Objet : Le tourisme dans les Outre-mer
Réflexions : Que proposer pour faire évoluer le modèle économique actuel en Outre-mer afin de créer un plus grand
dynamisme du secteur touristique, porteur de plus d’emplois et de richesses ?
Sommaire
I. Préambule
II. COVID 19
III. Comment construire une stratégie efficace pour les Outre-mer français ?
1) Idées fausses
2) La stratégie proposée
3) Les propositions concrètes
IV. Observations synthétiques
V. Taxes de séjour
VI. Que pourrait-on raisonnablement envisager ?
1) L’État Français
2) Les Régions
3) Les entreprises
4) Les travailleurs salariés.
VII. Situation actuelle :
- 1) L’aérien
- 2) L’image des Antilles (cyclones, manque d’eau, grèves) et la nécessité de faire une promotion
nationale spécifique et vigoureuse, pour inciter à venir en Outre-mer,
- 3) La demande ou l’appétence aux voyages,
- 4) La situation Guadeloupéenne
- 5) Les chiffres (observatoire du tourisme et aéroport Pôle Caraïbes Guadeloupe)
VIII. Les perspectives
IX. Des solutions à examiner
______________________
Monsieur le Président,
I. Préambule :
La Guadeloupe a trois piliers économiques porteurs principaux :
- Le BTP (Bâtiment et Travaux publics),
- Le Tourisme (multisectoriel),
- La dépense publique.
Ce dernier pilier est important (excessivement ?) par rapport aux deux premiers.
Vouloir renforcer les piliers BTP et Tourisme implique une réelle volonté politique d’adaptation aux
changements nécessaires. Le conservatisme en la matière est assurément la promesse et le ferment de
troubles sérieux qui ne manqueront pas d’intervenir sans attendre bien longtemps.
La FEDOM saura-t-elle ouvrir un chemin novateur, tout en sachant que bousculer l’habituel pour innover
est moins confortable et plus critiquable que de ne rien faire ?
Vouloir aborder aujourd’hui le problème du tourisme au plan général, comme au plan particulier des outremer,
est un défi d’une grande ampleur.
Car il s’agit d’embrasser, dans un ensemble, le structurel et le conjoncturel sans pourtant s’y perdre.
Le conjoncturel est conditionné presque exclusivement par la crise sanitaire du COVID-19.
II. COVID 19.
Nous ne sommes ni médecin, ni biologiste, ni sachant auto-proclamé ou membre d’un comité dont les
membres auraient été cooptés pour éclairer doctement les « non-sachants supposés » dans la masse
populaire.
Nous n’avons que notre modeste raison et notre simple bon sens, s’appuyant sur quelques concepts, comme
le respect de la liberté individuelle qui ne peut être bafouée au nom d’une liberté sociale à étayer, la liberté
individuelle ne pouvant être étouffée au nom de contraintes collectives non approuvées par referendum, ou
le principe hippocratique : avant tout, « ne pas nuire » !
Nous préférons par éthique le convaincre au contraindre, l’agrément volontaire, au punitif et répressif.
Il y a nous semble-t-il une balance à mesurer entre les bénéfices et les inconvénients d’une vaccination
généralisée, et au vu des positions divergentes qui s’expriment à ce sujet avec persévérance depuis plusieurs
mois maintenant, cette balance relève incontestablement du choix personnel. Il ne nous semble pas
acceptable que l’obtention du consentement à la vaccination, puisse être imposé autoritairement.
Faut-il rappeler que l’Organisation Mondiale de la Santé déconseille l’adoption d’un passeport sanitaire,
tout comme l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe ?
Ce faisant, nous avons bien conscience de ce choix marginal dans une société qui a une peur irraisonnée
de la maladie et de la mort, jusqu’à la moindre bactérie ou le moindre virus, qui font pourtant partie, depuis
que le monde est monde, de notre environnement et de notre intégrité corporelle.
Personne semble-t-il, ne peut affirmer que les vaccins protègent avec une totale efficacité, la situation
d’ISRAËL depuis Mai 2021 le démontre. L’utilité et l’efficacité du vaccin interrogent plus d’un, y compris
des spécialistes en biologie virale. La déclaration en date du 12 juillet 2021 du Président de la République
Française conforte cette appréciation puisqu’il a déclaré que les vaccinés ayant reçus deux doses en janvier
et février de l’année, devraient recevoir maintenant une troisième dose…
"La vaccination ne permet pas d'éviter toutes les infections (...). Il faut maintenir les gestes barrières",
a également assuré sur Twitter Rémi Salomon, président de la commission médicale des Hôpitaux de
Paris.
Il semblerait donc que l’objet premier et peut-être essentiel de la vaccination soit de rassurer les autres ?
Dans une Gaulle dont le symbole est un coq, peut-être est-il plus compréhensible qu’ailleurs que certaines
personnes y aient une inclinaison à ressentir comme la poule, une peur instinctive et donc aient des
comportements appropriés ? Nos voisins et amis Helvètes, quand bien même ils auraient appartenu par le
passé à la Gaulle s’en sont assurément émancipés aujourd’hui, quand on les observe.
Que l’on nous comprenne bien :
« Nous ne sommes pas contre la vaccination en général, et nous reconnaissons qu’elle a terrassé la
poliomyélite, le tétanos (BCG), la fièvre jaune entre autres, et dans le cas COVID son rôle rassurant pour
une catégorie de la population.
MAIS les plus hautes valeurs morales nous imposent le respect des autres. Chacun est propriétaire de son
corps et en est pleinement responsable, de la nourriture qu’il ingère, à l’hygiène qu’il choisit ou que les
événements de la Vie lui imposent. Le respect fondamental de la Liberté individuelle nous interdit
d’imposer à quiconque quoi que ce soit dans cette éthique, et les prescriptions administratives s’arrêtent à
la frontière charnelle. Au-delà se situent la persécution et la torture.
Nous avons bien compris qu’à défaut de n’avoir pas rendu la vaccination obligatoire contre le Covid-19, le
pouvoir a choisi la stratégie de contraintes maximales à imposer aux non vaccinés, afin de les engager à se
soumettre. De notre point de vue, c’est une maladresse de chercher à contraindre plutôt qu’à convaincre, et
cette dernière solution aurait très probablement eu plus de chances d’entrainer l’adhésion d’indécis.
Le punitif et le répressif ne sont jamais la meilleure solution, et à cet égard, l’annonce par M. Le Président
de la République d’une amande de 45.000 € en cas de défaut de contrôle du « passeport sanitaire », montant
jugé excessif par le Conseil d’État qui l’a ramené à 1.000 € témoigne d’un désaveu du Chef de l’État par
cette cours suprême.
"Là où il y a le passeport sanitaire" anti-Covid-19, les personnes "pourront enlever le masque", a déclaré
mardi 13/07/2021 sur RTL le ministre de la Santé, Olivier Véran.
Selon lui, le masque ne s'y impose plus car le passeport sanitaire implique "qu'on est sûr que toutes les
personnes qui rentrent sont vaccinées complètement ou ont un test très récent qui est négatif".
La très respectée épidémiologiste Dominique Costagliola dit avoir appris cette mesure "avec stupeur".
"C'est une mauvaise idée", a-t-elle asséné sur France Inter. "Il faudrait avoir ceinture et bretelles pour
essayer de combattre cette épidémie, et ne pas enlever certaines mesures quand on en met d'autres en
place".
"Cette décision interdit l'accès de ces lieux aux 250.000 personnes immunodéprimées sévères,
détentrices du passeport sanitaire, vaccinées trois fois, mais à très haut risque et mal ou non protégées
par la vaccination, qui ne peuvent compter que sur les masques portés par tous", a de son côté protesté
Renaloo, association de dialysés et greffés du rein.
D'autant que la découverte d'un cluster de 81 cas positifs après trois soirées techno organisées mi-juillet
dans un club de Bordeaux a jeté un doute sur l'efficacité des contrôles du passeport sanitaire.
Est-il nécessaire d’ajouter un commentaire à toutes ces prises de positions controversées ?
