Objet : Observations sur la situation des Industries touristiques dans les Antilles françaises et propositions de réformes.

Monsieur le Ministre,


Nous vous adressons notre contribution et nos remerciements déjà exprimés lors de la réunion du

16/08/2021, programmée tardivement le 13/08/2021, ce qui rendait difficile un travail collectif en

profondeur dans un délai aussi court.

Nous avons pris note de l’engagement de M.Mathieu LEFEBVRE de votre ministère de répondre

précisément par écrit à des questions écrites. Les points de questionnement appelant réponse sont en

rouge.

Vous voudrez donc bien trouver ci-après nos observations, questions et propositions.


SOMMAIRE

Préambule

1. Le conjoncturel de la crise :

- Période de crise sanitaire, jusqu’à aujourd’hui :

a) PGE,

b) Dettes Fiscales et Sociales

c) Fonds de Solidarité,

d) Coûts fixes

e) Activité à temps partiel,

f) Aide de soutien au redémarrage

- Période suivante qui démarre aujourd’hui, et qui devrait être caractérisée par une adaptation des

mesures en place.

g) Responsabilité entrepreneuriale

h) Compensation partielle des pertes d’exploitation

i) Aménagement du Fonds de Solidarité

j) Appel à un échange sur des évolutions de mesures économiques actuelles

k) Problématique Salariés

2. Le structurel des industries touristiques dans les Antilles françaises

l) Préambule

m) Meublés de Tourisme

n) Les choix possibles :

1ère alternative

2ème alternative

3ème alternative

o) PGEIR

p) Indemnisations salariales

q) Plan de Relance :

r) Commission des Affaires Européennes

s) Discussions Parlementaires

t) Industries touristiques : comment construire une stratégie efficace pour les Outre-mer

français ?

1. Idées fausses

2. Stratégie proposée

3. Propositions concrètes

4. Bref Résumé

5. Taxes de Séjour

u) Réforme Législative attendue

v) Que pourrait-on raisonnablement envisager ?

w) Pour conclure

Le texte de l’UMIH Guadeloupe est en cours d’analyse par nos collègues. Il a reçu l’accord de

o La F.APHT,

o Du GHTG,

o Du Club de Tourisme de Saint Martin,

o De Ziléa.

Il est dans l’attente du retour de :

o L’UMIH 972,

o L’ USOTG,

o SHRCDG.


Nous avons choisi de privilégier la nécessité d’une communication rapide, comme souhaité par le ministère des

Outre-mer.

Cependant, une future note de synthèse collective sera diffusée au besoin, exprimant les points d’accords entre

toutes nos organisations et les points de divergences à soumettre au débat politique.

Préambule :

Depuis le 17 mars 2020, le monde économique, et les industries touristiques, ont été soumis à de

lourdes contraintes, particulièrement dans les Outre-mer auxquelles on n’accède ni en voiture, ni en

train, ce qui limite très fortement des activités économiques de proximité dans les industries

touristiques.

Si on ajoute l’impact fort de la saisonnalité sur le chiffre d’affaires et le décalage que cela entraîne

avec des mesures de soutien économique pensées et construites sur une situation hexagonale, le poids

économique et social de secteur touristique et des transports dans les économies locales outre-mer

(supérieur à 10 % du PIB), les aléas climatiques, les sargasses et autres nuisances (eau, chlordécone,

…), le maintien depuis le début de la pandémie de restrictions administratives de déplacement,

l’urgence sanitaire, cela illustre le poids particulier de nos contraintes influant nécessairement, de

manière négative et dans la durée, sur l’activité de nos secteurs, au regard de celles prévalant en

montagne et dans l’hexagone.

Ajoutons que les surcoûts sont aggravés dans la période actuelle compte-tenu de la hausse massive du

coût du fret et de la hausse exponentielle du coût des matières premières.

Les handicaps structurels permanents des territoires ultra-marins sont bien connus : insularité,

étroitesse de marché, surcoûts de stockage…

La diminution du nombre de compagnies aériennes desservant notre territoire (de 6 à 3), la diminution

de près de 60 % du trafic aérien entre le premier semestre 2020 et le premier semestre 2021, est en

cohérence avec les pertes de chiffre d’affaires pour les secteurs des industries touristiques les plus

impactés (hôtellerie, restauration, agences de voyage, loueurs de voitures …).

Les spécificités structurelles et les contraintes administratives impactent beaucoup plus durement les

outre-mer que les acteurs des zones de montagne. Nous ne pouvons que nous féliciter pour nos

collègues de la montagne, de la prise en compte dès janvier 2021, des spécificités « montagne ».

Cependant nous regrettons qu’en août 2021, les spécificités des outre-mer n’aient pas encore été prises

en compte concrètement. Nous déplorons le décalage en termes d’intensité des mesures

compensatoires dites « d’aide » et la non cohérence des dispositifs au vu de la situation actuelle.

Question : Est-ce à dire que les économies des Outre-mer seraient trop éloignées d’une gouvernance

hexagonale pour que leurs difficultés soient suffisamment visibles depuis Paris ?

Dans cet environnement houleux, qui devient dramatique, des mesures économiques compensatoires

ont été mises en place par le gouvernement, avec des adaptations successives.

Le 11 août 2021, le Président de la République a évoqué une situation « dramatique dans les outremer

». Elle l’est effectivement sur le plan sanitaire, mais elle l’est aussi, malheureusement par voie de

conséquence, sur le plan économique, et nous craignons qu’elle ne le devienne au plan social.

Vous savez que les économies des Outre-mer sont tirées par les industries touristiques. De très

nombreuses activités en dépendent.

Il apparaît aujourd’hui, que la durée de la crise avait été envisagée beaucoup plus courte, pour preuve,

le montant du PGE qui a s’élevait à un montant égal au quart du chiffre d’affaires annuel, soit

l’équivalent d’une crise de 3 mois.

La crise sanitaire et ses conséquences ne sont pas limitées à trois mois. Nous en sommes à 17

aujourd’hui, et nous sommes loin d’avoir tourné la page.


Nous avons noté qu’il était difficile pour le Gouvernement de s’engager avec certitude dans la durée,

mais nous avons entendu avec satisfaction l’engagement de M. LEFEBVRE de maintenir les

mesures économiques de compensation à la crise, le temps qu’il faudra au vu de la crise sanitaire.

Face à cette situation, il semble indispensable de reconsidérer les mesures envisagées pour un temps

court afin de les adapter à la réalité.

Nous souhaitons donc traiter de deux sujets majeurs :

1. Le conjoncturel de la crise, avec deux strates :

- La période de crise sanitaire, jusqu’à aujourd’hui,

- La période suivante qui démarre aujourd’hui, et qui devrait être caractérisée par une

adaptation des mesures en place.

2. Le structurel des industries touristiques dans les Antilles françaises.

1. Le conjoncturel de la crise, avec la première strate :

- La période de crise sanitaire, jusqu’à aujourd’hui.

Cette période a vu la mise en place de mesures de soutien à l’économie parmi lesquelles pour

l’essentiel :

a) PGE,

b) Dettes Fiscales et Sociales

c) Fonds de Solidarité,

d) Coûts fixes

e) Activité à temps partiel,

f) Aide de soutien au redémarrage

Nos observations concernant les industries touristiques en Guadeloupe :

Toutes les entreprises, qui le souhaitaient, n’ont pas eu accès au PGE.

Certaines ont rencontré des difficultés d’obtention.

Les PGE obtenus ont entraîné pour celles qui l’ont obtenu, une augmentation de l’endettement, et une

dégradation des bilans des entreprises, fragilisant certaines dont la survie est rendue problématique.

Des arrêts d’activité conduiront à une augmentation du nombre de chômeurs dont le taux est déjà

anormalement élevé.

C’est pourquoi nous demandons qu’il soit envisagé :

a) PGE :

- Un allongement du différé de remboursement d’au moins deux ans (durée de la crise à

l’instant),

- Un prolongement dans le temps de la durée du prêt et des annuités de remboursement d’au

moins deux ans,

- Une prise en charge par l’État des intérêts du prêt, pour les exercices 2020 et 2021.

- Au cas, fort improbable, où il viendrait à être envisagé des abandons partiels de créances

publiques, soit sur la partie garantie d’un PGE, soit sur des créances fiscales et sociales, nous

demandons, pour ne pas créer de distorsion de concurrence déloyale, que les entreprises qui

n’ont pas de dettes fiscales et sociales, ou qui n’ont pas sollicité de PGE, reçoivent une

subvention de compensation, afin de rétablir l’égalité de traitement.

b) Dettes Fiscales et Sociales :

-

- La mise en place d’un prêt spécifique destiné à payer les dettes fiscales et sociales avec un

échéancier adapté visant à terme à leur règlement,

- La suspension des moratoires des dettes sociales et fiscales pour une durée de 4 mois, afin

de permettre aux entreprises concernées de pouvoir prétendre au fonds de solidarité ;

- La prise en compte de la date du 31/12/2019 pour l’appréciation de la situation de régularité

fiscale et sociale des entreprises ;

- De prévoir un alignement des EPCI sur cette date de référence pour tout dispositif d’aide mis

en place à leur initiative ;

- La prolongation, le temps qu’il faudra au vu de la crise sanitaire, de l’aide au paiement de

cotisations et contributions sociales concernant les employeurs de moins de 250 salariés

dont l’activité principale relève des secteurs des industries touristiques, du sport de la culture

du transport aérien et de l’événementiel dont l’activité principale dépend de celle de l’un des

secteurs précédent (secteur S1 et S1bis).

c) Fonds de Solidarité :

La prolongation du fonds de solidarité, a minima jusqu’au 31 décembre 2021 pour

l’ensemble des secteurs d’activités, et plus globalement, comme l’a énoncé M. LEFEBVRE,

le temps qu’il faudra au vu de la crise sanitaire, selon les critères qui prévalaient au mois de

mai 2021, avec une prise en compte de l’année 2019 ou 2018 comme période de référence pour

apprécier le chiffre d’affaires, et une rétroactivité au 1er juin 2021.

- La possibilité d’accéder au fonds de solidarité et à toute aide de l’État et des Collectivités, sous

réserve d’un engagement sur l’honneur de signer un moratoire social et/ou fiscal ;

- Le maintien d’un fonds de solidarité renforcé pour les entreprises ayant une perte de chiffre

d’affaires de + de 20%, au-delà de la période de fermeture administrative et le temps qu’il

faudra au vu de la crise sanitaire ;

- Pour apprécier la perte de CA, nous demandons que soit laissé aux entreprises le choix de la

période de référence 2019 ou 2018, la période 2019 ayant en Guadeloupe été affectée par des

travaux routiers de certaines zones entrainant des baisses de CA supérieures à 15 %,

- Pour les entreprises des secteurs S1 et S1 bis, le taux de 40% de perte de CA est trop élevé pour

un grand nombre d’établissements. Il y a lieu de revoir la jauge et de prévoir un taux plus

réaliste.

- Pour le secteur de l’hôtellerie, nous demandons l’exclusion des recettes du room service de

l’assiette du chiffre d’affaires servant de référence au calcul du fonds de Solidarité car la

prestation room service est coûteuse en frais fixes et amortie sur un faible nombre de clients,

d) Coûts fixes :

- Nous nous félicitons que les spécificités de la montagne, aient été prises en compte dès janvier

2021 et aient donné lieu à un plan montagne.

- En parallèle, nous ne pouvons que regretter que les spécificités des industries touristiques des

Outre-mer n’aient pas encore été prises en compte en août 2021.

- Nous regrettons l’absence de prise en compte jusqu’à aujourd’hui de la demande légitime de

suppression de la condition de seuil de chiffre d’affaires pour le bénéfice du dispositif des

coûts fixes en particulier pour les secteurs les plus impactés. Dans l’attente d’un réexamen

nécessaire à notre réalité territoriale pour cette mesure, une prise en charge de 50 % des coûts

fixes pourrait être mise en place, pour la période courant du 17 mars 2020, jusqu’à la date de

mise en place d’un plan Outre-mer sur un modèle inspiré du modèle du plan montagne, sur

présentation d’une attestation d’un cabinet d’expertise comptable ou d’un commissaire aux

comptes.

e) Activité à temps partiel :

Celle-ci doit favoriser la reprise de l’activité économique. Lorsqu’une entreprise est fermée,

elle perd incontestablement 100 % de son chiffre d’affaires. Lier le bénéfice de l’activité

partielle à un pourcentage de perte du CA est incohérent, car cette mesure n’incline pas à la

reprise d’activité. Au contraire, elle invite à fermer pour être sûr d’avoir droit à la mesure de

prise en charge de l’activité partielle.

- Nous demandons le maintien des dispositifs de soutien à l’activité partielle selon les

conditions qui prévalait avant la parution du décret numéro 2021–6 74 du 28 mai 2021 avec un

reste à charge zéro pour l’employeur, et le temps qu’il faudra au vu de la crise sanitaire.

