l’installation de stations d’avitaillement au gaz, à l’hydrogène et de bornes
électriques sur les itinéraires et les lieux de circulation des autocars , les stations
d’autoroutes, les haltes et ports fluviaux et les ports maritimes (croisière et plaisance), les
aéroports et les plates-formes de location, les zones hôtelières et l’hôtellerie de plein air, les
centres commerciaux, les grands offices de tourisme, les anciens postes frontières, etc.
➢ Subordonner à la mise au point de solutions alternatives crédibles socialement,
techniquement et économiquement l’entrée en vigueur des ZFE, qui représentent un risque
majeur pour la mobilité touristique en France. Celle des Français repose à 80% sur les
véhicules individuels non électriques. De plus, les ZFE risquent de détourner des millions de
touristes étrangers (notamment les clientèles européennes) de notre pays.
➢ Relancer les dessertes ferroviaires à grande distance (trains de nuit reliant les régions
urbaines septentrionales aux stations de tourisme de montagne et du littoral) et les petits
trains de découverte touristique, dans le cadre d’un vaste plan de mobilités multimodales
durables.
➢ Suspendre les projets de nouvelles zones industrielles d’éoliennes dans les espaces
touristiques dont elles dégradent les paysages et la biodiversité (faune et flore), notamment
dans les zones côtières les plus vulnérables dont elles réduisent l’attractivité.
➢ Moderniser nos objectifs, méthodes et outils de promotion internationale du tourisme.
➢ Pour faciliter le parcours client des étrangers hors UE, étendre les systèmes de détaxe
numérique, en premier lieu les dispositifs mis au point et développés par des start-up
françaises (ex Skiptax).
➢ Développer un programme sur 3 ans (2022 à 2024) montrant que la France sait accueillir
l’Europe et le monde : accueil, formation des bénévoles et des professionnels, apprentissage
des langues, en vue des grands évènements internationaux (Coupe du monde de rugby, JO).
➢ Observation : développer selon les concepts et méthodes conçus en France et approuvés
par les instances internationales des comptes du tourisme comparables en Europe, pour
piloter et évaluer les résultats économiques et sociaux des différentes politiques du
tourisme en Europe (par exemple outils d’évaluation des coûts et avantages du plan de relance
dans chaque pays bénéficiaire.
Le 01/03/2022. Fin
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