Nous ne nous engagerons donc pas sur le terrain de la vaccination, entre les partisans qui la voudrait
généralisée, voire obligatoire, et ceux plus modérés qui jugeant que leur terrain corporel est sain, se gardent
prudemment, - tout en ayant conscience qu’il n’y a pas de vérité révélée en la matière -, d’intégrer dans le
corps qui leur appartient, toute substance nocive ou susceptible d’engendrer des effets secondaires à terme
(comme favorisant par exemple obésité). Cela relève, jusqu’à aujourd’hui de la liberté de jugement et de
choix de chacun, même si l’histoire nous rappelle douloureusement qu’il y eut parfois des stigmates
imposés.
Nous espérons ne jamais les revoir, et que personne ne sera conduit demain à épingler sur sa poitrine une
étoile de couleur portant l’inscription « Non Vacciné ».
Si « La Peste » d’Albert Camus a donné lieu à de multiples lectures allégoriques, elle décrit avec précision
toutes les étapes de la montée d’un fléau qui s’abat sur une société prise au piège, résonnant ainsi de manière
très singulière en ces temps de pandémie.
Albert Camus ne décrit il pas le sentiment général d'une société industrielle qui fonctionne parfaitement en
apparence - ainsi que les rescapés de la maladie - mais qui est privée de toute âme, et qui ne sait plus vers
où se diriger ? « La peste avait supprimé les jugements de valeur. Et cela se voyait à la façon dont le plus
grand nombre acceptait tout en bloc. »
En tant qu’organisation professionnelle, force-nous est cependant, de nous interroger sur le virus et les
« pestiférés » éventuels d’aujourd’hui.
Jusqu’où iront les décisions de nos gouvernances ? Faudrait-il couper le membre infesté contre la volonté
du malade ?
Des pays à fort taux de vaccination vivent cependant des reprises de foyers épidémiques, et d’autres comme
la Suisse, sans avoir jamais arrêté ses activités économiques, vit une situation plus sereine que la France.
Devrons-nous licencier ces soignants que l’on applaudissait hier pour leur dévouement et leur courage ?
Devrons nous mettre à l’index ceux qui refusent de se soumettre à une décision d’un non-sachant au motif
qu’il aurait reçu la connaissance, révélée du fait d’une élection à faible participation, comme d’une onction
divine ?
Devrons nous licencier des salariés compétents de nos établissements recevant du public (ERP), sur
injonction réglementaire, alors que nous manquons de personnels formés ?
Et s’il fallait injustement les licencier demain, qui paierait les indemnités de licenciement ? L’ÉTAT ?
Les industries touristiques peuvent-elles renaître, sans méfiance ni défiance, ouvertes sur les autres, dans
un environnement qui cherche à stigmatiser certains, et qui, loin d’être un creuset d’union dans ce que
devrait être une NATION, est au contraire une pierre d’achoppement entre individus et structures ?
Nous pensons que ces questions méritent d’être posées, et nous les posons calmement, sans dogmatisme,
soucieux de la primauté individuelle sur le comportement collectif, même majoritaire.
Sodome peut renaître de ses cendres, mais ainsi que le disait Gandhi, « ce n’est pas parce que l’erreur se
propage et se multiplie, qu’elle devient vérité ». À chacun sa vérité (Luigi Pirandello).
Nos réflexions ne sont pas neutres, dans la mesure où dans nos métiers de services, il y a au plan national
150.000 postes à pourvoir, faute de trouver des compétences, et les motivations nécessaires.
Devrons-nous en plus bientôt, face au manque de compétences dans les emplois de services, se priver des
compétences de ceux qui sont actuellement en poste, au motif qu’il faudrait les licencier sur injonction
administrative ?
Va-t-on demain licencier les policiers, les gendarmes, les militaires, les pompiers ? Fera-t-on des
discriminations entre ces catégories, et quelles seraient les justifications de ces discriminants ?
Pour revenir à nos métiers, les constats supra conduisent pour le moins, à deux constats :
- Malgré des dépenses de formation importantes au plan national, nous manquons de salariés formés
avec compétences dans nos emplois de services.
- Les métiers de services ne peuvent se satisfaire d’une durée de travail hebdomadaire de 35 heures,
car compte-tenu du coût du travail, il faudrait à titre d’exemple, avoir deux cuisiniers/jour dans un
restaurant, ce qui conduit à des coûts de main d’oeuvre, donc par extension à des prix de vente de
repas, qui ne sont pas compatibles avec la demande et l’acceptation des clients.
- Le coût du travail, et le temps de travail, s’ils ne sont pas reconsidérés, vont conduire, à bref terme,
à une modification profonde des services tels que nous les avons connus jusqu’ici : seuls
subsisteront les services de luxe et de bas de gamme : (restauration rapide et hébergements à bas
prix). Le secteur des services intermédiaires disparaîtra avec les emplois correspondants, et la
caractéristique patrimoniale, gastronomique et culturelle française en sera profondément affectée.
-
La question sanitaire est certes importante, mais peut-elle focaliser toute la pensée de la Gouvernance au
point d’occulter les réalités et les nécessités économiques et sociales ?
Abordons maintenant le structurel.
Le Secrétaire Hexagonal de l’UMIH Guadeloupe, Yves Brossard nous livre des observations et
interrogations qui selon nous méritent réflexions :
III. Industries touristiques : comment construire une stratégie efficace pour les
Outre-mer français ?
1) Idées fausses
2) La stratégie proposée
3) Les propositions concrètes
1. Les idées fausses ou obsolètes qui obscurcissent la réflexion
- Idée fausse : les investissements dans les industries touristiques bénéficieraient avant tout aux visiteurs.
Pas du tout, on peut au contraire estimer que la population des résidents permanents en est la principale
bénéficiaire ; ceci est encore plus vrai dans les Outre-mer, car les résidents des Outre-mer ne peuvent
s’évader en voiture en fin de semaine, ou pendant les vacances scolaires, que dans leur département !
Contrairement à ce qui se passe en métropole.
- Idée fausse : le soutien par les pouvoirs publics des entreprises de transport aérien bénéficierait avant tout
aux visiteurs. Faux, on peut au contraire estimer que la baisse considérable du prix du transport aérien
depuis et vers les Outre-mer, depuis les années 1990, a largement bénéficié à la population des résidents
permanents ; cette baisse étant liée au développement de la concurrence sous l’effet de la croissance
régulière du nombre de visiteurs.
- Idée fausse : les offices de tourisme sont utiles. Non, ils représentent les vestiges d’une politique ayant
débuté en 1910, qui s’est accélérée dans les années 1960 ; utiles autrefois, ils ont perdu tout intérêt depuis
le développement massif d’internet qui propose, à tout moment et en tous lieux, un volume et une qualité
d’information très supérieurs à ceux qu’aucun office du tourisme ne saurait offrir ; avec au surplus une
information actualisée en temps réel.
- Idée fausse : les offices de tourisme, par leurs campagnes de communication, sont utiles. Rien n’est
moins vrai, et la caricature a atteint son paroxysme pendant la crise sanitaire : on a dépensé l’argent public
français, pour attirer des français venant d’autres régions françaises, donc pour retirer des clients à d’autres
régions françaises ; donc on fabrique des balles pour se tirer dessus entre français !!! Il faudrait mettre un
terme à cette folie : que les opérateurs privés dépensent leurs ressources comme ils l’entendent, c’est
concevable ; mais il faudrait interdire les campagnes de communication à destination des français,
lorsqu’elles sont financées par des ressources publiques ; cette règle ne serait pas applicable aux Outre-mer
du fait de leur éloignement géographique, qui les rend comparable à une destination dite « long-courrier ».
- Idée fausse : les taxes affectées de non-domiciliation permanente (dites improprement « taxes de
séjour temporaire ») sont utiles dans les Outre-mer. Pas du tout, elles sont totalement inutiles puisque :
d’une part, 95% des dépenses des offices de tourisme constituent des dépenses de fonctionnement, de plus
le service est moins bien assuré que par le canal du Web ; d’autre part, parce que le service qu’ils offrent
ne répond plus à la demande des visiteurs et est déjà fourni surabondamment, en amont par les hébergeurs
et prestataires professionnels, ainsi que par le Web et les éditeurs de guides touristiques ; pour s’en
convaincre, il suffirait de proposer à la vente un guide touristique édité par un office du tourisme et d’en
comparer les ventes à des particuliers par rapport aux ventes du Guide du Routard, du Guide Bleu, du Guide
du Petit Futé, Ulysse, Lonely Planet, etc.