- Nous demandons également que l’activité partielle ne favorise pas le non-travail, et qu’elle

soutienne l’entrepreneur vertueux qui malgré les difficultés reste ouvert pour soutenir le

redémarrage de l’activité économique. Elle devrait être en reste à charge Zéro pour l’exercice

2021 dans les Outre-mer et être prolongée au besoin le temps qu’il faudra au vu de la crise

sanitaire ;

- Dans le même esprit, il devrait être envisagée une prime-employeur en faveur des emplois

non en activité partielle : cette mesure permettra d’inciter plus rapidement à la reprise

d’activité et sera moins coûteuse pour l’État que l’activité partielle : il faut soutenir en priorité

la reprise d’activité.

Afin de permettre aux professionnels de l’industrie touristique de sécuriser les embauches de

saisonniers, il conviendrait de leur octroyer l’activité partielle jusqu’au redémarrage effectif de la

saison touristique.

f) Aide de soutien au redémarrage :

- Prorogation de l’aide exceptionnelle accordée aux employeurs qui recrutent en

apprentissage de manière à soutenir les inscriptions en CFA et les parcours d’apprentissage

en entreprise (jusqu’alors, aide de 5 000 € ou de 8 000 € pour la 1ere année de chaque contrat

d’apprentissage conclu entre le 1er janvier 2020 et 31 décembre 2021)

- Accompagnement des entreprises créées depuis 2019 et non éligibles aux principaux

dispositifs d’aide : mise en place d’aides similaires au fonds de solidarité, sans référence au

chiffre d’affaires ;

- Examiner les rattachements possibles au secteur des industries touristiques des entreprises

situées en amont et en aval de la chaîne de valeurs de ce secteur d’activité, et qui sont

systématiquement impactées par les « crises » des industries touristiques ;

- Permettre aux CFA des secteurs impactés par les fermetures obligatoires, de pouvoir

accueillir des apprentis à temps complet dans leurs locaux, en attendant la reprise d’activité

normale des entreprises.

- Le coût pour le maitre d’apprentissage devra être nul. Les CFA devront être accompagnés

financièrement pour les nombreux coûts supplémentaires humains et matériel pour dispenser

ces cours supplémentaires.

- Mise en place d’un calendrier de travail associant les organisations professionnelles aux

réflexions, dans un échange productif et constructif, AVANT publication de mesures appelées

à être ajustées, voire réajustées, faute du débat préalable indispensable qui aurait dû prévaloir.

Nous avons abordé précédemment la période de crise sanitaire, jusqu’à aujourd’hui. Et nous avons en

conséquence émis des observations et fait des propositions.

Période suivante qui démarre aujourd’hui, et qui devrait être caractérisé par une adaptation

des mesures en place.

Reste maintenant à ouvrir une fenêtre sur la période qui démarre aujourd’hui, période qui devrait être

caractérisée par une nouvelle adaptation des mesures en place qui prenne en compte des dispositifs

simplifiés intégrant les particularités de nos Outre-mer.

Le tricotage complexe qui a été mis en place, avec des PGE, des fonds de solidarité, du chômage

partiel, des abattement de charges, des reports en arrière de déficit (carry-back), des mesures

particulières en faveur des bailleurs consentant des abattements de loyer , la reconduction de la prime

dite « Macron » alors que les entreprises sont sous perfusion, tout cela relevait probablement de la

bonne intention, mais ne nous semble pas adapté au traitement sain des réalités économiques des

entreprises. D’ailleurs un certain nombre d'adaptations, par tâtonnements, aux mesures de soutien

économique montre des incohérences pour ne pas les qualifier de bricolage.

Rappelons simplement à titre d'exemple, que le PGE, d’un montant à l'origine du quart du chiffre

d'affaires annuel, au motif sous-entendu, que la crise n'allait durer que trois mois, se montre aujourd’hui

inadapté à la situation : nous en sommes à plus de 17 mois et nous prévoyons que la durée possible de

la crise sanitaire, est loin d’être close : nous verrons si nous nous trompons. Aujourd'hui, ce PGE, du

quart du chiffre d'affaires annuel, a été consommé, et le problème de trésorerie de maintes entreprises

est toujours prégnant.

g) Responsabilité entrepreneuriale

Les mesures mises en place sont en quelque sorte des bâtons pour se faire battre. Nous ne sommes pas

« gouvernant », mais selon nous, il fallait laisser aux entrepreneurs l'entière responsabilité de leurs

entreprises, vis-à-vis de leurs personnels et de leurs charges. Le gouvernement aurait évité ainsi les

continuelles demandes de suspension de charges comme la contribution à l'audiovisuel public (CAP),

la taxe de séjour, les taxes foncières bâti et non bâti (TFB & TFNB), les prolongations dans le temps

des mesures, etc...

En contrepartie de la crise sanitaire et des mesures administratives qui, dans les outre-mer, ont vidé

nos établissements de leurs clients, du jour au lendemain, le 17 mars 2020, il fallait réitérer, ce qu'un

gouvernement précédent avait mis en place pour l'île de la Réunion, en 2005/2006 lors de la crise du

Chikungunya. À cette époque, il avait été mis en place une compensation mensuelle des pertes

d'exploitation de toutes les entreprises touristiques à hauteur de 80 %, et cela a fonctionné sans

difficulté.

Nous concédons que la crise sanitaire d'aujourd'hui touche tout l'archipel France qui est bien plus

étendu que le seul territoire de l'île de la Réunion. Économiquement, sans avoir connaissance des

comptes de la nation, il est possible qu'il n'aurait pas été possible de faire une compensation des pertes

d'exploitation à hauteur de 80 %.

h) Compensation partielle des pertes d’exploitation

Cependant il aurait probablement été possible de faire une compensation à hauteur d’un compte

d’exploitation nul, c'est-à-dire que 2020 aurait été une année blanche, avec bénéfice zéro. La vérité

économique de l’entrepreneur, c’est le Bilan et le compte de résultat qui ont été ignorés dans le

traitement économique de cette crise, ce qui conduit certains à se féliciter de la manne gouvernementale

pendant que d’autres s’en plaignent avec quelques raisons et que d’autres souffrent considérablement.

Cela n'a pas été fait, dont acte. Il est sans intérêt de revenir sur le passé sauf, à réfléchir aux erreurs

commises pour ne pas les répéter, d’une part, et d’autre part réfléchir à la dégressivité inéluctable des

mesures financières en place qui ne peuvent être éternelles … Il faut bien réfléchir si l’on veut

maintenir en vie dans les Outre-mer, les industries touristiques, leurs entreprises multi sectorielles, les

emplois qu’elles portent, et toute la filière économique dépendante des activités touristiques. Nous

avons demandé le 05/08/2021 à M. Le Préfet de Guadeloupe de faire remonter au Gouvernement notre

observation visant à une compensation des pertes d’exploitation.

La situation actuelle est dangereuse car elle est discriminatoire entre la montagne et les Outre-mer,

entre la Corse et les Outre-mer, entre les petites et les grandes entreprises, et à titre d'exemple citons

très simplement le cas de ceux qui ont plusieurs entreprises touristiques, qui les ferment toutes, sauf

une, ce qui leur permet de reporter tous leurs clients sur un seul établissement, et de bénéficier

pleinement du fonds de solidarité car tous les établissements fermés, perdent obligatoirement plus de

50 % ou 60 % (à compter du 01/07/2021) de leur chiffre d'affaires. Cette mesure initiale des 50 % ne

favorise pas ceux qui veulent faire travailler l'économie du pays, mais au contraire ceux qui excellent

dans une certaine pêche aux « aides » (mesures compensatoires).

De même, le seuil de CA exigé pour la compensation des coûts fixes est discriminatoire et vise

inégalitairement le nombre minoritaire d’entreprises ayant un CA important (> à 1 Million d’€) alors

que le tissu économique en Outre-mer en comporte très peu.

i) Aménagement du Fonds de Solidarité

Il pourrait être novateur, de faire fonctionner l’accès au fonds de solidarité au pourcentage de la

perte du CA : ainsi le restaurateur qui ferait l’effort de rester ouvert et qui ferait 51 % du CA du mois

de référence pourrait percevoir 49 % du montant du fonds de solidarité. L'idée c'est qu'il faut à tout

prix encourager la reprise d'activité et cesser de soutenir la culture de la subvention. Montrer que l'on

travaille c'est démontrer qu'on peut travailler et qu'il n'y aura pas de prime accordée aux opportunistes

qui gagnent plus à rester fermé qu’à travailler. Il est probable que, lorsqu’il y a fraude supposée, la

véritable fraude, et majeure, réside dans ce phénomène.

L'entrepreneur courageux, qui essaye de travailler coûte que coûte, et qui fait mensuellement 51 % du

chiffre d'affaires du mois de référence, n'a droit à rien, et au risque de me répéter, cette mesure ne

favorise pas l'activité, mais plutôt l'attente passive des compensations financières, toujours

insuffisantes selon les demandeurs : les réclamations sont difficiles à traiter au niveau de l'État, et

encombrent inutilement la gestion du pays.

Les Professionnels des Industries touristiques sont très vigilants sur les mesures visant à la protection

de la santé de leurs clients et de leurs personnels. Pour autant, ils s’interrogent avec raison si l’équilibre

entre économie et santé a bien été soupesé avec raison : En Suisse, tout est ouvert. En Savoie, ce n’est

pas le cas, et la Suisse ne vit pas de situation plus aggravée que la Savoie. Protéger des Vies, c’est

louable. Tuer l’économie l’est beaucoup moins.

j) Appel à un échange sur des évolutions de mesures économiques actuelles

Ne serait-il pas souhaitable d’envisager, un échange ouvert sur le sujet des mesures économiques à

prendre, de façon urgente, et à appliquer à l’ensemble des territoires ultramarins, pour préserver la

situation sociale et économique qui nous semble menaçante, et dont nous ne souhaitons pas vivre, dans

le domaine des industries touristiques, ce que nous avons vécu récemment en Guadeloupe dans le

secteur du bâtiment et des travaux publics ?

k) Problématique Salariés

Nous nous inquiétons également de savoir si nous devrons demain licencier des salariés compétents

de nos établissements recevant du public (ERP), sur injonction réglementaire, alors que nous

manquons de personnels formés ?

Que se passera-t-il, à partir du 1er septembre 2021, quand des entrepreneurs vont dire à leurs salariés

qu’ils n’ont plus accès à leur entreprise, faute d’être en possession d’un passeport sanitaire, et que leur

contrat de travail est suspendu, sans rémunération ?

Et s’il fallait injustement licencier des salariés demain, qui paierait les indemnités de licenciement ?

L’ÉTAT ?

Nous souhaitons que les industries touristiques puissent renaître, sans méfiance ni défiance, ouvertes

sur les autres, dans un environnement qui cherche actuellement, et nous le déplorons, à stigmatiser

certains, et qui, loin d’être un creuset d’union dans ce que devrait être une NATION, est au contraire

une pierre d’achoppement entre individus et structures ?

Nos réflexions ne sont pas neutres, dans la mesure où dans nos métiers de services, il y a au plan

national 150.000 postes à pourvoir, faute de trouver des compétences, et les motivations nécessaires.

Devrions-nous bientôt, face au manque de compétences dans les emplois de services, se priver des

compétences de ceux qui sont actuellement en poste, au motif qu’il faudrait les licencier sur injonction

administrative ?

La question sanitaire est certes importante, mais peut-elle focaliser toute la pensée de la Gouvernance

au point d’occulter les réalités et les nécessités économiques et sociales ?

Nous exprimons notre profond mécontentement d’un arrêt de nos activités économiques qui sera lourd

de conséquences, non seulement au plan économique, mais très probablement sur plusieurs autres

plans à terme…

Et personne ne pourra prétendre que des représentations professionnelles n’avaient pas tiré la sonnette

d’alarme !

2. Le structurel des industries touristiques dans les Antilles françaises.

l) Préambule :

La Guadeloupe a trois piliers économiques porteurs principaux :

- Le BTP (Bâtiment et Travaux publics)

- Les industries touristiques (multisectoriel)

- La dépense publique

Ce dernier est important (excessivement ?) par rapport aux deux premiers.

Vouloir renforcer les piliers BTP et les industries touristiques implique une réelle volonté politique

d’adaptation aux changements nécessaires. Le conservatisme en la matière est assurément la promesse

et le ferment de troubles sérieux qui ne manqueront pas d’intervenir sans attendre bien longtemps.

Vouloir aborder aujourd’hui le problème des industries touristiques au plan général, comme au plan

particulier des Outre-mer, est un défi d’une grande ampleur.

Car il s’agit d’embrasser, dans un ensemble, le structurel et le conjoncturel sans pourtant s’y perdre.

Le conjoncturel est conditionné presque exclusivement par la crise sanitaire du COVID-19, et nous

avons passé en revue précédemment des mesures économiques à adapter face à la crise sanitaire.

Lorsque la crise sanitaire actuelle aura perdue de sa virulence, aurons-nous pour autant mis les Outremer

Français sur les rails d’une évolution positive ?

Depuis 20 ans on a assisté à une forte progression des économies touristiques dans le monde entier.

Dans la caraïbe de nombreuses grandes enseignes ont ouvert des établissements neufs.

Cependant, dans les Antilles françaises, dans le même temps, le nombre de chambres hôtelières a

baissé de moitié, entraînant la perte de la moitié des emplois salariés. Aucune grande enseigne hôtelière

n’est venue s’installer dans les Antilles françaises. Il serait bon de s’interroger sur le pourquoi ?

Pouvons-nous nous contenter de cette situation sans rien dire, ni rien faire ?

Nos réflexions ne sont pas neutres, dans la mesure où dans nos métiers de services, il y a au plan

national 150.000 postes à pourvoir, faute de trouver des compétences, et les motivations nécessaires.

Devrons-nous en plus bientôt, face au manque de compétences dans les emplois de services, se priver

des compétences de ceux qui sont actuellement en poste, au motif qu’il faudrait les licencier sur

injonction administrative ?

Va-t-on demain licencier les policiers, les gendarmes, les militaires, les pompiers ? Fera-t-on des

discriminations entre ces catégories, et quelles en seraient les justifications ?

Pour revenir à nos métiers, les constats supra conduisent pour le moins, à deux constats :

- Malgré des dépenses de formation importantes au plan national, nous manquons de salariés

formés avec compétences dans nos emplois de services.

- Les métiers de services ne peuvent se satisfaire d’une durée de travail hebdomadaire de 35

heures, car compte-tenu du coût du travail, il faudrait à titre d’exemple, avoir deux

cuisiniers/jour dans un restaurant, ce qui conduit à des coûts de main d’oeuvre, donc par

extension à des prix de vente de repas, qui ne sont pas compatibles avec la demande des clients.

- Le coût du travail, et le temps de travail, s’ils ne sont pas reconsidérés, vont conduire, à bref

terme, à une modification profonde des services tels que nous les avons connus jusqu’ici : seuls

subsisteront les services de luxe et ceux de bas de gamme (restauration rapide et

hébergements bas de gamme). Le secteur des services intermédiaires disparaîtra avec les

emplois correspondants, et la caractéristique patrimoniale et culturelle française en sera

profondément affectée.

-

La question sanitaire est certes importante, mais elle ne peut focaliser toute la pensée de la

Gouvernance au point d’occulter les nécessités économiques et sociales ?

m) Meublés de Tourisme :

Cela fait des mois que l’UMIH Guadeloupe ne cesse de dire, que si les meublés de tourisme facilitent

une meilleure dispersion des visiteurs sur le territoire, ils constituent cependant un risque majeur pour

la survie des entreprises les plus porteuses d’emploi. Pourquoi ?

Parce qu’ils ne sont pas soumis aux mêmes règles fiscales, sociales, comptables, que les hébergements

professionnels. Ils ne collectent pas la TVA, ne payent ni CFE, ni CVAE. Ils n’ont pas les obligations

comptables, sociales et fiscales auxquelles sont soumis les hébergements professionnels hôteliers.

Alors qu’ils représentent quatre fois plus de lits que l’hôtellerie, ils ne collectent même pas 2 % du

montant global annuel de la taxe de séjour, et sont très peu porteurs d’emplois. Ils ont parfois de

nombreuses chambres détenant un téléviseur, et pourtant ils ne payent la contribution à l’audiovisuel

public (CAP) que pour un seul téléviseur, alors que les hébergements professionnels, même vidés de

leurs clients, s’acquittent de la redevance pour tous les téléviseurs détenus. Les meublés de tourisme

payent très peu de taxes foncières bâties et non bâties, car ils ne nécessitent pas un foncier important

comme les hôtels avec piscine, jardins et espaces de loisirs. Bref, les meublés de tourisme ne sont pas

porteurs d’emplois, et contribuent très peu aux recettes fiscales de la société, y compris au titre de

l’Impôt sur le revenu. Ils bénéficient donc de particularités avantageuses source de concurrence

déloyale autorisée par la réglementation en vigueur. Nous avons maintes fois posé la question

suivante :

o Le législateur préfère-t-il soutenir le revenu des ménages les plus aisés qui ont pu investir

dans des gîtes, et qui sont des électeurs, ou bien

o Le législateur préfère-t-il soutenir une économie transparente et l’emploi ?

Vous comprendrez que cette question est fondamentale pour le devenir des économies touristiques de

notre pays, et particulièrement dans les Outre-mer qui connaissent un fort taux de chômage.

La question principale, selon nous, ne consiste pas à chercher à taxer les intermédiaires commerciaux

(AirBnb, Last Minute, Booking, etc …) mais à rétablir les conditions d’une saine concurrence pour

que tous les hébergements, quels qu’ils soient, puissent se concurrencer sainement.

Les mesures que nous avons déjà qualifiées de « tricotage » avec PGE, chômage partiel, fonds de

solidarité et autres mesures, ont été mise en place dans une perspective de crise envisagée pour 3 mois.

Or aujourd’hui, nous avons dépassé les 17 mois.

Face à cette réalité, il apparait impératif d’adapter les mesures actuelles à la situation qui perdure.

n) Les choix possibles

À notre avis il n’y a que trois choix :

• 1ère alternative : Persévérer et ne rien changer tout en ayant bien conscience que toute restriction

des mesures économiques et sociales actuelles pourra avoir des conséquences regrettables,

• 2ème alternative : Revenir aux fondamentaux de l’économie : le bilan et le compte de résultat. En

conséquence substituer aux mesures actuelles, en particulier pour les Outre-mer, une

indemnisation des pertes d’exploitation à une hauteur permettant la survie des entreprises et de

leurs emplois,

• 3ème alternative : Permettre aux entreprises de suspendre les contrats de travail pour les salariés

qu’elles souhaitent, et que ces salariés au contrat suspendu soient pris en charge par les

ASSEDIC jusqu’à la remise en vigueur des contrats de travail suspendus lors du redémarrage

de l’activité.

Si la deuxième alternative n’est pas prise en compte, suppression de tous les impôts de

production (c’est-à-dire ceux qui sont payés même si l’entreprise perd de l’argent) pendant cette

période de crise et le temps qu’il faudra au vu de la crise sanitaire, et de tous les coûts fixes liés

à des abonnements (eau, électricité, téléphone) les consommations étant bien sûr payées.

En parallèle, préparer les conditions d’un redémarrage correct des exploitations des hébergements,

c’est-à-dire mettre en place des financements ad hoc pour rénover les établissements qui ont

souffert d’un défaut d’entretien ou de valorisation, pendant les mois de crise. Une remise à niveau

sera bien entendu nécessaire.

o) PGEIR

Il est probable que les entreprises ne pourront pas solliciter leur banque, car les banques refuseront

de prêter à des Entreprises déjà endettées. Ne serait-il pas possible d’envisager dans le cadre de la

loi de finances pour 2022 un nouveau dispositif de PGEIR (PGE des investissements rénovation)

réservé aux entreprises du secteur S1 et S1 bis des Outre-mer, disposant de salariés (y compris

avec contrat suspendu) et enregistrés au registre du commerce et des sociétés, visant à financer

exclusivement des travaux de rénovation sans aucune condition administrative du type de la

détention d’un classement administratif facultatif des établissements, mais avec la condition que

les établissements bénéficiaires puisse justifier de l’emploi d’au moins un salarié équivalent temps

plein (ETP) en CDI au moment de leur demande de prêt et que les établissements soient enregistrés

au registre du commerce et des sociétés ?

Observons que parallèlement à liquidation judiciaire de la société Hôtelière du Salako à Gosier

(270 chambres), on assiste actuellement, et le pouvoir ne peut l’ignorer, à la vente à la découpe,

d’un certain nombre d’établissements hôteliers, ce qui n’est que la conséquence d’un traitement

juridique, fiscal, social et réglementaire en la défaveur des établissements professionnels porteurs

d’emplois directs. Les effets négatifs de ce désengagement hôtelier seront inéluctablement des

pertes d’emplois, et une mise sur le marché de meublés touristiques supplémentaires qui viendront

encore aggraver la situation de concurrence déloyale.

p) Indemnisations salariales

Nous devons attirer également l’attention sur des inquiétudes grandissantes de salariés des

industries touristiques. Ces salariés craignent, non seulement d’être licenciés, mais redoutent

également que les conditions de leur indemnisation future (en conséquence de leur licenciement

potentiel), soient considérablement amoindries du fait de la baisse de leur rémunération durant la

période de la crise sanitaire. Notamment en raison de la diminution des temps de travail des

salariés, ou de la disparition des primes d’objectifs ou de rémunération d’intéressement. Ne seraitil

pas souhaitable que ces inquiétudes soit dissipées rapidement, et qu’un amendement

gouvernemental (dans le cadre d’une loi de finances en cours de préparation ou de discussion au

parlement) soit adopté en faveur des salariés des outre-mer liés aux industries touristiques afin

que les conditions de la prise en charge de leur indemnisation, par les ASSEDIC

exclusivement (les autres indemnisations payables par les entreprises déjà affaiblies par la crise

ne sauraient déroger au régime habituel) prennent en compte exceptionnellement, et

exclusivement, leurs rémunérations antérieures au mois de mars 2020 ?

q) Plan de Relance :

En dernier lieu, la part d’attribution aux Outre-mer des aides directes ou indirectes consenties par

les autorités européennes et françaises ne semble pas avoir été discutée ou identifiée, via une

communication large auprès des intéressés, dont les professionnels. Nous évoquons là,

notamment, le plan d’aide 30,5 milliards d’euros visant à favoriser la production d’électricité

d’origine renouvelable (solaire, éolien, géothermie, marémotrice ou houlomotrice). Une part

significative de ces fonds devrait être accordée aux Outre-mer.

Mais aussi sur le plan de relance de l’Union Européenne annoncé en juillet 2020 prévu à hauteur

de 750 milliards d’euros : quelle sera la part attribuée aux Outre-mer, et à la Guadeloupe en

particulier, pour financer des investissements structurants autour de la mobilité douce, notamment

le développement d’espaces piétons dans les coeurs de ville, et des pistes cyclables dans les zones

rurales ?

r) Commission des Affaires Européennes

En écho au RAPPORT D’INFORMATION déposé par la COMMISSION DES AFFAIRES

EUROPÉENNES sur l’avenir de la politique industrielle européenne, présenté par MM. Patrice

ANATO et Michel HERBILLON, Députés français membres de l’Assemblée nationale, sur la

nécessité d’une politique industrielle plus stratégique et plus volontariste (https://www.assembleenationale.

fr/dyn/15/rapports/due/l15b4025_rapport-information), il apparaît que nous rencontrons

un grave problème de gouvernance des industries touristiques dans les régions, sujet qui

nécessiterait une réflexion suivie d’une action majeure et rapide. Les structures diverses

intervenant dans la gouvernance des industries touristiques ne sont pas articulées, ont des

objectifs redondants, disposent de statuts excluant la possibilité réelle d’expression concrète et

efficace des professionnels, et ne disposent ni d’objectifs, ni de résultats publiés, quantifiés en

termes de chiffre d’affaires et d’emplois, ni d’organes de contrôle compétents. Il n’y a

pas, d’outils à la disposition de ces gouvernances, permettant une connaissance des activités

réelles comme des ressources.

Relativement au sujet des ressources associées à la mise oeuvre d’une politique des industries

touristiques, plus stratégique et plus volontariste, il serait souhaitable d’intégrer dans nos

réflexions le sujet de la « taxe carbone » qui risque d’affecter gravement les industries touristiques

des Outre-mer, dont le cordon ombilical avec la métropole est essentiellement aérien et maritime.

L’emploi des ressources dégagées par la future taxe carbone doit être anticipé avant toute adoption

de cette taxe : quelle est la part de la taxe carbone, définie par une disposition exclusive du code

du tourisme, qui devra être « restituée » aux industries touristiques des Outre-mer, après la

suppression de la taxe insuffisante, archaïque et inégalitaire, de non-domiciliation (dénommée

improprement taxe de séjour, tous les « domiciliés » étant évidemment en situation de séjour

permanent, sans contribuer à cette taxe).

s) Discussions Parlementaires

Ci-après, pour rappel, l’introduction relative aux dispositions mises à la discussion parlementaire lors du vote

du projet de loi de finances rectificative nº 4215 pour 2021.

Il apparaîtra évident à tous que, pour les Outre-mer, le caractère de la perspective de la sortie de crise évoquée

ainsi par le gouvernement est totalement obsolète pour les Outre-mer : "En deuxième lieu, le PLFR permet

d’ouvrir sur ces dispositifs, au-delà du décret d’avance, à hauteur de 3,6 Md€ sur le fonds de solidarité et 2,2

Md€ sur l’activité partielle, tout en organisant la sortie progressive des aides. » … "A compter de juin, il sera

recentré sur les entreprises des secteurs les plus affectés (S1 et S1bis), avec une diminution progressive de

l’aide apportée : celle-ci correspondra désormais pour les entreprises en activité, en juin, à 40 % de la perte

de chiffre d’affaires, plafonnée à 20 % du chiffre d’affaires de référence, ces paramètres passant

respectivement à 30 % et 15 % en juillet, puis 20 % et 10 % en août avant de s’éteindre en septembre."

Observation : Ce texte ne tient pas compte du fonctionnement en contre saison des Outre-mer alors que

l’hexagone sera lui en haute saison.