- Idée fausse : les taxes affectées optionnelles de non-domiciliation permanente (dites improprement
« taxes de séjour temporaire ») ne peuvent être votées que par les communes touristiques. Oui, c’est vrai,
mais le législateur a « tordu » le droit, de sorte que les communes françaises sont quasiment toutes devenues
des « communes prétendument touristiques » par le biais de cavaliers budgétaires qui ont radicalement
modifié le code du tourisme et le code général des collectivités territoriales ; bientôt, il suffira qu’une
commune soit française pour qu’elle soir réputée « touristique » !
- Idée fausse : la création des offices de tourisme intercommunaux va améliorer leur efficacité. Faux, d’une
part parce que le lobby des maires a conduit au maintien des offices de tourisme communaux, parfois de
plein exercice, parfois simplement renommés « bureaux d’information touristique » ; d’autre part parce
que leurs moyens financiers et leur territoire ayant augmenté, les offices de tourisme intercommunaux sont
tentés de se positionner dans un rapport de compétition, inepte et stérile, avec les comités régionaux de
tourisme ; avec une pseudo coordination qui n’existe absolument pas dans les faits.
- Idée fausse : les classements administratifs, sous forme d’étoiles, et accordé pour 5 ans aux établissements
d’hébergement temporaire contribuent à une meilleure qualité d’information des visiteurs. Non, la seule
réelle information de qualité est celle des notations des établissements par les clients eux-mêmes, publiées
sur internet par les plateformes de réservation, avec une actualisation en temps réel et non tous les 5 ans.
- Idée fausse : les professionnels des industries touristiques participent à l’élaboration des politiques de
fonctionnement et/ou de développement des industries touristiques. C’est totalement faux, bien au contraire
les professionnels des industries touristiques sont de plus en plus ostracisés, et n’ont plus aucun pouvoir
d’inflexion de la moindre politique liée aux industries touristiques, ce qui n’était pas du tout le cas autrefois.
- Idée fausse : l’État est un acteur majeur des politiques de développement des industries touristiques.
C’était vrai dans les années 80 et 90. C’est tout le contraire aujourd’hui, et l’État a clairement déclaré que
son rôle était désormais « subsidiaire », sans en tirer d’ailleurs la conséquence logique qui serait la
suppression du secrétariat au tourisme, et le retrait de sa vitrine trompeuse qu’est le GIE de droit privé
dénommé Atout France, dont les professionnels sont en réalité absents ;
- Idée fausse : l’État a clarifié les responsabilités des collectivités locales en matière de gouvernance des
politiques de développement des industries touristiques. C’est tout le contraire, l’État n’a toujours pas
révisé le code du tourisme dans le sens d’un partage clairement défini des responsabilités des Régions, des
Départements, des Intercommunalités et des Communes. L’État « subsidiaire » n’ose pas franchir le
Rubicon.
- Le GIE (Groupement d’Intérêt Économique) de droit privé Atout France est en capacité de servir l’intérêt
public. C’est très éloigné de la réalité car ce GIE n’a aucune capacité de faire évoluer la législation, aucune
capacité d’investissement, et ne parvient même pas à assumer la responsabilité pour laquelle il a été conçu
: développer les ventes à l’international ; à telle enseigne que sa politique dérive de plus en plus vers le
national, et est dépourvue de tout outil de mesure de performance ; utile et performant lors de sa création,
ce GIE est devenu une sorte de façade masquant l’absence de politique gouvernementale.
2. La stratégie proposée
- Singulariser la politique de développement des industries touristiques dans les Outre-mer ; c’est-à-dire
créer un cadre juridique et fiscal nouveau et spécifique aux Outre-mer pour les industries touristiques ;
- Mener cette politique de manière expérimentale pendant 5 ans à la Guadeloupe, avant de la généraliser
ensuite, le cas échéant, avec les adaptations nécessaires, à l’ensemble des Outre-mer ;
- Gérer le foncier à vocation industrielle touristique, et/ou écologique, sur le long terme, mobiliser le foncier
improductif détenu par les collectivités, acquérir le foncier essentiel, valoriser le foncier constituant les
points névralgiques des industries touristiques ;
- Créer les conditions pour multiplier les créations d’entreprises grâce à la rationalisation des
investissements publics structurants, à la réduction très sensible des coûts d’investissements initiaux pour
les exploitants commerciaux, en ne faisant supporter aux futurs entrepreneurs que les coûts
d’investissement dans le second oeuvre ;
- Créer les conditions pour multiplier les créations d’entreprises grâce à la mise en place d’espaces
touristiques aménagés collectifs permettant une baisse sensible des coûts d’exploitation, par la
concentration concertée, et la mutualisation de certains services (exemples : piscines communes,
gardiennage commun, garderie d’enfant commune, terrains de sport ou de jeux communs, salles de jeux,
de réceptions ou de séminaires communes, services de petit-déjeuner commun, services de navette aéroport
commun, etc) ; l’adhésion aux services communs serait parfois obligatoire, et parfois non obligatoire ; Rappelons que, par le passé l’hôtel Anchorage (350 chambres et appartements à St François en
Guadeloupe) a déposé le bilan, ce qui a entraîné des ventes « à la découpe » et la disparition d’un outil
hôtelier situé sur un site majeur en Guadeloupe ; N’aurait-il pas été possible de concevoir que la collectivité s’approprie les parties communes, et que, pour
les unités d’hébergement elles-mêmes, soient créés des lots de copropriété, représentant chacun un
minimum de 35 chambres (par exemple), destinés à trouver des repreneurs de ces lots de copropriété ? Ces
repreneurs auraient été plus facile à trouver pour des lots de copropriété réduits, plutôt que pour un seul lot,
d’autant plus que les charges de copropriété auraient été réduites pour chaque lot de copropriété, du fait de
la mutualisation (gardiennage, entretien des jardins, garderie d’enfants, …). Cette mutualisation des parties
communes d’espaces touristiques aménagés favoriserait des créations d’entreprises pour des repreneurs
ayant des moyens financiers plus réduits, et créerait une concurrence salutaire entre eux ;
- Générer la confiance des banquiers et des futurs entrepreneurs par le seul effet de l’engagement à risque
et à long terme pris par les collectivités locales, et par la capacité de retrouver facilement un successeur ou
un repreneur du fait de l’abaissement des montants investis.
- Générer des revenus à long terme pour les CDIT, successeurs de comités régionaux de tourisme,
(explication infra), qui favoriseront les réinvestissements futurs dans le secteur des industries touristiques.