"Exposé général des motifs

Alors que s’affermit la perspective de sortie de la crise sanitaire, le présent projet de loi de finances rectificative

(PLFR) pour 2021 vise tout d’abord à assurer le financement des dispositifs d’urgence, fortement sollicités, audelà

de ce qui a été mis en oeuvre dans le cadre du décret d’avance du 19 mai 2021, jusqu’à leur extinction

programmée à la fin de l’été, par des ouvertures d’un montant total de 9,8 Md€ sur la mission « Plan d’urgence

face à la crise sanitaire » auxquelles s’ajoutent 4,2 Md€ sur la mission « Plan de relance » pour l’activité

partielle de longue durée.

Le présent texte accompagne également la mise en oeuvre du plan de relance engagé à l’été 2020, à travers la

mise en oeuvre de redéploiements de crédits entre programmes de la mission « Plan de relance » afin d’en

accélérer le déploiement à enveloppe totale inchangée.

Ce PLFR assure enfin, dans le cadre du budget « ordinaire » (hors urgence et relance) et par des mesures

ciblées, un soutien aux entreprises et aux collectivités pendant la période de transition vers la sortie de crise,

un accompagnement de la réouverture au public dans les secteurs du sport et de la culture, des mesures en

faveur de la jeunesse, ainsi qu’un soutien à certains publics particulièrement fragiles, pour un montant total

d’ouvertures de 1,5 Md€, gagés par des annulations de crédits à même hauteur.

I. Ce budget rectificatif assure le financement des dispositifs d’urgence dans le cadre de leur extinction

progressive à l’été 2021.

Le PLFR n°1 tire tout d’abord les conséquences de la troisième vague de la Covid-19 et du maintien de mesures

administratives de restriction d’activité tout au long du premier semestre 2021.

En premier lieu, il ratifie les modifications apportées à la LFI par le décret d’avance du 19 mai 2021, qui a

ouvert 6,7 Md€ et 0,5 Md€ respectivement sur les programmes « Fonds de solidarité pour les entreprises à la

suite de la crise sanitaire » et « Prise en charge du chômage partiel et financement des aides d'urgence aux

employeurs et aux actifs précaires à la suite de la crise sanitaire », gagées par des annulations à hauteur de 7,2

Md€ sur le programme « Renforcement exceptionnel des participations financières de l'État dans le cadre de la

crise sanitaire », au sein de la mission « Plan d’urgence face à la crise sanitaire ».

En deuxième lieu, le PLFR permet d’ouvrir sur ces dispositifs, au-delà du décret d’avance, à hauteur de 3,6

Md€ sur le fonds de solidarité et 2,2 Md€ sur l’activité partielle, tout en organisant la sortie progressive des

aides.

Le PLFR accompagne ainsi l’extinction progressive du fonds de solidarité avec le double objectif d’encourager

la reprise d’activité et de maintenir un soutien public pour les entreprises qui restent fortement affectées. En

mai, mois de réouverture encore sous contrainte, il demeure ouvert à toutes les entreprises aux mêmes

conditions qu’en avril.

A compter de juin, il sera recentré sur les entreprises des secteurs les plus affectés (S1 et S1bis), avec une

diminution progressive de l’aide apportée : celle-ci correspondra désormais en juin à 40 % de la perte de

chiffre d’affaires, plafonnée à 20 % du chiffre d’affaires de référence, ces paramètres passant respectivement

à 30 % et 15 % en juillet, puis 20 % et 10 % en août avant de s’éteindre en septembre.

Afin de soutenir la reprise, les entreprises pourront bénéficier du fonds dès qu’elles justifieront d’une perte de

10% de perte de chiffre d’affaires, au lieu de 50% de perte de CA les mois précédents.

Par ailleurs, le Gouvernement s’engage pour accompagner le secteur culturel dans le cadre de la réouverture

des lieux culturels. Les crédits sur le programme « Fonds de solidarité pour les entreprises à la suite de la crise

sanitaire » permettront ainsi également de financer 150 M€ de mesures au bénéfice du ministère de la culture,

notamment les pertes de ressources liées aux mesures de jauge qui sont mises en places : 80 M€ pour les aides

aux entreprises du secteur du cinéma, près de 40 M€ pour le spectacle vivant musical, 15 M€ pour les théâtres

privés, et 15 M€ pour le spectacle subventionné.

S’agissant de l’activité partielle, le PLFR permet d’assurer le financement de l’activité partielle, notamment

son régime d’urgence, dont les taux majorés, définis par décret, seront maintenus, dans certaines situations,

jusqu’à fin août.

Enfin, le PLFR met en oeuvre le principe de compensation à la sécurité sociale des moindres recettes liées aux

exonérations de cotisations, en ouvrant 4 Md€ sur le programme « Compensation à la sécurité sociale des

allègements de prélèvements pour les entreprises les plus touchées par la crise sanitaire ». Ces crédits doivent

permettre de couvrir les restes à payer au titre de 2020 et les paiements à venir pour 2021, notamment la

prolongation pour trois mois du dispositif d’aide au paiement des cotisations sociales pour les secteurs les plus

affectés, afin de soutenir l’emploi en phase de rebond.

II. Le PLFR complète également les mesures de soutien aux entreprises et aux collectivités territoriales dans le

contexte de sortie de crise.

1. Le renforcement des dispositifs de soutien en prêts et fonds propres pour les entreprises fragilisées par la

crise.

Le PLFR prévoit une ouverture de 2 Md€ sur un nouveau programme du budget général qui permettra

d’alimenter le compte d’affectation spéciale « Participations Financières de l’État » (CAS PFE), et d’assurer

le financement de dépenses imprévues au cours de l’exercice 2021, pour mener des opérations

patrimoniales relatives aux participations financières de l’État qui ne sont pas liées directement aux effets de

la crise sanitaire. En effet, les conditions de marché n’ont pas permis à ce stade de l’exercice de procéder à

des cessions de participations suffisantes pour disposer sur le compte d’un solde permettant de couvrir

l’ensemble des besoins identifiés pour l’année. Cette ouverture sera portée par un nouveau programme dédié

et temporaire, au sein de la mission « Économie », hors norme de dépense, en cohérence avec le traitement

retenu pour les dépenses de crise et de relance.

Le PLFR prévoit également la mise en oeuvre du « fonds de transition » pour les entreprises, doté au total de

3 Md€, qui a pour objectif de renforcer le haut de bilan d’entreprises dont la solvabilité est dégradée par le

concours de l’État apporté en quasi-fonds propres. Pour ce faire, le PLFR procède à une ouverture de crédits

de 600 M€ sur le programme « Prêts pour le développement économique et social », en complément des

moyens existants.

Enfin, le PLFR propose la prolongation de la date limite d’octroi de prêts garantis par l’État du 30 juin au

31 décembre 2021, rendue possible par la prolongation de l’assouplissement temporaire de l’encadrement

communautaire des aides d’État. La poursuite de cet outil central de réponse à l’urgence économique, ayant

déjà bénéficié pour plus de 135 milliards d’euros à 650 000 entreprises et professionnels, est nécessaire pour

accompagner la sortie progressive de la situation d’urgence sanitaire et, en parallèle, la sortie progressive des

soutiens subventionnels. Ces financements restent pertinents dans le cadre de la reprise d’activité de certains

secteurs, qui se traduit par un creusement du besoin en fonds de roulement et partant du besoin de trésorerie à

l’amorce de la reprise."

Ne faudrait-il pas envisager, dans le cadre de la loi de finances pour 2022, le dépôt d’amendements

gouvernementaux sur un certain nombre de tous ces points ?

Concernant le structurel des industries touristiques en Outre-mer :

t) Industries touristiques : comment construire une stratégie efficace pour les Outre-mer

français ?

1) Idées fausses

2) La stratégie proposée

3) Les propositions concrètes

1. Les idées fausses ou obsolètes qui obscurcissent la réflexion

- Idée fausse : les investissements dans les industries touristiques bénéficieraient avant tout aux

visiteurs. Pas du tout, on peut au contraire estimer que la population des résidents permanents en est la

principale bénéficiaire ; ceci est encore plus vrai dans les Outre-mer, car les résidents des Outre-mer ne

peuvent s’évader en voiture en fin de semaine, ou pendant les vacances scolaires, que dans leur

département ! Contrairement à ce qui se passe en métropole.

- Idée fausse : le soutien par les pouvoirs publics des entreprises de transport aérien bénéficierait avant

tout aux visiteurs. Faux, on peut au contraire estimer que la baisse considérable du prix du transport

aérien depuis et vers les Outre-mer, depuis les années 1990, a largement bénéficié à la population des

résidents permanents ; cette baisse étant liée au développement de la concurrence sous l’effet de la

croissance régulière du nombre de visiteurs.

- Idée fausse : les offices de tourisme sont utiles. Non, ils représentent les vestiges d’une politique ayant

débuté en 1910, qui s’est accélérée dans les années 1960 ; utiles autrefois, ils ont perdu tout intérêt

depuis le développement massif d’internet qui propose, à tout moment et en tous lieux, un volume et

une qualité d’information très supérieurs à ceux qu’aucun office du tourisme ne saurait offrir ; avec au

surplus une information actualisée en temps réel.

- Idée fausse : les offices de tourisme, par leurs campagnes de communication, sont utiles. Rien n’est

moins vrai, et la caricature a atteint son paroxysme pendant la crise sanitaire : on a dépensé l’argent

public français, pour attirer des français venant d’autres régions françaises, donc pour retirer des clients

à d’autres régions françaises ; donc on fabrique des balles pour se tirer dessus entre français !!! Il faudrait

mettre un terme à cette folie : que les opérateurs privés dépensent leurs ressources comme ils l’entendent,

c’est concevable ; mais il faudrait interdire les campagnes de communication à destination des français,

lorsqu’elles sont financées par des ressources publiques ; cette règle ne serait pas applicable aux Outremer

du fait de leur éloignement géographique, qui les rend comparable à une destination dite « longcourrier

». Cependant la règle serait applicable entre EPIC d’un même territoire.

- Idée fausse : les taxes affectées de non-domiciliation permanente (dites improprement « taxes de

séjour temporaire ») sont utiles dans les Outre-mer. Pas du tout, elles sont totalement inutiles puisque :

d’une part, 95% des dépenses des offices de tourisme constituent des dépenses de fonctionnement, de

plus le service est moins bien assuré que par le canal du Web ; d’autre part, parce que le service qu’ils

offrent ne répond plus à la demande des visiteurs et est déjà fourni surabondamment, en amont par les

hébergeurs et prestataires professionnels, ainsi que par le Web et les éditeurs de guides touristiques ;

pour s’en convaincre, il suffirait de proposer à la vente un guide touristique édité par un office du

tourisme et d’en comparer les ventes à des particuliers par rapport aux ventes du Guide du Routard, du

Guide Bleu, du Guide du Petit Futé, Ulysse, Lonely Planet, etc.

- Idée fausse : les taxes affectées optionnelles de non-domiciliation permanente (dites improprement

« taxes de séjour temporaire ») ne peuvent être votées que par les communes touristiques. Oui, c’est

vrai, mais le législateur a « tordu » le droit, de sorte que les communes françaises sont quasiment toutes

devenues des « communes prétendument touristiques » par le biais de cavaliers budgétaires qui ont

radicalement modifié le code du tourisme et le code général des collectivités territoriales ; bientôt, il

suffira qu’une commune soit française pour qu’elle soir réputée « touristique » !

- Idée fausse : la création des offices de tourisme intercommunaux va améliorer leur efficacité. Faux,

d’une part parce que le lobby des maires a conduit au maintien des offices de tourisme communaux,

parfois de plein exercice, parfois simplement renommés « bureaux d’information touristique » ; d’autre

part parce que leurs moyens financiers et leur territoire ayant augmenté, les offices de tourisme

intercommunaux sont tentés de se positionner dans un rapport de compétition, inepte et stérile, avec les

comités régionaux de tourisme ; avec une pseudo coordination qui n’existe absolument pas dans les

faits.

- Idée fausse : les classements administratifs, sous forme d’étoiles, et accordé pour 5 ans aux

établissements d’hébergement temporaire contribuent à une meilleure qualité d’information des

visiteurs. Non, la seule réelle information de qualité est celle des notations des établissements par les

clients eux-mêmes, publiées sur internet par les plateformes de réservation, avec une actualisation en

temps réel et non tous les 5 ans.

- Idée fausse : les professionnels des industries touristiques participent à l’élaboration des politiques de

fonctionnement et/ou de développement des industries touristiques. C’est totalement faux, bien au

contraire les professionnels des industries touristiques sont de plus en plus ostracisés, et n’ont plus aucun

pouvoir d’inflexion de la moindre politique liée aux industries touristiques, ce qui n’était pas du tout le

cas autrefois.

- Idée fausse : l’État est un acteur majeur des politiques de développement des industries touristiques.

C’était vrai dans les années 80 et 90. C’est tout le contraire aujourd’hui, et l’État a clairement déclaré

que son rôle était désormais « subsidiaire », sans en tirer d’ailleurs la conséquence logique qui serait la

suppression du secrétariat au tourisme, et le retrait de sa vitrine trompeuse qu’est le GIE de droit privé

dénommé Atout France, dont les professionnels sont en réalité absents et qui ne participe plus à la

promotion de la destination à l’international ;

- Idée fausse : l’État a clarifié les responsabilités des collectivités locales en matière de gouvernance

des politiques de développement des industries touristiques. C’est tout le contraire, l’État n’a toujours

pas révisé le code du tourisme dans le sens d’un partage clairement défini des responsabilités des

Régions, des Départements, des Intercommunalités et des Communes. L’État « subsidiaire » n’ose pas

franchir le Rubicon.

- Le GIE (Groupement d’Intérêt Economique) de droit privé Atout France est en capacité de servir

l’intérêt public. C’est très éloigné de la réalité car ce GIE n’a aucune capacité de faire évoluer la

législation, aucune capacité d’investissement, et ne parvient même pas à assumer la responsabilité pour

laquelle il a été conçu : développer les ventes à l’international ; à telle enseigne que sa politique dérive

de plus en plus vers le national, et est dépourvue de tout outil de mesure de performance ; utile et

performant lors de sa création, ce GIE est devenu une sorte de façade masquant l’absence de politique

gouvernementale.

2. Stratégie proposée

- Singulariser la politique de développement des industries touristiques dans les Outre-mer ; c’est-à-dire

créer un cadre juridique et fiscal nouveau et spécifique aux Outre-mer pour les industries

touristiques ;

- Mener cette politique de manière expérimentale pendant 5 ans à la Guadeloupe, avant de la généraliser

ensuite, le cas échéant, avec les adaptations nécessaires, à l’ensemble des Outre-mer ;

- Gérer le foncier à vocation industrielle touristique, et/ou écologique, sur le long terme, mobiliser le

foncier improductif détenu par les collectivités, acquérir le foncier essentiel, valoriser le foncier

constituant les points névralgiques des industries touristiques ;

- Créer les conditions pour multiplier les créations d’entreprises grâce à la rationalisation des

investissements publics structurants, à la réduction très sensible des coûts d’investissements initiaux

pour les exploitants commerciaux, en ne faisant supporter aux futurs entrepreneurs que les coûts

d’investissement dans le second oeuvre ;

- Créer les conditions pour multiplier les créations d’entreprises grâce à la mise en place d’espaces

touristiques aménagés collectifs permettant une baisse sensible des coûts d’exploitation, par la

concentration concertée, et la mutualisation de certains services (exemples : piscines communes,

gardiennage commun, garderie d’enfant commune, terrains de sport ou de jeux communs, salles de jeux,

de réceptions ou de séminaires communes, services de petit-déjeuner commun, services de navette

aéroport commun, etc) ; l’adhésion aux services communs serait parfois obligatoire, et parfois non

obligatoire ; Rappelons que par le passé l’hôtel Anchorage (350 chambres et appartements à St François en

Guadeloupe) a déposé le bilan, ce qui a entraîné des ventes « à la découpe » et la disparition d’un outil

hôtelier situé sur un site majeur en Guadeloupe au profit d’une mise sur le marché de nouveaux meublés

de tourisme concurrentiels à l’hôtellerie porteuse d’emplois ; N’aurait-il pas été possible de concevoir que la collectivité s’approprie les parties communes, et que,

pour les unités d’hébergement elles-mêmes, soient créés des lots de copropriété représentant chacun un

minimum de 35 chambres (par exemple), destinés à trouver des repreneurs de ces lots de copropriété ?

Ces repreneurs auraient été plus faciles à trouver pour des lots de copropriété réduits, plutôt que pour un

seul lot, d’autant plus que les charges de copropriété auraient été réduites pour chaque lot de copropriété,

du fait de la mutualisation (gardiennage, entretien des jardins, garderie d’enfants, …). Cette

mutualisation des parties communes d’espaces touristiques aménagés favoriserait des créations

d’entreprises pour des repreneurs ayant des moyens financiers plus réduits, et créerait une concurrence

salutaire entre eux ;

- Générer la confiance des banquiers et des futurs entrepreneurs par le seul effet de l’engagement à risque

et à long terme pris par les collectivités locales, et par la capacité de retrouver facilement un successeur

ou un repreneur du fait de l’abaissement des montants investis.

- Générer des revenus à long terme pour les CDIT, successeurs de comités régionaux de tourisme,

(explication infra), qui favoriseront les réinvestissements futurs dans le secteur des industries

touristiques.

3. Propositions concrètes

- Supprimer les bureaux d’information touristique et transformer les offices de tourisme

intercommunaux en agences d’organisation d’événements dont les budgets seront accordés par le

Comité régional de tourisme, transformé en CDIT (explication infra) ;

- Dans les Outre-mer, retirer aux départements, aux inter-communalités, et aux communes toute

« compétence tourisme » directe, telle que visée dans le code du tourisme ; mais intégrer leurs

représentants délégués au sein des Comités régionaux de tourisme transformés en CDIT ;

- Réformer les Comités régionaux de tourisme afin d’y intégrer une représentation des communes, des

inter-communalités, du département, en sus de la région, en parallèle de la suppression des offices de

tourisme inter-communaux; les Comités régionaux de tourisme deviendraient des Comités de

développement des industries touristiques (CDIT), dont le périmètre d’action serait celui de

l’ensemble du territoire Outre-mer desservi par un aéroport international ; en présence de deux aéroports

internationaux, il y aurait deux CDIT, etc ;

- Restituer à l’État un rôle d’acteur opérationnel par sa participation au CDIT, ainsi que par une

nouvelle autorité consentie aux préfets de créer des unités touristiques nouvelles (UTN), comme cela

est prévu pour les zones de montagne en métropole. L’État ne peut plus accepter de supporter les

dépenses liées au chômage structurel sans chercher des solutions opérationnelles de création d’emplois

via la mise en oeuvre des conditions du développement des industries touristiques. La présence de l’État

est également nécessaire, soit pour jouer le rôle d’arbitre entre les collectivités, soit pour assumer des

décisions impopulaires, notamment en matière de PLU, que les collectivités hésitent à prendre ;

- Restituer aux professionnels des industries touristiques la place importante qu’ils avaient

autrefois, en prenant soin d’organiser par la loi le niveau de leur représentation selon le poids qu’ils

représentent en termes d’emplois et de capitaux investis non délocalisables ; limiter la capacité de

représentation aux seules organisations professionnelles dont l’existence est mesurable, et publiée en

termes d’emplois et d’évaluation des investissements réalisés sur le site web officiel de l’organisation,

dont la liste des membres serait publiée sur ce même site officiel, et dont les P.V. d’assemblées générales

annuelles et extraordinaires seraient également publiés sur internet ;

- Nous nous interrogeons aussi sur l’utilité d’un CFT (Comité de filière tourisme), où est représentée

l’UMIH nationale, ainsi que les Outre-mer, avec un représentant de l’île de la Réunion, et un autre de

Guadeloupe. Ce comité de filière ne nous fait pas parvenir de compte-rendu ou de relevés de décision,

depuis sa création, ce qui ne manque pas d’interpeller sur son fonctionnement : s’agit-il simplement

d’une instance d’échange, sans plus, entre ses membres ?

- Supprimer les taxes affectées de non-domiciliation permanente (dites improprement « taxes de

séjour temporaire ») parce qu’elles sont insuffisantes, parce qu’elles sont très difficiles à collecter, parce

qu’elles ne sont pas contrôlées par le Parlement, parce qu’elles constituent un impôt de production, parce

qu’elles représentent le vecteur de cavaliers budgétaires inacceptables, et répétés annuellement, parce

qu’elles sont supportées uniquement par les hébergeurs, et essentiellement par les hébergeurs

professionnels, parce qu’elles sont supportées uniquement par les hébergeurs qui ne représentent que 15%

du budget de dépenses des visiteurs, parce que les autres acteurs des industries touristiques ne la

supportent pas alors qu’ils représentent 85% du budget de dépenses des visiteurs dans les îles des Outremer,

parce que la population des résidents permanents ne supportent aucune taxe similaire alors qu’ils

bénéficient des investissements touristiques tout autant sinon plus que les résidents temporaires ; parce

que les résidents permanents ne supportent plus l’ex taxe de domiciliation permanente (taxe d’habitation),

parce qu’il existe déjà un outil de collecte beaucoup plus efficace, et qui peut se substituer à la taxe de

non-domiciliation permanente : la taxe d’embarquement aérien et maritime ;

- Augmenter les recettes destinées à financer une partie des besoins de financement publics liés aux

industries touristiques, en remplaçant la taxe affectée de non-domiciliation permanente (dites

improprement « taxe de séjour temporaire ») par la taxe d’embarquement ou de débarquement, collectée

par l’État, qui la reversera directement aux CDIT ;

- Prévoir - par la loi - l’obligation pour les CDIT de consacrer au moins 60% ou 70% des recettes à

l’investissement structurant et générer à terme, pour les CDIT, des recettes pérennes grâce aux

investissements réalisés ;

- Baisser les taxes dites « aériennes », pour les Outre-mer, par exemple la taxe dite « Chirac »

(puisque d’une certaine manière le sous-emploi dont sont affectés les Outre-mer justifie à lui seul une

aide au développement, spécifique aux Outre-mer, au même titre que d’autres régions du monde), de

telle sorte que les compagnies aériennes desservant les Outre-mer ne soient pas pénalisées et n’aient pas

à souffrir la moindre augmentation du montant global des taxes « aériennes » par le biais de la taxe

d’embarquement ou de débarquement ;

- Mettre en oeuvre les outils nécessaires pour économiser les réserves foncières destinées aux industries

touristiques des générations futures et utiliser intelligemment les réserves actuelles, ou acquises, pour

favoriser la création d’exploitations nouvelles ; créer un droit de préemption, sur les immeubles ou

terrains, au bénéfice des CDIT ;

- Mettre fin au « saupoudrage touristique » en supprimant les aides fiscales à l’investissement, sauf pour

les développements nouveaux réalisés dans les zones aménagées par les CDIT, dans des périmètres

limités géographiquement, dotés d’un cahier des charges (notamment architectural), et approuvés par

les CDIT et les préfets ; l’aide fiscale serait maintenue pour la rénovation des seuls établissements

d’hébergement temporaire existants et enregistrés au R.C.S. En contrepartie de la suppression partielle

des aides fiscales à l’investissement dans les industries touristiques, il y aurait une suppression de la taxe

foncière pour les établissements d’hébergement temporaire existants et enregistrés au R.C.S., et pour les

développements nouveaux réalisés dans les zones aménagées par les CDIT, approuvées par le préfet ;

- La suppression de la taxe foncière est quasi de fait depuis près de 15 ans, via la LODEOM et ses

avatars, donc la perte de recettes publiques serait insignifiante ; et elle serait largement compensée par

les effets mécaniques de l’amélioration très sensible de la qualité des « produits d’hébergement » à usage

d’hôtel, qui deviendraient compétitifs sur les marchés internationaux. L’objectif serait que les unités

d’hébergement hôtelières (chambres ou appartements prévus pour 2 adultes) aient une surface minimale

de 50 m2 pour un standard de 5 palmiers, 40 m2 pour 4 palmiers, 33 m2 pour 3 palmiers, 28 m2 pour 2

palmiers, 25 m2 pour un palmier (les palmiers étant attribués par les tour-opérateurs professionnels).

L’amélioration de l’offre touristique ne passe pas par des « classements administratifs » mais par la

surface des unités d’hébergement, et leurs aménagements.

La taxe foncière est le frein majeur à l’amélioration de l’offre ; et il est difficilement concevable de ne

pas appliquer aux industries touristiques ultra-marines à très forte capitalisation, une taxe foncière

spécifique, de même nature que celle accordée aux industries métropolitaines françaises, quelle que soit

leur nature industrielle ; sans compter que les industries touristiques représentent quasiment la mono

industrie d’avenir des Outre-mer.

Ne jamais oublier que les coûts d’entretien des immeubles dans les Outre-mer sont au moins cinq fois

supérieurs aux coût équivalents en métropole ; la taxe foncière étant une dépense annuelle, sa

suppression pour les établissements enregistrés au R.C.S. viendrait compenser en partie les surcoûts

d’entretien ; le cas échéant, la défiscalisation sur les travaux de rénovation pourrait être abandonnée en

cas de suppression de la taxe foncière, avec clause de retour à la défiscalisation si les taxes foncières

étaient restaurées ;

- Accorder aux CDIT, et aux préfets (par une position exprimée publiquement et indépendamment des

CDIT), un droit de veto sur la part des PLU réservée aux industries touristiques ; les permis de construire

de changement de destination seraient délivrés conjointement par les préfets et les CDIT ;

- Publier systématiquement et simultanément toutes les décisions et tous les documents (produits, loués,

ou achetés par le CDIT), sur les sites internet officiels de chacune des collectivités participantes au

CDIT, ainsi que sur les sites internet officiels de chacune des représentations professionnelles ; prévoir

un régime de sanction en cas de non-publication sur internet dans les délais prévus, qui pourrait être la

suspension des droits de vote jusqu’à réalisation de la publication.

Question : Dans le cadre de la Loi de Finance 2022, quels amendements le Gouvernement

envisage-t-il de déposer pour remédier aux observations précédentes ?