3. Des propositions concrètes
- Supprimer les bureaux d’information touristique et transformer les offices de tourisme intercommunaux
en agences d’organisation d’événements dont les budgets seront accordés par le Comité régional de
tourisme, transformé en CDIT (explication infra) ;
- Dans les Outre-mer, retirer aux départements, aux inter-communalités, et aux communes toute
« compétence tourisme » directe, telle que visée dans le code du tourisme ; mais intégrer leurs représentants
délégués au sein des Comités régionaux de tourisme transformés en CDIT ;
- Réformer les Comités régionaux de tourisme afin d’y intégrer une représentation des communes, des
inter-communalités, du département, en sus de la région, en parallèle de la suppression des offices de
tourisme inter-communaux; les Comités régionaux de tourisme deviendraient des Comités de
développement des industries touristiques (CDIT), dont le périmètre d’action serait celui de l’ensemble du
territoire Outre-mer desservi par un aéroport international ; en présence de deux aéroports internationaux,
il y aurait deux CDIT, etc ;
- Restituer à l’État un rôle d’acteur opérationnel par sa participation au CDIT, ainsi que par une nouvelle
autorité consentie aux préfets de créer des unités touristiques nouvelles (UTN), comme cela est prévu pour
les zones de montagne en métropole. L’État ne peut plus accepter de supporter les dépenses liées au
chômage structurel sans chercher des solutions opérationnelles de création d’emplois via la mise en oeuvre
des conditions du développement des industries touristiques. La présence de l’État est également
nécessaire, soit pour jouer le rôle d’arbitre entre les collectivités, soit pour assumer des décisions
impopulaires, notamment en matière de PLU, que les collectivités hésitent à prendre ;
- Restituer aux professionnels des industries touristiques la place importante qu’ils avaient autrefois, en
prenant soin d’organiser par la loi le niveau de leur représentation selon le poids qu’ils représentent en
termes d’emplois et de capitaux investis non délocalisables ; limiter la capacité de représentation aux seules
organisations professionnelles dont l’existence est mesurable, et publiée en termes d’emplois et
d’évaluation des investissements réalisés sur le site web officiel de l’organisation, dont la liste des membres
serait publiée sur ce même site officiel, et dont les P.V. d’assemblées générales annuelles et extraordinaires
seraient également publiés sur internet ;
- Supprimer les taxes affectées de non-domiciliation permanente (dites improprement « taxes de
séjour temporaire ») parce qu’elles sont insuffisantes, parce qu’elles sont très difficiles à collecter, parce
qu’elles ne sont pas contrôlées par le Parlement, parce qu’elles constituent un impôt de production, parce
qu’elles représentent le vecteur de cavaliers budgétaires inacceptables, et répétés annuellement, parce
qu’elles sont supportées uniquement par les hébergeurs, et essentiellement par les hébergeurs
professionnels, parce qu’elles sont supportées uniquement par les hébergeurs qui ne représentent que 15%
du budget de dépenses des visiteurs, parce que les autres acteurs des industries touristiques ne la supportent
pas alors qu’ils représentent 85% du budget de dépenses des visiteurs dans les îles des Outre-mer, parce
que la population des résidents permanents ne supportent aucune taxe similaire alors qu’ils bénéficient des
investissements touristiques tout autant sinon plus que les résidents temporaires ; parce que les résidents
permanents ne supportent plus l’ex taxe de domiciliation permanente (taxe d’habitation), parce qu’il existe
déjà un outil de collecte beaucoup plus efficace, et qui peut se substituer à la taxe de non-domiciliation
permanente : la taxe d’embarquement aérien et maritime ;
- Augmenter les recettes destinées à financer une partie des besoins de financement publics liés aux
industries touristiques, en remplaçant la taxe affectée de non-domiciliation permanente (dite improprement
« taxe de séjour temporaire ») par la taxe d’embarquement ou de débarquement, collectée par l’État, qui la
reversera directement aux CDIT ;
- Prévoir - par la loi - l’obligation pour les CDIT de consacrer au moins 60% ou 70% des recettes à
l’investissement structurant et générer à terme, pour les CDIT, des recettes pérennes grâce aux
investissements réalisés ;
- Baisser les taxes dites « aériennes », pour les Outre-mer, par exemple la taxe dite « Chirac » (puisque
d’une certaine manière le sous-emploi dont sont affectés les Outre-mer justifie à lui seul une aide au
développement, spécifique aux Outre-mer, au même titre que d’autres régions du monde), de telle sorte
que les compagnies aériennes desservant les Outre-mer ne soient pas pénalisées et n’aient pas à souffrir la
moindre augmentation du montant global des taxes « aériennes » par le biais de la taxe d’embarquement
ou de débarquement ;
- Mettre en oeuvre les outils nécessaires pour économiser les réserves foncières destinées aux industries
touristiques des générations futures et utiliser intelligemment les réserves actuelles, ou acquises, pour
favoriser la création d’exploitations nouvelles ; créer un droit de préemption, sur les immeubles ou terrains,
au bénéfice des CDIT ;
- Mettre fin au « saupoudrage touristique » en supprimant les aides fiscales à l’investissement, sauf pour
les développements nouveaux réalisés dans les zones aménagées par les CDIT, dans des périmètres limités
géographiquement, dotés d’un cahier des charges (notamment architectural), et approuvés par les CDIT et
les préfets ; l’aide fiscale serait maintenue pour la rénovation des seuls établissements d’hébergement
temporaire existants et enregistrés au R.C.S. ; en contrepartie de la suppression partielle des aides fiscales
à l’investissement dans les industries touristiques, il y aurait une suppression de la taxe foncière pour les
établissements d’hébergement temporaire existants et enregistrés au R.C.S., et pour les développements
nouveaux réalisés dans les zones aménagées par les CDIT, approuvées par le préfet ;
- La suppression de la taxe foncière est quasi de fait depuis près de 15 ans, via la LODEOM et ses avatars,
donc la perte de recettes publiques serait insignifiante ; et elle serait largement compensée par les effets
mécaniques de l’amélioration très sensible de la qualité des « produits d’hébergement » à usage d’hôtel,
qui deviendraient compétitifs sur les marchés internationaux. L’objectif serait que les unités d’hébergement
hôtelières (chambres ou appartements prévus pour 2 adultes) aient une surface minimale de 50 m2 pour un
standard de 5 palmiers, 40 m2 pour 4 palmiers, 33 m2 pour 3 palmiers, 28 m2 pour 2 palmiers, 25 m2 pour
un palmier (les palmiers étant attribués par les tour-opérateurs professionnels).
L’amélioration de l’offre touristique ne passe pas par des « classements administratifs » mais par la surface
des unités d’hébergement, et leurs aménagements.
La taxe foncière est le frein majeur à l’amélioration de l’offre ; et il est difficilement concevable de ne pas
appliquer aux industries touristiques ultra-marines à très forte capitalisation, une taxe foncière spécifique,
de même nature que celle accordée aux industries métropolitaines françaises, quelle que soit leur nature
industrielle ; sans compter que les industries touristiques représentent quasiment la mono industrie d’avenir
des Outre-mer.
Ne jamais oublier que les coûts d’entretien des immeubles dans les Outre-mer sont au moins cinq fois
supérieurs aux coût équivalents en métropole ; la taxe foncière étant une dépense annuelle, sa suppression
pour les établissements enregistrés au R.C.S. viendrait compenser en partie les surcoûts d’entretien ; le cas
échéant, la défiscalisation sur les travaux de rénovation pourrait être abandonnée en cas de suppression de
la taxe foncière, avec clause de retour à la défiscalisation si les taxes foncières étaient restaurées ;
- Accorder aux CDIT, et aux préfets (par une position exprimée publiquement et indépendamment des
CDIT), un droit de veto sur la part des PLU réservée aux industries touristiques ; les permis de construire
de changement de destination seraient délivrés conjointement par les préfets et les CDIT ;
- Publier systématiquement et simultanément toutes les décisions et tous les documents (produits, loués, ou
achetés par le CDIT), sur les sites internet officiels de chacune des collectivités participantes au CDIT,
ainsi que sur les sites internet officiels de chacune des représentations professionnelles ; prévoir un régime
de sanction en cas de non-publication sur internet dans les délais prévus, qui pourrait être la suspension des
droits de vote jusqu’à réalisation de la publication.
Fin de la contribution d’Yves Brossard.
Nous avons estimé ces réflexions dignes d’être portées intégralement à la connaissance du lecteur, sans
ajout ni retrait.
IV. Observations synthétiques
Cette contribution souligne un certain nombre de points structurels que nous souhaitions aborder :
- Représentation professionnelle virtuelle, plus que réelle, dans les instances dites représentatives
dans lesquelles les professionnels non cooptés par le pouvoir politique font office de figurants sans
aucun poids expressif.
- Ceci jusqu’aux plus hauts niveaux, puisqu’il nous apparait que le comité interministériel de filière
touristique, où est représentée l’UMIH nationale, ainsi que les Outre-mer, avec un représentant de
l’île de la Réunion, et un autre de Guadeloupe, ne nous fait pas parvenir de compte-rendu ou de
relevés de décision, depuis sa création, ce qui ne manque pas d’interpeller sur son fonctionnement :
s’agit-il simplement d’une instance d’échange sans plus entre ses membres ?