4. Bref Résumé

Pour nous résumer brièvement,

- Absence de représentation professionnelle, car virtuelle dans les instances dites représentatives :

à rectifier

- Nécessité d’un soutien vital du transport aérien pour les Outre-mer,

- Utilité réelle des Offices de tourisme et bureaux d’information touristique ?

- Adaptation des dépenses de promotion touristique,

- Non Pertinence du classement administratif aujourd’hui,

- Conséquences des incohérences entre le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT)

et le Code du Tourisme (CT),

- Classification évolutive des fonciers,

- Adaptation des dépenses aux recettes, et limitation des dépenses de fonctionnement en faveur

d’investissements structurants attractifs,

- Prise en compte des saisonnalités Outre-mer qui fonctionnent en contre-saison (comme la

montagne) par rapport à la majorité du territoire hexagonal,

- Prise en compte éclairée des apports économiques du tourisme exogène dans l’archipel France,

avec réalisme, pour ne pas laisser se développer, aux noms de choix dogmatiques à la mode,

des régressions qui seraient coupables pour les populations concernées.

Nous estimons ces réflexions dignes d’être portées intégralement à la connaissance du lecteur.

Reste encore un point que nous souhaitons souligner :

5. Taxes de séjour :

À l’origine, elles ont été instituées par le législateur en 1910 pour les communes thermales. Il s’agissait,

pour des communes de quelques centaines d’habitants, de les aider à s’équiper pour lutter contre la

concurrence des stations thermales européennes, beaucoup plus dynamiques en termes

d’investissements.

Cette taxe a été étendu par la suite, de manière optionnelle, à toutes les communes réputées touristiques

(ou prétendument touristiques) du territoire de l’archipel France.

Dans le temps elle a beaucoup évolué et a été déviée de l’esprit originel du législateur.

Considérée il y a peu encore comme une taxe affectée appliquée aux visiteurs qui ne payaient pas la

taxe d’habitation dans la commune (c’est-à-dire comme une taxe d’habitation temporaire par rapport

à une taxe d’habitation permanente) elle a évolué aujourd’hui en taxe de domiciliation (pour les

visiteurs non domiciliés).

Appliquée d’abord au réel sur chaque touriste et à la nuitée, il a été ajouté par la suite le mode de

perception forfaitaire, puis récemment en 2019, un mode de taxation au pourcentage du chiffre

d’affaires, pour les hébergements non classés administrativement.

L’abandon de la référence à la taxe d’habitation (temporaire par rapport à la permanente en voie de

disparition totale, sous la pression du Conseil constitutionnel) et la création en substitution d’une

référence à la domiciliation dans la commune pose entre autres le problème de la définition de la

« domiciliation » dans la commune : s’agit-il d’une domiciliation temporaire ou permanente ? Fiscale

ou non ? A partir de quelle durée une « présence » temporaire peut-elle être assimilée à une

domiciliation ? Faire envoyer son courrier quelque part, vaut-il domiciliation ? Un résident

« secondaire » est-il une personne « domiciliée » dans la commune, et à défaut doit-il payer une taxe

de séjour quand il se rend dans sa résidence secondaire ? Un travailleur en mission est-il « domicilié »

de par son activité professionnelle dans la commune où il travaille, même temporairement ? Et quel

est l’article de loi qui définit la « domiciliation » dans le droit français ?

Suite à la crise sanitaire, les recettes des taxes dites de séjour sont en fortes baisses, et cette baisse des

recettes s’affirme en 2021, et la baisse a de fortes probabilités de ne pas disparaître rapidement. Il faut

donc, pour une saine gestion, reconsidérer les budgets prévisionnels, diminuer les dépenses de

fonctionnement et augmenter les dépenses d’investissement.

Une procédure juridiciaire a été initiée par l’UMIH Guadeloupe relative aux taxes de séjour.

Cette dernière repose sur un certain nombre de constats :

- Les mesures d’évolution de la taxe de séjour ne font pas l’objet d’un débat parlementaire

comme cela se devrait d’être, mais sont décidées dans la Loi de Finances et utilisent donc un

Cavalier budgétaire à l’insu de la représentation parlementaire démocratique.

- Le mode de perception forfaitaire permet de taxer des entreprises alors même qu’elles n’ont

plus aucun client, ou alors qu’elles ont un nombre de clients faible ce qui conduit à une taxation

forfaitaire bien supérieure à ce qui aurait résulté d’un mode de perception de la taxation au réel.

Il ne s’agit plus alors d’une taxation à la personne mais d’un impôt d’entreprise, dit de

production, qui ne respecte plus le caractère d’une taxe affectée.

- Le classement administratif des hébergements est facultatif, et taxer différemment les classés

et non classés constitue une discrimination qui conduit d’ailleurs à une distorsion de

concurrence non motivée par l’intérêt général. Aujourd’hui, le classement administratif est

beaucoup moins significatif que les avis des clients, portés à la connaissance de tous par

l’utilisation de médias numériques.

Les avis du client sur le Net sont très consultés, et ce sont eux qui font qu’un client choisit un

établissement, ou qu’il l’écarte de son choix.

- Taxer des hébergements au pourcentage du chiffre d’affaires, jusqu’à 5 % de celui-ci, quand la

TVA appliquée aux hébergements en Outre-mer est de 2,10 %, (soit 2,38 fois plus) est un

paradoxe économique peu banal. Que dirait-t-on si, dans l’Hexagone, il était mis en place une

taxation sur le C.A. de 2,38 fois un montant de TVA de 20 % ?

-

- En outre, la seule taxation en pourcentage du chiffre d’affaires admise par la Communauté

européenne, est la TVA. La France, n’a pas demandé à la Communauté européenne,

l’autorisation préalable obligatoire en cas de création d’une taxation nouvelle sur le chiffre

d’affaires, et cette nouvelle mesure est très probablement entachée d’illégalité.

- Les procédures de taxation concernant la taxe de séjour sont donc sources d’inégalités, et de

distorsion de concurrence, puisque deux communes limitrophes peuvent choisir des modes de

taxation différents, qu’à l’intérieur d’une même commune, des établissements d’hébergement,

d’attractivité, et de qualité similaire, peuvent être taxés différemment, au gré des choix votés

en conseil municipal, sans justification réelle étayée et publiée sur le Net.

Il y a lieu d’ajouter que cette taxation a pour objectif légal, de favoriser la fréquentation touristique.

Le code du tourisme, via l’article L2333-27 du Code général des collectivités territoriales, spécifie que

la finalité des OTI est d’améliorer la « fréquentation touristique ».

Il est incontestable que la crise sanitaire ne favorise pas la fréquentation touristique, donc la taxe de

séjour aurait dû être suspendue dès le début de la crise sanitaire.

QUESTION : Le Gouvernement est il prêt, par amendement Gouvernemental, à supprimer dans la loi

de finance pour 2022 les taxes de séjour le temps qu’il faudra au vu de la crise sanitaire, avec effet

rétroactif au 17 mars 2020 ?

Plusieurs remarques s’imposent :

-

- Les meublés de tourisme se sont fortement développés ces cinq dernières années, en particulier

en outre-mer. En Guadeloupe, le parc des hébergements se singularise par environ 4000

chambres hôtelières, soit 10 000 lits, contre 40 000 lits dans les meublés de tourisme, c’est-àdire

quatre fois plus. Cependant, la collecte des taxes de séjour est réalisée à 98 % dans les

hébergements professionnels Hôteliers. La collecte auprès des meublés de tourisme est

pratiquement insignifiante, et les communes ne montrent pas de particulière pugnacité, pour

les recouvrir, s’agissant d’électeurs avec lesquels il y a lieu de se montrer conciliant. Il s’ensuit

là aussi, une inégalité de traitement condamnable et source de distorsion de concurrence.

-

- Si l’on voulait déborder du sujet, on pourrait ajouter que les meublés de tourisme bénéficient

d’une législation fiscale bien plus favorable que celle régissant les hôtels, puisqu’ils ne sont

pas assujettis à la TVA, qu’ils ne payent pas de CFE et de CVAE, qu’ils n’ont pas comme les

sites hôteliers des espaces fonciers importants pour les jardins et les piscines, qu’en

conséquence ils ne payent pratiquement pas d’impôts fonciers (TFB et TFNB). De même, alors

que les hôtels payent une contribution à l’audiovisuel public pour chaque téléviseur détenu, les

meublés de tourisme ne paye la contribution à l’audiovisuel public pour un seul téléviseur.

- Cette CAP non suspendue pendant la crise sanitaire alors que nos chambres, nos salles de

réunions, nos restaurants sont sans client est-elle compatible avec une mesure de soutien liée à

la crise sanitaire claironnée médiatiquement ?

- La suppression non motivée, en 2019, des Arrêtés de répartition, prive la collectivité d’une

connaissance exacte des contributeurs, autorise toute inégalité de traitement, prive de la

connaissance des montants de taxation et de leur application égalitaire, empêche tout budget

prévisionnel des collectivités et tout programme d’investissement attractif de nos destinations,

etc …

- L’hôtellerie souffre dans les Antilles (et la majorité des hôtels sont déficitaires) :

o D’une concurrence très rude de la Caraïbe due à la faiblesse de leurs coûts d’exploitation

liés aux salaires et aux surcoûts liés à notre insularité (fret maritime et aérien et octroi

outre-mer),

o D’une saisonnalité dont la résultante est que les exploitations sont rentables du 15

décembre au 15 avril soit 4 mois et parfois déficitaires le reste de l’année soit 8 mois,

o D’une taxation qui pénalise les comptes d’exploitation notamment la taxe de séjour mais

aussi des surcoûts considérables liés à l’absence fréquente d’eau, à l’insécurité, et

récemment aux algues sargasses.

- Alors que les hôtels sont porteurs d’emplois légaux, les meublés de tourisme qui le sont très

peu bénéficient de soutiens financiers importants pour s’installer, au motif (exact) qu’ils

permettent une meilleure répartition des touristes sur le territoire. Ils bénéficient également

d’une décote fiscale non négligeable (-15 %). La réforme qui s’impose ne peut se limiter à taxer

les OTA (On line Travel Agencies) comme AirBnb, Lastminute, Booking, etc …

6. Réforme Législative attendue

La réforme qui s’impose est législative et consiste à déclarer tous les meublés de

tourisme, sans distinction, comme relevant des mêmes codes APE que les hébergements

professionnels, et, à ce titre, soumis à la même législation fiscale et sociale, voire aux

mêmes obligations comptables.

Ainsi, on atténuera une concurrence déloyale qui conduit à des pratiques de prix bas (possible

du fait de l’absence de salarié, ou de leur nombre très faible, de l’absence de publication de

bilan, etc …) dans les meublés de tourisme. Ces prix jugés, de plus en plus, très attractifs par

la clientèle, vont conduire d’ici peu à des fermetures hôtelières et à la disparition de leurs

emplois. La question qui est en fait posée est la suivante :

Le législateur choisit-il de soutenir les revenus des ménages aisés qui ont pu investir dans des

gîtes, ou l’EMPLOI, c’est-à-dire un modèle social offrant du travail à un plus grand nombre ?

Ce choix politique est stratégique, particulièrement en Outre-mer, et conditionne l’orientation

politique des industries touristiques des territoires pour ces prochaines années, et de là, le

devenir des compagnies aériennes.

En effet les prix bas attirent des clients à basse contribution, conditionnent un modèle aérien

low-cost, peu rentable territorialement, apportant sur les territoires des dépenses très mesurées,

conduisant à une réduction du produit intérieur brut potentiel par habitant.

Ce choix stratégique discutable, s’il est confirmé, conduira à court terme, à une forte réduction

du nombre de compagnies aériennes et à un repli territorial, aggravant la situation des emplois.

- La situation sanitaire engendrée par le COVID 19 et ses mutants a conduit à une réduction

importante des activités économiques en 2020 et 2021. Pour le tourisme Outre-mer qui a eu la

chance d’avoir une demie haute saison en 2020, les pertes de CA annuel ont été en moyenne

en 2020 de l’ordre de - 40 %.

En 2021, le tourisme Outre-mer n’a pas eu la chance d’avoir une demie haute saison touristique,

celle-ci a été anéantie, et les pertes d’un CA en recul en 2020 se sont aggravées en 2021 : - 40

% par rapport à 2020, - 65 % par rapport 2019, et - 67 % par rapport à 2018.

Malgré des mesures économiques de compensation partielle mises en place par l’État Français,

la chute du taux de profitabilité (marge brute) des entreprises hôtelières est significative : de

22,21 % pour un établissement hôtelier de Guadeloupe en 2018, il chute à 10,12 % en 2020 et

sera probablement proche de zéro, voire négatif, en 2021.

Dans ces conditions, la collecte des taxes de séjour a chuté drastiquement, et les collectivités

vont le constater, d’autant plus que ces recettes destinées selon la volonté du législateur à

favoriser la fréquentation touristique ont été détournées de leur objet en faveur de dépenses de

fonctionnement pour rémunérer des effectifs pléthoriques non adaptés à la situation.