- Soutien vital du transport aérien pour les Outre-mer,
- Utilité réelle des Offices de tourisme et bureaux d’information touristiques,
- Dépenses de promotion touristiques,
- Pertinence du classement administratif aujourd’hui,
- Conséquences des incohérences entre le Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT) et le
Code du Tourisme (CT),
- Perte d’efficacité due à l’éparpillement des responsabilités touristiques sources de dépenses
publiques sans l’efficience qu’on serait en droit d’attendre des dépenses,
- La classification qui serait nécessaire des fonciers suivant leurs vocations, agricole, immobilière,
touristique, afin de mettre en oeuvre une véritable vision de territoire et non une vision communale,
ce qui implique un réexamen du devenir des PLU actuels et de leur gestion,
- L’adaptation des dépenses aux recettes, et la limitation des dépenses de fonctionnement en faveur
d’investissements structurants attractifs,
- La prise en compte des saisonnalités Outre-mer qui fonctionnent en contre-saison (comme la
montagne) par rapport à la majorité du territoire hexagonal,
- Prise en compte éclairée des apports économiques du tourisme exogène dans l’archipel France, avec
réalisme, pour ne pas laisser se développer, au nom de choix dogmatiques à la mode, des régressions
qui seraient coupables pour les populations concernées.
Beaucoup de ces points ayant été soulignés supra, par Yves Brossard, revenons sur le sujet des :
V. Taxes de séjour :
À l’origine, elles ont été instituées par le législateur en 1910 pour les communes thermales. Il s’agissait,
pour des communes de quelques centaines d’habitants, de les aider à s’équiper pour lutter contre la
concurrence des stations thermales européennes, beaucoup plus dynamiques en termes d’investissements,
afin de leur permettre de recevoir plusieurs dizaines de milliers de visiteurs en saison.
Cette taxe a été étendu par la suite, de manière optionnelle, à toutes les communes réputées touristiques (ou
prétendument touristiques) du territoire de l’archipel France.
Dans le temps elle a beaucoup évolué et a été déviée de l’esprit originel du législateur.
Considérée il y a peu encore comme une taxe affectée appliquée aux visiteurs qui ne payaient pas la taxe
d’habitation dans la commune (c’est-à-dire comme une taxe d’habitation temporaire par rapport à une taxe
d’habitation permanente) elle a évolué aujourd’hui en taxe de domiciliation (pour les visiteurs non
domiciliés).
Appliquée d’abord au réel sur chaque touriste et à la nuitée, il a été ajouté par la suite le mode de perception
forfaitaire, puis récemment en 2019, un mode de taxation au pourcentage du chiffre d’affaires, pour les
hébergements non classés administrativement.
L’abandon de la référence à la taxe d’habitation (temporaire par rapport à la permanente en voie de
disparition totale, sous la pression du Conseil constitutionnel) et la création en substitution d’une référence
à la domiciliation dans la commune pose entre autres le problème de la définition de la « domiciliation »
dans la commune : s’agit-il d’une domiciliation temporaire ou permanente ? Fiscale ou non ? A partir de
quelle durée une « présence » temporaire peut-elle être assimilée à une domiciliation ? Faire envoyer son
courrier quelque part, vaut il domiciliation ? Un résident « secondaire » est-il une personne « domiciliée »
dans la commune, et à défaut doit-il payer une taxe de séjour quand il se rend dans sa résidence secondaire
? Un travailleur en mission est-il « domicilié » de par son activité professionnelle dans la commune où il
travaille, même temporairement ? Et quelle est l’article de loi qui définit la « domiciliation » dans le droit
français ?
Suite à la crise sanitaire, les recettes des taxes dites de séjour sont en fortes baisses, et cette baisse des
recettes s’affirme en 2021, et la baisse a de fortes probabilités de ne pas disparaître rapidement. Il faut donc,
pour une saine gestion, reconsidérer les budgets prévisionnels, diminuer les dépenses de fonctionnement et
augmenter les dépenses d’investissement.
Une procédure judiciaire a été initiée par l’UMIH Guadeloupe relative aux taxes de séjour.
Cette dernière repose sur un certain nombre de constats :
- Les mesures d’évolution de la taxe de séjour ne font pas l’objet d’un débat parlementaire comme
cela se devrait d’être, mais sont décidées dans la Loi de Finances et utilisent donc un Cavalier
budgétaire à l’insu de la représentation parlementaire démocratique.
- Le mode de perception forfaitaire permet de taxer des entreprises alors même qu’elles n’ont plus
aucun client, ou alors qu’elles ont un nombre de clients faible ce qui conduit à une taxation
forfaitaire bien supérieure à ce qui aurait résulté d’un mode de perception de la taxation au réel. Il
ne s’agit plus alors d’une taxation à la personne mais d’un impôt d’entreprise, dit de production,
qui ne respecte plus le caractère d’une taxe affectée.
- Le classement administratif des hébergements est facultatif, et taxer différemment les
établissements classés et non classés constitue une discrimination qui conduit d’ailleurs à une
distorsion de concurrence non motivée par l’intérêt général. Aujourd’hui, le classement
administratif est beaucoup moins significatif que les avis des clients, portés à la connaissance de
tous par l’utilisation de médias numériques.
Les avis du client sur le Net sont très consultés, et ce sont eux qui font qu’un client choisit un
établissement, ou qu’il l’écarte de son choix.
- Taxer des hébergements au pourcentage du chiffre d’affaires, jusqu’à 5 % de celui-ci, quand la
TVA appliquée aux hébergements en Outre-mer est de 2,10 %, (soit 2,38 fois plus que le taux de
TVA) est un paradoxe économique peu banal. Que dirais-t-on si, dans l’Hexagone, il était mis en
place une taxation sur le C.A. de 2,38 fois un montant de TVA de 20 % ?
-
- En outre, la seule taxation en pourcentage du chiffre d’affaires admise par la communauté
européenne, est la TVA. La France, n’a pas demandé à la communauté européenne, l’autorisation
préalable obligatoire en cas de création d’une taxation nouvelle sur le chiffre d’affaires, et cette
nouvelle mesure est très probablement entachée d’illégalité.
- Les procédures de taxation concernant la taxe de séjour sont donc sources d’inégalités, et de
distorsion de concurrence, puisque deux communes limitrophes peuvent choisir des modes de
taxation différents, qu’à l’intérieur d’une même commune, des établissements d’hébergement,
d’attractivité, et de qualité similaire, peuvent être taxés différemment, au gré des choix votés en
conseil municipal, sans justification réelle étayée et publiée sur le Net.
Il y a lieu d’ajouter que cette taxation a pour objectif légal, de favoriser la fréquentation touristique.
Le code du tourisme, via l’article L2333-27 du Code général des collectivités territoriales, spécifie que la
finalité des OTI est d’améliorer la « fréquentation touristique ».
À cet égard plusieurs remarques s’imposent :
-
- Les meublés de tourisme se sont fortement développés ces cinq dernières années, en particulier en
outre-mer. En Guadeloupe, le parc des hébergements se singularise par environ 4000 chambres
hôtelières, soit 10 000 lits, contre 40 000 lits dans les meublés de tourisme, c’est-à-dire quatre fois
plus. Cependant, la collecte des taxes de séjour est réalisée à 98 % dans les hébergements
professionnels Hôteliers. La collecte auprès des meublés de tourisme est pratiquement insignifiante,
et les communes ne montrent pas de particulière pugnacité, pour les recouvrir, s’agissant d’électeurs
avec lesquels il y a lieu de se montrer conciliant. Il s’ensuit là aussi, une inégalité de traitement
condamnable et source de distorsion de concurrence.
-
- Si l’on voulait déborder du sujet, on pourrait ajouter que les meublés de tourisme bénéficient d’une
législation fiscale bien plus favorable que celle régissant les hôtels, puisqu’ils ne sont pas assujettis
à la TVA, qu’ils ne payent pas de CFE et de CVAE, qu’ils n’ont pas comme les sites hôteliers des
espaces fonciers importants pour les jardins et les piscines, qu’en conséquence ils ne payent
pratiquement pas d’impôts fonciers (TFB et TFNB). De même, alors que les hôtels payent une
contribution à l’audiovisuel public (CAP) pour chaque téléviseur détenu, les meublés de tourisme
ne paye la contribution à l’audiovisuel public pour un seul téléviseur.
- Les meublés de tourisme n’ont pas l’obligation d’avoir, comme les hôtels, à déposer leurs comptes,
et de recourir à une certification comptable,
- La CAP non suspendue pendant la crise sanitaire alors que nos chambres, nos salles de réunions,
nos restaurants sont sans client est-elle compatible avec une mesure de soutien à la crise sanitaire
claironnée médiatiquement avec autant d’excès que d’inexactitude pour un soutien qui n’est qu’une
mesure compensatoire partielle ?