- Comment améliorer la fréquentation touristique sans attractivité réelle du territoire, et

comment améliorer l’attractivité de ce dernier sans investissements profitables à ceux qui ont

payé une taxe affectée de non domiciliation (improprement dénommée « taxe de séjour »), taxe

affectée sur laquelle le collecteur devrait rendre compte de son affectation réelle ? La taxe

affectée de non domiciliation (article L2333-29 du Code général des collectivités territoriales),

improprement dénommée « taxe de séjour », n’est ni un impôt, ni une taxe, mais une taxe

« affectée » dont le bénéfice doit revenir directement ou indirectement au redevable de la taxe

affectée de non domiciliation.

- Comment favoriser la fréquentation touristique, sans investissements structurants destinés à

accroître l’attractivité du territoire ? Or, avoir détourné les recettes de taxe de séjour de

l’objectif nécessaire d’investissement, au profit du fonctionnement, a spolié l’attractivité des

territoires, favorisant la mise en place des bureaux d’information touristique, consommateurs

de nombreux emplois très peu productifs, car à l’ère du numérique, la clientèle s’informe

essentiellement au moyen d’outils numériques. Qui se déplace encore aujourd’hui dans un

office de tourisme pour recueillir des renseignements facilement accessibles sur le net avec un

téléphone ou une tablette ?

- Il faut s’interroger, nous semble-t-il, sur les moyens mis en oeuvre pour répondre au mieux aux

attentes de la clientèle, et sur les rééquilibrages nécessaires entre les sections

« fonctionnement » et « investissement ».

Face aux constats énumérés précédemment,

7. Que pourrait-on raisonnablement envisager ?

1) En Outre-mer (sauf Guyane), les touristes exogènes parviennent à destination exclusivement

par transport aérien ou maritime. Le train et la voiture, ou tout autre moyen de locomotion

terrestre sont exclus.

2) Percevoir la taxe sur les transports aérien et maritime permet de la percevoir sur tous les

passagers.

3) Les résidents permanent dans les Outre-mer pourraient être traités à part (et bénéficier d’une

exclusion de la taxation ou réduction).

4) Les taxes frappant le transport aérien sont déjà lourdes et a minima sont à plafonner, voire

doivent être réduites.

5) Sur la base du plafonnement actuel, voire diminué, pourrait être instituée une taxe

« d’embarquement-débarquement ».

6) En contrepartie, la taxe de séjour collectée sur les voyageurs séjournant en hébergements

temporaires serait supprimée. Pour mémoire, les hôtels sont jusqu’ici des collecteurs gracieux

du fisc, alors que ce n’est pas, incontestablement, leur métier, et que les hébergements

temporaires (essentiellement les hôtels) ne collectent que 15 % de la dépense touristique des

visiteurs. Les autres exploitants des industries touristiques qui récoltent 85 % du C.A. des

touristes (restaurants, commerces, loisirs, …) ne collectent rien.

7) Avantages : la taxation nouvelle s’appliquerait à tous, et le mode de perception serait

grandement facilité. L’assiette serait considérablement élargie, et le montant perçu sur chaque

passager pourrait être réduit par rapport à la somme des perceptions journalières actuelles.

8) Les montants de taxation « embarquement-débarquement » seraient adoptés au niveau

parlementaire national et non au niveau local évitant toute inégalité territoriale, la définition de

fourchette de taxation avec valeurs basse et haute n’ayant plus aucune signification car toutes

les communes (en Guadeloupe) appliquent systématiquement le montant maximum.

9) Le montant de la collecte pourrait être réparti par la direction des finances publiques aux

collectivités sur une base prédéfinie, comme par exemple le nombre d’habitants ou des plans

prévisionnels d’investissement adoptés, étant entendu qu’au moins les 2/3 de la collecte

seraient obligatoirement affectés à l’investissement par les receveurs.

10) Les recettes de la taxe « embarquement-débarquement » seraient en montant supérieures à la

perception actuelle puisque seulement 20 % de la clientèle s’en acquitte aujourd’hui, les

meublés de tourisme étant insignifiants dans la collecte. Le financement des collectivités s’en

trouverait amélioré, le poids de la taxe serait plus faible pour le visiteur, et la destination y

gagnerait en attractivité.

11) La réalisation d’investissements touristiques structurants attractifs profiterait également aux

populations locales engendrant de ce fait une meilleure acceptation des visiteurs. La tolérance,

l’acceptation de l’autre, s’en trouveraient améliorés et l’appréciation d’un meilleur

environnement qualitatif participerait à développer un climat d’accueil plus bienveillant et

serein.

12) Plus d’attractivité, ce sera plus de visiteurs, plus de richesses apportées au territoire, un

développement plus solide du trafic aérien, une stabilité des prix créée par la concurrence, une

meilleure intégration des populations ultramarines dans l’archipel France.

Ajoutons encore à titre de remarques supplémentaires :

1) L’État Français :

A privilégié dès le début de la crise la situation sanitaire à l’économie.

Cela n’a pas été le cas d’autres pays : en Suisse par exemple, les gestes barrières et le port du masque

ont été respectés par une population disciplinée, et le fonctionnement économique n’a pas été freiné.

Tout est resté ouvert, y compris les bars et restaurants avec leurs terrasses, et la pandémie n’a pas été

constatée comme étant plus critique que sur nos territoires.

En Suisse, pas de PGE, pas de chômage partiel, pas de fonds de solidarité : la stratégie a été différente.

La France, plutôt que de choisir de laisser leur entière responsabilité aux entrepreneurs, vis-à-vis de

leurs charges et de leurs salariés a choisi politiquement de se substituer à eux.

C’est un constat.

En 2005-2006, lors de la crise du chikungunya à l’île de la Réunion, la France avait fait un tout autre

choix en indemnisant les entreprises mensuellement à hauteur de 80 % de leurs pertes d’exploitation.

Certes le territoire était restreint par rapport à l’archipel France qui est concerné par cette pandémie,

mais il aurait été possible par exemple de choisir d’indemniser les pertes d’exploitation des entreprises

à hauteur d’un compte d’exploitation nul. L’année 2020 aurait alors été une année blanche sans

bénéfice, les entreprises faisant face à leurs obligations. Alors il n’y aurait plus eu de demandes de

report ou de suppression de charges. Cela aurait été un autre choix stratégique.

L’État a également choisi de soutenir les emplois plutôt que l’économie.

Cela est flagrant lorsqu’on observe le « Plan montagne ».

Quelles sont les entreprises qui peuvent être considérées comme majeures en montagne ?

Ce sont les stations thermales et les remontées mécaniques.

- Les premières appartiennent essentiellement à la compagnie des Alpes, elle-même sous capitaux

de la caisse des dépôts et Consignation, c’est-à-dire des fonds d’État.

- Les secondes appartiennent pour la plupart aux Collectivités locales.

Le Plan montagne vise donc à soutenir des investissements lourds sur lesquels l’État et les

Collectivités sont engagés, et ainsi à affecter une partie importante des fonds européens à certaines

entreprises touristiques principalement, et tout particulièrement.

De même, la prise en charge des coûts fixes pour les entreprises dont le CA annuel est supérieur à 12

Millions d’€, ou mensuellement supérieur à 1 Million d’€ vise essentiellement de grosses entreprises

censées être les plus porteuses d’emplois, au détriment des PME et TPE.

Les Outre-mer n’ont pas été considérées jusqu’ici comme dignes d’être concernées par les soutiens

spécifiques du « plan montagne ».

Cependant, tout choix a ses conséquences, et pour anticiper sur les perspectives que nous aborderons

plus loin :

-

- Les salariés de la fonction publique non touchés pécuniairement par la crise sanitaire ne semblent

pas avoir une perception des conséquences économiques de cette crise, et souvent déraisonnent.

En Guadeloupe, ils représentent 48 % des salariés, mais au CESER 971, ils représentent

théoriquement 31/49ème des membres (soit 63 % ; 49 membres - 18 = 31), et encore, dans le

collège entrepreneurial, parmi les 18 membres, certains représentants du monde économique ne

sont pas affectés dans leurs revenus propres par la crise économico-sanitaire (car ils sont en fait

salariés ou représentants d’organismes MPI, SICOA, etc …).

L’analyse de certains les conduit donc à des déclarations parfois surprenantes sur des choix de

tourisme endogène - qui viendrait se substituer avec bonheur, pensent-ils, au tourisme exogène

qui apporte annuellement à l’économie Guadeloupéenne 1 Milliard d’Euros - ou sur un objectif,

non pas d’amélioration, mais d’autosuffisance alimentaire, comme si la Guadeloupe allait se

couvrir demain de rizières puisque le riz est consommé en grande quantité dans les Antilles. Fautil

sourire de ces déclarations plus dogmatiques que réalistes ? Le Pdt du CESER n’a-t-il pas écrit

(sans vote préalable des membres du CESER) que le CESER était favorable à l’écotaxe aérienne ?

Souhaite-t-il aussi la réduction des vols aériens au motif d’une diminution carbonée ?

Nous ne nous étendrons pas plus sur le sujet.

2) Les Régions.

La PACA a choisi, pour soutenir l’économie touristique, de distribuer des chèques vacances pour 20

Millions d’€. La Réunion, l’Aquitaine, et d’autres, ont choisi la même option.

L’État a choisi judicieusement d’abonder les dépenses de chèques vacances à raison de 1 € pour 1 €.

La Guadeloupe a continué d’investir, avec une efficacité sur laquelle on peut s’interroger, dans des

modalités promotionnelles inadaptées, selon nous, à la situation. Un investissement d’image, la

routine, dans l’espoir d’avoir des passagers, malgré les motifs impérieux, l’auto-confinement imposé,

le couvre-feu, etc …

Au sein des instances dites représentatives, force est de constater que les professionnels sont

minoritaires face aux représentants de la fonction publique ou des élus. En réalité ce sont des figurants

pour donner l’illusion d’un fonctionnement démocratique inexistant puisque par exemple au CTIG

(Comité du Tourisme des Iles de Guadeloupe) ou au CODIR (Comité de Direction de la Riviera du

Levant) les professionnels non cooptés par les élus sont très minoritaires et que ceux qui ont le courage

de s’abstenir ou de voter « contre » sont marginalisés. Leur appréciation n’est prise en compte que

lorsqu’ils vont jusqu’à pointer du doigt des conséquences judiciaires probables, voire certaines, qui

effraient alors les adeptes du « pas de vague » dans un monde de l’excellence sur une terre de

champions.

La représentativité des corps professionnels dans les instances dites représentatives est à revoir, faute

d’aller, ici comme dans le cadre électif, à une non-participation des responsables « sachants », et à la

politique de la chaise vide au profit des élus et de leurs figurants cooptés.

3) Les entreprises

Les optimistes ont continué de penser qu’après la « gripette », tout recommencerait comme avant. En

conséquence, leurs dirigeants ont souscrit des PGE, utilisés au maximum la panoplie gouvernementale

des compensations financières partielles mises en place. Certains sont même allés plus loin en

négociant des accords d’entreprise avec réduction de salaires et remise en cause d’avantages extra

salariaux contre un engagement de maintien intégral des emplois. Elles ont ainsi renoncé dans le temps,

à leur liberté de gestion adaptée aux événements.

Les réalistes ont réduit la voilure, car il faut bien s’adapter.

En conséquence, ils ont réduit au maximum toutes leurs charges, y compris salariales.

Puisque nous passions de six compagnies aériennes à trois, puisque nos clients ne pouvaient parvenir

jusqu’à nous qu’en avion, il fallait en tenir compte.

Concernant certaines aides comme le fonds de solidarité, il faut souligner que ceux qui ont voulu tenter

de résister à la crise en restant ouverts contre vents et marée ont souvent été pénalisés : ceux qui ont

fermés ont perdu incontestablement plus de 50 % de leur CA et ont perçus intégralement le fonds de

solidarité autorisé, avec des salariés au chômage partiel.

Ceux qui sont restés en activité, n’ont rien perçu quand ils n’ont pas réalisé 50 % de pertes de leur C.A.

Les vertueux qui ont choisi de participer au maintien de l’activité économique ont souvent été

pénalisés. Ceux qui ont plusieurs hôtels les ont tous fermés sauf un, ont reporté les clients des hôtels

fermés sur celui resté ouvert et ont été au final totalement gagnants dans la crise, puisque les

établissements fermés perdaient plus de 50 % de leur C.A., et que les rares clients, regroupés sur un

site, étaient conservés. Cette stratégie intelligente n’a cependant pas pu être généralisée…

Nous nous en félicitons pour eux, mais cette mesure des 50 % a créé des inégalités de traitement

indéniables.

4) Les travailleurs salariés.

Le constat est double :

- Ceux de la fonction publique ont continué de percevoir intégralement leurs revenus, et pour

certains d’entre eux, dans le cadre d’une activité réduite ou très réduite.

- Ceux du secteur privé admis au chômage partiel, restés chez eux au domicile, sans activité

professionnelle, et sans aucun frais de trajet domicile travail, semblent pour certains avoir trouvé

cette situation de « vacances rémunérées » grâce à l’État Français, sommes toute confortable, et

un certain nombre d’entreprises éprouvent aujourd’hui certaines difficultés à les faire revenir

travailler.

- Enfin il y a ceux du secteur privé qui pour diverses raisons n’ont pas pu bénéficier des mesures de

chômage partiel et dont les revenus se sont effondrés.

On a ainsi créé une France à trois vitesses : ceux qui ont continué à rouler à 100 km/heure, ceux qui

n’ont pu rouler qu’à 70 km/heure, et enfin ceux qui se sont traînés à 20 km/heure.

Indiquons que des entreprises nous font part des difficultés qu’elles rencontrent pour remettre au travail

et interrompre le chômage partiel de leurs salariés …

5) Situation actuelle :

Elle comporte divers paramètres :

- 1) L’aérien,

- 2) L’image des Antilles (cyclones, manque d’eau, grèves) et la nécessité de faire une promotion

nationale spécifique et vigoureuse, pour inciter à venir en Outre-mer, plutôt que d’en dissuader

par les informations négatives incantatoires actuelles,

- 3) La demande ou l’appétence aux voyages,

- 4) La situation Guadeloupéenne,

- 5) Les chiffres (observatoire du tourisme et aéroport Pôle Caraïbe Guadeloupe).

1) L’aérien : Il est globalement, d’après les experts de ce secteur, dans une situation financière fragile à

laquelle s’ajoute le « Flight Shame » au motif d’une réduction de la dépense carbonée qui devrait

plutôt viser prioritairement, selon nous, le maritime et les tankers, les gros porteurs de fret, et les

bateaux de croisière non convertis à l’hydrogène. Le trafic aérien doit être soutenu comme essentiel

pour notre destination et pour les Outre-mer en général. En revanche il y a matière à s’interroger sur

le modèle du low-cost qui est très peu porteur de marges. Ne pénalise-t-il pas également les

destinations en y apportant un flux de voyageurs à basse contribution, plus créateur à terme de surtourisme

que de revenus conséquents ?

Dans ces conditions, l’ouverture de nos destinations à de nouvelles compagnies aériennes a imposé

jusqu’à présent des mises de fonds attractives de la collectivité régionale (argent du contribuable)

pour des clients peu fortunés, donc peu porteurs de pouvoir d’achat.

La rentabilité du modèle est peu performante, tant pour la compagnie que pour la destination

d’accueil.

Une solution pour nos destinations serait :

- D’une part d’améliorer au plus vite la rentabilité des compagnies aériennes en baissant en

particulier le montant des taxes et redevances en faveur des collectivités et non liées à leur

exploitation, car la desserte aérienne est une nécessité pour nos destinations auxquelles on

n’accède pas par le train ou la voiture,

- D’autre part d’entreprendre une campagne de formation des populations à grande échelle pour

expliquer les vertus du transport aérien, facteur de mixité des peuples et de renforcement de la

PAIX.

Les perspectives du nombre d’avions hebdomadaires par compagnies aériennes arrivant en

Guadeloupe, ces prochaines semaines, annoncent une croissance du trafic. Cependant l’aéroport Pôle

Caraïbes Guadeloupe ne communique pas le nombre des passagers arrivés ces dernières semaines et

les perspectives de remplissage des aéronefs, ni les classes tarifaires, ni les provenances réelles :

s’agit-il d’affinitaires voyageant en classe économique, d’hommes d’affaires (peu probable comptetenu

des mesures sanitaires imposées), de retraités domiciliés en Gîte longue durée ou de touristes ?

Pour avoir une vision économique, il faudrait y voir plus clair. L’UMIH Guadeloupe a demandé à

Pôle Caraïbe Guadeloupe des renseignements complémentaires sans en obtenir.

Le CTIG, et surtout l’Observatoire du Tourisme Régional fournissent des renseignements

discutables : en amalgamant les durées de séjour des retraités qui viennent séjourner l’hiver dans des

meublés de tourisme en Guadeloupe pendant plusieurs mois, avec des durées de séjour de 5 jours

pour des hommes d’affaires, et des durées d’une à deux semaines pour des touristes, on obtient une

« bouillie » sans grand intérêt - qui conclut à un temps de séjour moyen de 14 jours - dans la mesure

où ces différentes catégories de visiteurs n’ont pas la même capacité de dépense. Les statistiques

doivent être confiées à des personnes de métier et non à des salariés qui, même de bonne volonté,

n’ont pas appris à trier le bon grain de l’ivraie.

Les perspectives de vols à venir, ces prochaines semaines, vont-elles amener essentiellement des

« affinitaires » longtemps privés de voir leurs proches et famille pendant la crise sanitaire ? Si c’était

le cas, leur apport économique est limité, tout comme le besoin d’emplois les concernant.

Des compagnies annoncent des vols complets, mais la vraie question est de savoir l’incidence

économique territoriale réelle qui va en résulter ?

Il y a donc un réel besoin d’avoir une connaissance plus fine de ces chiffres qui se vengent quand on

les ignore…

6) L’image des Antilles.

1) Constat : En 2019, la Dordogne en Aquitaine a eu 3 Millions de Touristes.

En 2020, elle en a reçu 4,5 Millions.

En 2021, toutes les réservations des hébergements sont complètes pour les vacances d’été

métropolitaines, et on spécule sur un chiffre de plus de 5 Millions de touristes.

Quant aux 39.000 Monégasques, ils ont accueilli, en 2019, 5 Millions de touristes !

La Guadeloupe n’a eu en 2019 que 2 Millions de passagers Aller-Retour, c’est-à-dire 1 Million de

voyageurs, et sur ces 1 Million, de l’ordre de 800.000 touristes qui auraient dépensé, hors dépenses

aériennes, 800 Millions d’€, soit 1.000 € par touriste.

Il est clair que les publicités en cours, déployées dans l’Hexagone, incitent à des vacances de

proximité.

En outre, les Antilles sont en période cyclonique, quand elles ne se font pas une contre publicité sur

la propagation du virus et des variants, les algues sargasses, les coupures d’eau, les grèves,

l’insécurité, le chlordécone, etc … Il resterait encore à inventer de nouveaux motifs pour ne pas venir

dans les Antilles, mais faisons confiance au génie Guadeloupéen.

La Basse Saison touristique dans les Antilles verra-t-elle dans ces conditions un regain réel d’activité

porteuse de revenus suffisamment appréciables ?

Dans l’hôtellerie, les réservations des Tours Opérateurs repartent sous condition d’annulation sans

frais. Cette tendance juillet-août s’est tarie suite aux conditions sanitaires imposées (Tests PCR,

isolement volontaire à l’aller et au retour) ?

Début juillet 2021, les décisions des ménages et les réservations pour les vacances d’été sont déjà

prises pour les Hexagonaux.

Les Outre-mer après avoir perdus une demie haute saison en 2020, puis une haute saison complète

en 2021, se doivent de regarder la situation avec réalisme, et non de fantasmer, car d’ores et déjà, la

haute saison 2021/2022 est très sérieusement compromise.

2) La demande ou l’appétence aux voyages.

C’est la demande des voyageurs qui commande le nombre de sièges offerts par les compagnies, en

respectant les mesures de distanciation.

L’appétence des voyageurs devient d’autant plus faible que les contraintes qui leur sont imposées

deviennent plus fortes et que le temps prévisionnel d’organisation de leurs vacances est court : ce qui

précède conditionne les perspectives de ces deux prochains mois.

3) La situation Guadeloupéenne

Dans un climat sanitaire anxiogène pour beaucoup de personnes dans l’hexagone, et face à l’intensité

de l’offre médiatique pour des vacances de proximité, tout message négatif relatif aux Outre-mer

(CHU, variant delta, sismicité, cyclones, - images de la destruction de la digue de la Toubana -), ne

font qu’aggraver toute perspective d’embellie des arrivées aériennes, et à cet égard on doit s’interroger

sur l’insistance des médias hexagonaux à parler négativement de notre destination ?

Si la saisonnalité des Outre-mer n’est malheureusement pas prise en compte dans les perspectives

gouvernementales négatives de diminution progressive des mesures économiques compensatoires

existantes, de très nombreuses entreprises antillaises n’auront pas la trésorerie suffisante pour

maintenir leurs emplois et (ou) leur activité jusqu’à la prochaine haute saison touristique, contrairement

aux entreprises de l’hexagone qui viennent d’entrer dans leur haute saison.

En outre, une campagne médiatique nationale devrait être mise en place pour rétablir une balance en

faveur des Outre-mer, dont le fléau a inégalement trop lourdement pesé, pour inciter aux vacances de

proximité dans l’hexagone.

Le projet de mise en service en 2022 du nouvel hôpital de la Guadeloupe, considéré selon le site de la

préfecture de la Guadeloupe comme le plus moderne de France, pourra servir de support à une

communication positive.

4) Les chiffres (observatoire du tourisme et aéroport Pôle Caraïbe Guadeloupe)

Nous avons souligné supra la nécessité d’obtenir de l’observatoire régional du tourisme et de l’aéroport

Pôle Caraïbe Guadeloupe des chiffres clairs et fiables, régulièrement et obligatoirement publiés sur le

Net, il n’est pas nécessaire de s’étendre plus longuement sur ce sujet.

Ajoutons cependant que l’on pourrait s’interroger utilement sur le nombre et le coût des agents

travaillant dans les collectivités et EPIC (CTIG, CARL avec ses Bureaux touristiques, …) et leur

productivité réelle à l’ère du numérique ? Combien d’entre nous, quand ils sont en voyage, se rendent

physiquement dans un office communal de tourisme pour s’informer par rapport à ceux qui utilisent le

net ?

5) Les perspectives

Septembre est traditionnellement un mois d’activité creux.

Les perspectives à court terme concernaient donc juillet et août.

Nous sommes à mi-août. Des affinitaires sont arrivés sans contestation possible. Leur impact sur

l’économie et les emplois est très relatif.

La fréquentation hôtelière a légèrement augmenté, mais le C.A. total à fin juin 2021 est en retard de :

- 40 % / à 2020 et de

- 65 % / à 2019 et de

- 67 % / à 2018

À la mi-août, on constate qu’il n’y a pas eu de rebond.

Ne nous berçons pas d’illusions, l’année 2021 sera plus catastrophique encore que 2020.

D’ores et déjà, la haute saison 2021/2022 est très compromise, et comme le haute-saison dans les

Outre-mer représente une part importante du CA annuel, il est prévisible que l’activité économique

2022 des industries touristiques en Outre-mer sera au mieux médiocre.

Les compagnies aériennes, ne prévoient pas de retour à la « normale » avant 2025.

Au risque de nous répéter, si les mesures compensatoires mises en place par le gouvernement venaient

à être réduites prématurément, nous assisterions alors très probablement à de nombreuses fermetures

d’entreprises et pertes d’emplois.

6) Des solutions à examiner.

Outre des suggestions déjà exposées supra, un vrai plan de relance économique et social devrait être

mis en place et devrait, a minima, concerner :

- La Loi de Finance pour 2022 (prolongation de la LODEOM, incitations fiscales aux

investissements, diminution du coût du travail)

- La révision de l’utilisation actuelle des taxes affectées pour respecter la volonté originelle du

Législateur,

- Le contrôle national des taux municipaux de taxes afin d’éviter, par exemple, que la disparition

de la taxe d’habitation permanente ne suscite des vocations de hausse du taux des taxes

foncières bâties et non bâties à titre compensatoire,

- Un vaste plan d’investissement régional par la publication d’un plan d’investissement

prévisionnel destiné à améliorer l’attractivité du territoire,

- Une volonté de former aux emplois en tension qui manquent de candidats compétents dans les

emplois vacants des secteurs en tension (restauration et plus généralement les services).

7) Pour conclure :

Nous nous sommes abstenus volontairement d’aborder les canons à la mode faute de les étayer par

des données chiffrées. L’incantatoire est inutile à ce sujet. Nous faisons référence :

- Tourisme Vert,

- Tourisme Bleu,

- Écologie, économie décarbonnée, mobilité,

- Développement durable,

- Meilleure indépendance énergétique, en particulier électrique, par le développement

géothermique, particulièrement prometteur en Guadeloupe, et pourtant bien insuffisamment

exploité, alors que plus producteur d’énergie que le solaire et l’éolien. Le solaire en toiture

devrait se développer en respectant l’esthétique attractive qui se doit de développer un territoire

touristique. Nous exprimons nos réserves sur les réalisations de solaire au sol qui obère des

surfaces foncières importantes et participe aux nuisances visuelles… Nous sommes encore plus

réservés sur l’éolien, qu’il soit au sol ou maritime. À cet égard, un sondage des habitants de la

Désirade et de leurs visiteurs nous semble utile afin de juger de sa cohérence avec un

développement touristique ?

- Octroi de mer qui est indéniablement un facteur de vie chère et qui n’a pas été mis en place à

l’origine pour le financement des collectivités, mais pour protéger la production locale. Ce qui

apparait aujourd’hui bien contestable si l’on examine la longue (trop) liste des produits

concernés.

- Nous laissons les sujets des canons à la mode à ceux qui, n’étant pas exploitants directs

d’activités touristiques, affectionnent pourtant d’en parler abondamment, et écartons

également l’examen de certains prétendus spécialistes de la santé qui se plaisent à parler, voire

à imposer leur vision du monde.

-

- Il est vrai, disait Surcouf, « Qu’on parle toujours de ce qui vous manque le plus », que ce soit

d’Argent, d’Honneur, d’Excellence, de Culture, de Connaissance d’un sujet, ajouterons-nous.

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Appel à vos commentaires