- La suppression non motivée, en 2019, des Arrêtés de répartition, prive la collectivité d’une
connaissance exacte des contributeurs, autorise toute inégalité de traitement, prive de la
connaissance des montants de taxation et de leur application égalitaire, empêche tout budget
prévisionnel des collectivités et tout programme d’investissement attractif de nos destinations, etc
…
- L’hôtellerie souffre dans les Antilles (et la majorité des hôtels sont déficitaires) :
o D’une concurrence très rude de la caraïbe due à la faiblesse de leurs coûts d’exploitation liés à
leurs salaires et aux surcoûts conséquences de notre insularité (fret maritime et aérien et octroi
outre-mer dont la vocation initiale était de protéger la production locale et non de financer les
collectivités),
o D’une saisonnalité dont la résultante est que les exploitations sont rentables du 15 décembre au
15 avril soit 4 mois et parfois déficitaires le reste de l’année soit 8 mois,
o D’une taxation qui pénalise les comptes d’exploitation notamment la taxe de séjour mais aussi
des surcoûts considérables liés à l’absence fréquente d’eau, à l’insécurité et récemment aux
algues sargasses.
- Alors que les hôtels sont porteurs d’emplois légaux, les meublés de tourisme qui le sont très peu
bénéficient de soutiens financiers importants pour s’installer, au motif (exact) qu’ils permettent une
meilleure répartition des touristes sur le territoire. La réforme qui s’impose ne peut se limiter à taxer
les OTA (On line Travel Agencies) comme AirBnb, Lastminute, Booking, etc …
La réforme qui s’impose est législative et consiste à déclarer tous les meublés de tourisme,
sans distinction, comme relevant des mêmes codes APE que les hébergements
professionnels, et, à ce titre, soumis à la même législation fiscale et sociale.
Ainsi, on atténuera une concurrence déloyale qui conduit à des pratiques de prix bas (possible du
fait de l’absence de salarié, ou de leur très faible nombre, de l’absence de publication de bilan, etc…
) dans les meublés de tourisme. Ces prix jugés, de plus en plus, très attractifs par la clientèle, vont
conduire d’ici peu à des fermetures hôtelières et à la disparition de leurs emplois. La question qui
est en fait posée est la suivante :
Le législateur choisit-il de soutenir les revenus des ménages aisés qui ont pu investir dans des gîtes,
ou l’EMPLOI, c’est-à-dire un modèle social offrant du travail à un plus grand nombre ?
Ce choix politique est stratégique, particulièrement en Outre-mer, et conditionne l’orientation
politique du tourisme des territoires pour ces prochaines années, et de là, le devenir des compagnies
aériennes.
En effet les prix bas attirent des clients à basse contribution, conditionnent un modèle aérien lowcost,
peu rentable, apportant sur les territoires des dépenses très mesurées, conduisant à une
réduction du produit intérieur brut potentiel par habitant.
Ce choix stratégique discutable, s’il se confirme, conduira à court terme, à une forte réduction du
nombre de compagnies aériennes et à un repli territorial, aggravant la situation des emplois.
- La situation sanitaire engendrée par le COVID 19 et ses mutants a conduit à une réduction
importante des activités économiques en 2020 et 2021. Pour le tourisme Outre-mer qui a eu la
chance d’avoir une demie haute saison en 2020, les pertes de CA annuel ont été en moyenne en
2020 de l’ordre de - 40 %.
En 2021, le tourisme Outre-mer n’a pas eu la chance d’avoir une demie haute saison touristique,
celle-ci a été anéantie, et les pertes d’un CA en recul en 2020 se sont aggravées en 2021 : - 40 %
par rapport à 2020, – 65 % par rapport à 2019, et - 67 % par rapport à 2018.
Malgré des mesures économiques de compensation partielle mises en place par l’État Français, la
chute du taux de profitabilité (marge) des entreprises hôtelières est significative : de 22,21 % pour
un établissement hôtelier de la riviera en Guadeloupe en 2018, il chute à 10,12 % en 2020 et sera
probablement proche de zéro, voire négatif, en 2021.
Dans ces conditions, la collecte des taxes de séjour a chuté drastiquement, et les collectivités vont
le constater, d’autant plus que ces recettes destinées selon la volonté du législateur à favoriser la
fréquentation touristique ont été détournées de leur objet en faveur de dépenses de fonctionnement
pour rémunérer des effectifs pléthoriques non adaptés à la situation.
- Comment améliorer la fréquentation touristique sans attractivité réelle du territoire, et comment
améliorer l’attractivité de ce dernier sans investissements profitables à ceux qui ont payés une taxe
affectée de non domiciliation (improprement dénommée « taxe de séjour »), taxe affectée sur
laquelle le collecteur devrait rendre compte de son affectation réelle ? La taxe affectée de non
domiciliation (article L2333-29 du Code général des collectivités territoriales), improprement
dénommée « taxe de séjour », n’est ni un impôt, ni une taxe, mais une taxe « affectée » dont le
bénéfice doit revenir directement ou indirectement au redevable de la taxe affectée de non
domiciliation.
- Comment favoriser la fréquentation touristique, sans investissements structurants destinés à
accroître l’attractivité du territoire ? Or, avoir détourné les recettes de taxe de séjour de l’objectif
nécessaire d’investissement, au profit du fonctionnement, a spolié l’attractivité des territoires,
favorisant la mise en place des bureaux d’information touristique, consommateurs de nombreux
emplois très peu productifs, car à l’ère du numérique, la clientèle s’informe essentiellement au
moyen d’outils numériques, et qui se déplace encore aujourd’hui dans un office de tourisme pour
recueillir des renseignements facilement accessibles sur le net avec un téléphone ou une tablette ?
- Il faut s’interroger nous semble-t-il sur les moyens mis en oeuvre pour répondre au mieux aux
attentes de la clientèle, et sur les rééquilibrages nécessaires entre les sections « fonctionnement » et
« investissement ».
Face aux constats énumérés précédemment,
VI. Que pourrait-on raisonnablement envisager ?
1) En Outre-mer (sauf Guyane), les touristes exogènes parviennent à destination exclusivement par
transport aérien ou maritime. Le train et la voiture, ou tout autre moyen de locomotion terrestre sont
exclus.
2) Percevoir une taxe « embarquement-débarquement » sur les transports aérien et maritime permet
de la percevoir sur tous les passagers.
3) Les résidents permanents dans les Outre-mer pourraient être traités à part (et bénéficier d’une
exclusion de la taxation ou de sa réduction)
4) Les taxes frappant le transport aérien sont déjà lourdes et a minima sont à plafonner, voire doivent
être réduites.
5) Sur la base du plafonnement actuel, voire diminué, pourrait être instituée une taxe
« d’embarquement-débarquement ».
6) En contrepartie, la taxe de séjour collectée sur les voyageurs séjournant en hébergements
temporaires serait supprimée. – Pour mémoire, les hôtels, sont jusqu’ici des collecteurs gracieux du
fisc, alors que ce n’est pas, incontestablement, leur métier, et que les hébergements temporaires
(essentiellement les hôtels) ne collectent que 15 % de la dépense touristique des visiteurs. Les autres
exploitants des industries touristiques qui récoltent 85 % du CA des touristes (restaurants,
commerces, loisirs, …) ne collectent rien.
7) Avantages : la taxation nouvelle s’appliquerait à tous, et le mode de perception serait grandement
facilité. L’assiette serait considérablement élargie, et le montant perçu sur chaque passager pourrait
être réduit par rapport à la somme des perceptions journalières actuelles.
8) Les montants de taxation « embarquement-débarquement » seraient adoptés au niveau
parlementaire national et non au niveau local évitant toute inégalité territoriale, la définition de
fourchette de taxation avec valeurs basse et haute n’ayant plus aucune signification car toutes les
communes appliquent systématiquement le montant maximum en Outre-mer.
9) Le montant de la collecte pourrait être réparti par la direction des finances publiques aux
collectivités sur une base prédéfinie, comme par exemple le nombre d’habitants ou des plans
prévisionnels d’investissement adoptés, étant entendu qu’au moins les 2/3 de la collecte seraient
obligatoirement affectés à l’investissement par les receveurs.
10) Les recettes de la taxe « embarquement-débarquement » seraient en montant supérieures à la
perception actuelle puisque seulement 20 % de la clientèle s’en acquitte aujourd’hui, les meublés
de tourisme étant insignifiants dans la collecte. Le financement des collectivités s’en trouverait
amélioré, le poids de la taxe serait plus faible pour le visiteur, et la destination y gagnerait en
attractivité.
11) La réalisation d’investissements touristiques structurants attractifs profiterait également aux
populations locales engendrant de ce fait une meilleure acceptation des visiteurs. La tolérance,
l’acceptation de l’autre, s’en trouveraient améliorés et l’appréciation d’un meilleur environnement
qualitatif participerait à développer un climat d’accueil plus bienveillant et serein.
12) Plus d’attractivité, ce sera plus de visiteurs, plus de richesses apportées au territoire, un
développement plus solide du trafic aérien, une stabilité des prix créée par la concurrence, une
meilleure intégration des populations ultramarines dans l’archipel France.
Ajoutons encore à titre de remarques supplémentaires :
1) L’État Français :
A privilégié dès le début de la crise la situation sanitaire à l’économie.
Cela n’a pas été le cas d’autres pays : en Suisse par exemple, les gestes barrières et le port du masque ont
été respectés par une population disciplinée, et le fonctionnement économique n’a pas été freiné.
Tout est resté ouvert, y compris les bars et restaurants avec leurs terrasses, et la pandémie n’a pas été
constatée comme étant plus critique que sur nos territoires.
En Suisse, pas de PGE, pas de chômage partiel, pas de fonds de solidarité : la stratégie a été différente.
La France, plutôt que de choisir de laisser leur entière responsabilité aux entrepreneurs, vis-à-vis de leurs
charges et de leurs salariés a choisi politiquement de se substituer à eux.
C’est un constat.
En 2005-2006, lors de la crise du chikungunya à l’île de la Réunion, la France avait fait un tout autre choix
en indemnisant les entreprises mensuellement à hauteur de 80 % de leurs pertes d’exploitation.
Certes le territoire était restreint par rapport à l’archipel France qui est concerné par cette pandémie, mais
il aurait été possible par exemple de choisir d’indemniser les pertes d’exploitation des entreprises à hauteur
d’un compte d’exploitation nul. L’année 2020 aurait alors été une année blanche sans bénéfice, les
entreprises faisant face à leurs obligations. Alors il n’y aurait plus eu de demandes de report ou de
suppression de charges. Cela aurait été un autre choix stratégique.
L’État a également choisi de soutenir les emplois plutôt que l’économie.
Cela est flagrant lorsqu’on observe le « Plan montagne ».
Quelles sont les entreprises qui peuvent être considérées comme majeures en montagne ?
Ce sont les stations thermales et les remontées mécaniques.
- Les premières appartiennent essentiellement à la compagnie des Alpes, elle-même sous capitaux de la
caisse des dépôts et Consignation, c’est-à-dire des fonds d’État.
- Les secondes appartiennent pour autant aux Collectivités.
Le Plan montagne vise donc à soutenir des investissements lourds sur lesquels l’État et les Collectivités
sont engagés, et ainsi à affecter une partie importante des fonds européens à certaines entreprises
touristiques principalement, et tout particulièrement.
De même, la prise en charge des coûts fixes pour les entreprises dont le CA annuel est supérieur à 12
Millions d’€, ou mensuellement supérieur à 1 Million d’€ vise essentiellement de grosses entreprises
censées être les plus porteuses d’emplois, au détriment des PME et TPE.
Les Outre-mer n’ont pas été considérées comme dignes d’être concernées par les soutiens spécifiques du
« plan montagne ».
Cependant, tout choix a ses conséquences, et pour anticiper sur les perspectives que nous aborderons plus
loin :
-
- Les salariés de la fonction publique non touchés pécuniairement par la crise sanitaire ne semblent pas
avoir une perception des conséquences économiques de cette crise, et souvent déraisonnent. En
Guadeloupe, ils représentent 48 % des salariés, mais au CESER 971, ils représentent théoriquement
31/49ème des membres (soit 63 % ; 49 membres -18 =31), et encore, dans le collège entrepreneurial,
parmi les 18 membres, certains représentants du monde économique ne sont pas affectés directement
dans leurs revenus propres par la crise économico-sanitaire (car ils sont en fait salariés ou représentants
d’organismes MPI, SICOA, etc …).
L’analyse de certains les conduit donc à des déclarations parfois surprenantes sur des choix de tourisme
endogène - qui viendrait se substituer avec bonheur pensent-ils au tourisme exogène qui apporte
annuellement à l’économie Guadeloupéenne 1 Milliard d’Euros - ou sur un objectif, non pas
d’amélioration, mais d’autosuffisance alimentaire, comme si la Guadeloupe allait se couvrir demain
de rizières puisque le riz est consommé en grande quantité dans les Antilles. Faut-il sourire de ces
déclarations plus dogmatiques que réalistes ? Un Pdt du CESER n’a-t-il pas écrit (sans l’accord
préalable des membres du CESER) que le CESER était favorable à l’écotaxe aérienne ? Souhaite-t-il
aussi la réduction des vols aériens au motif d’une diminution carbonée ?
Nous ne nous étendrons pas plus sur le sujet.
2) Les Régions.
La PACA a choisi, pour soutenir l’économie touristique, de distribuer des chèques vacances pour 20
Millions d’€. La Réunion, l’Aquitaine, et d’autres, ont choisi la même option.
L’État a choisi judicieusement d’abonder les dépenses de chèques vacances à raison de 1 € pour 1 €.
La Guadeloupe a continué d’investir, avec une efficacité sur laquelle on peut s’interroger, dans des
modalités promotionnelles inadaptées, selon nous, à la situation. Un investissement d’image, la routine,
dans l’espoir d’avoir des passagers, malgré les motifs impérieux, l’auto-confinement imposé, le couvrefeu,
l’urgence sanitaire possible, etc …
Au sein des instances dites représentatives, force est de constater que les professionnels sont minoritaires
face aux représentants de la fonction publique ou des élus. En réalité ce sont actuellement des figurants
pour donner l’illusion d’un fonctionnement démocratique inexistant puisque par exemple au CTIG (Comité
du Tourisme des Iles de Guadeloupe) ou au CODIR (Comité de Direction de la Riviera du Levant) les
professionnels non cooptés par les élus sont très minoritaires et que ceux qui ont le courage de s’abstenir
ou de voter « contre » sont marginalisés. Leur appréciation n’est prise en compte que lorsqu’ils vont jusqu’à
pointer du doigt des conséquences judiciaires probables, voire certaines, qui effraient alors les adeptes du
« pas de vague » dans un monde de l’excellence sur une terre de champions.
La représentativité des corps professionnels dans les instances dites représentatives est à revoir, faute
d’aller, ici comme dans le cadre électif, à une non-participation des responsables « sachants », et à la
politique de la chaise vide au profit des élus et de leurs figurants cooptés.
3) Les entreprises
Les optimistes ont continué de penser qu’après la « gripette », tout recommencerait comme avant. En
conséquence, leurs dirigeants ont souscrit des PGE, utilisés au maximum la panoplie gouvernementale des
compensations financières partielles mise en place. Certains sont même allés plus loin en négociant des
accords d’entreprise avec réduction de salaires et remise en cause d’avantages extra salariaux contre un
engagement de maintien intégral des emplois. Elles ont ainsi renoncé dans le temps, à leur liberté de gestion
adaptée aux événements.
Les réalistes ont réduit la voilure, car il fallait bien s’adapter.
En conséquence, ils ont réduit au maximum toutes leurs charges, y compris salariales.
Puisque nous passions de six Compagnies aériennes à trois, puisque nos clients ne pouvaient parvenir
jusqu’à nous qu’en avion, il fallait en tenir compte.
Concernant certaines aides comme le fonds de solidarité, il faut souligner que ceux qui ont voulu tenter de
résister à la crise en restant ouverts contre vents et marée ont souvent été pénalisés : ceux qui ont fermés
ont perdu incontestablement plus de 50 % de leur CA et ont perçus intégralement le fonds de solidarité
autorisé, avec des salariés au chômage partiel.
Ceux qui sont restés en activité, n’ont rien perçu quand ils n’ont pas réalisé 50 % de pertes de leur CA. Les
vertueux qui ont choisi de participer au maintien de l’activité économique ont souvent été pénalisés. Ceux
qui ont plusieurs hôtels les ont tous fermés sauf un, ont reporté les clients des hôtels fermés sur celui resté
ouvert et ont été au final totalement gagnants dans la crise, puisque les établissements fermés perdaient
plus de 50 % de leur CA, et que les rares clients, regroupés sur un site, étaient conservés. Cette stratégie
intelligente n’a cependant pas pu être généralisée…
Nous nous en félicitons pour eux, mais cette mesure des 50 % a créé des inégalités de traitement
indéniables, qui pourrait le contester ?
4) Les travailleurs salariés.
Le constat est double :
- Ceux de la fonction publique ont continué de percevoir intégralement leurs revenus, et pour certains
d’entre eux, dans le cadre d’une activité réduite ou très réduite.
- Ceux du secteur privé admis au chômage partiel, restés chez eux au domicile, sans activité
professionnelle, et sans aucun frais de trajet domicile travail, semblent pour certains avoir trouvé cette
situation de « vacances rémunérées » grâce à l’État Français, sommes toute confortable, et un certain
nombre d’entreprises éprouvent aujourd’hui certaines difficultés à les faire revenir travailler.
- Enfin il y a ceux du secteur privé qui pour diverses raisons n’ont pas pu bénéficier des mesures de
chômage partiel et dont les revenus se sont effondrés.
On a ainsi créé une France à trois vitesses : ceux qui ont continué à rouler à 100 km/heure, ceux qui n’ont
pu rouler qu’à 70 km/heure, et enfin ceux qui se sont traînés à 20 km/heure.
Indiquons que des entreprises nous font part des difficultés qu’elles rencontrent pour remettre au travail et
interrompre le chômage partiel de leurs salariés …
Situation actuelle :
Elle comporte divers paramètres :
- 1) L’aérien
- 2) L’image des Antilles (cyclones, manque d’eau, grèves) et la nécessité de faire une promotion
nationale spécifique et vigoureuse, pour inciter à venir en Outre-mer,
- 3) La demande ou l’appétence aux voyages,
- 4) La situation Guadeloupéenne
- 5) Les chiffres (observatoire du tourisme et aéroport Pôle Caraïbe Guadeloupe)
1) L’aérien : Il est globalement, d’après les experts de ce secteur, dans une situation financière fragile à
laquelle s’ajoute le « Flight Shame » au motif d’une réduction de la dépense carbonée qui devrait plutôt
viser prioritairement, selon nous, le maritime et les tankers, les gros porteurs de fret maritime, et les
bateaux de croisière non convertis à l’hydrogène. Le trafic aérien doit être soutenu comme essentiel pour
notre destination et pour les Outre-mer en général. En revanche il y a matière à s’interroger sur le modèle
du low-cost qui est très peu porteur de marges territoriales. Ne pénalise-t-il pas également les destinations
en y apportant un flux de voyageurs à basse contribution, plus créateur à terme de sur-tourisme que de
revenus conséquents ?
Dans ces conditions, l’ouverture de nos destinations à de nouvelles compagnies aériennes a imposé
jusqu’à présent des mises de fonds attractives de la collectivité régionale (argent du contribuable) pour
des clients peu fortunés, donc peu porteurs de pouvoir d’achat.
La rentabilité du modèle est peu performante pour la destination d’accueil, et limitée pour la compagnie.
Une solution pour nos destinations serait :
- D’une part d’améliorer au plus vite la rentabilité des compagnies aériennes en baissant en particulier
le montant des taxes et redevances en faveur des collectivités et non liées à leur exploitation, car la
desserte aérienne est une nécessité pour nos destinations auxquelles on n’accède pas par le train ou la
voiture,
- D’autre part d’entreprendre une campagne de formation des populations, à grande échelle, pour
expliquer les vertus du transport aérien, facteur de mixité des peuples et de renforcement de la PAIX.
Les perspectives du nombre d’avions hebdomadaires par compagnies aériennes arrivant en Guadeloupe,
ces prochaines semaines, annoncent une croissance du trafic. Si elle se réalise, nous nous en féliciterons.
Cependant l’aéroport Pôle Caraïbes Guadeloupe ne communique pas le nombre des passagers arrivés ces
dernières semaines et les perspectives de remplissage des aéronefs, ni les classes tarifaires, ni les
provenances réelles : s’agit-il d’affinitaires voyageant en classe économique, d’hommes d’affaires (peu
probable compte-tenu des mesures sanitaires imposées), de retraités utilisant des Gites longue durée ou
de touristes ?
Pour avoir une vision économique, il faudrait y voir plus clair. L’UMIH Guadeloupe a demandé à Pôle
caraïbe Guadeloupe des renseignements complémentaires sans en obtenir.
Le CTIG, et surtout l’Observatoire du Tourisme Régional fournissent des renseignements faussés : en
amalgamant les durées de séjour des retraités qui viennent séjourner l’hiver dans des meublés de tourisme
en Guadeloupe pendant plusieurs mois, avec des durées de séjour de 5 jours pour des hommes d’affaires,
et des durées d’une à deux semaines pour des touristes, on obtient une « bouillie » sans grand intérêt - qui
conclut à un temps de séjour moyen de 14 jours - dans la mesure où ces différentes catégories de visiteurs
n’ont pas la même capacité de dépense. Les statistiques doivent être confiées à des personnes de métier
et non à des salariés qui, même de bonne volonté, n’ont pas appris à trier le bon grain de l’ivraie.
Les perspectives de vols à venir ces prochaines semaines, vont elle amener essentiellement des
« affinitaires » longtemps privés de voir leurs proches et famille pendant la crise sanitaire ? Si c’était le
cas, leur apport économique (hors compagnie aérienne) est limité, tout comme le besoin d’emplois les
concernant.
Des compagnies annoncent des vols complets, mais la vraie question est de savoir l’incidence économique
territoriale réelle qui va en résulter ?
Il y a donc un réel besoin d’avoir une connaissance plus fine de ces chiffres qui se vengent quand on les
ignore…
Ajoutons que les mesures administratives, conséquences de la situation sanitaire évolutive, ont une
incidence forte sur le trafic aérien…
2) L’image des Antilles.
Constat : En 2019, la Dordogne en Aquitaine a eu 3 Millions de Touristes.
En 2020, elle en a reçu 4,5 Millions.
En 2021, toutes les réservations des hébergements sont complètes pour les vacances d’été métropolitaines
de proximité, et on spécule sur un chiffre de plus de 5 Millions de touristes.
Quant aux 39.000 Monégasques, ils ont accueilli, en 2019, 5 Millions de touristes !
La Guadeloupe n’a eu en 2019 que 2 Millions de passagers Aller-Retour, c’est-à-dire 1 Million de
voyageurs, et sur ces 1 Million, de l’ordre de 800.000 touristes qui auraient dépensé, hors dépenses
aériennes, 800 Millions d’€, soit 1.000 € en moyenne par touriste.
Il est clair que les publicités en cours, déployées dans l’Hexagone, incitent à des vacances de proximité.
En outre, les Antilles sont en période cyclonique, quand elles ne se font pas une contre publicité sur la
propagation du virus et des variants, les algues sargasses, les coupures d’eau, les grèves, l’insécurité, la
chlordécone, etc … Il resterait encore à inventer de nouveaux motifs pour ne pas venir dans les Antilles,
mais faisons confiance au génie Guadeloupéen ou aux décisions centrales de l’ÉTAT.
La Basse Saison touristique dans les Antilles verra-t-elle dans ces conditions un regain réel d’activité
porteuse de revenus suffisamment appréciables ?
Dans l’hôtellerie, les réservations des Tours Opérateurs repartent sous condition d’annulation sans frais.
Cette tendance juillet-août va-t-elle se maintenir dans les conditions sanitaires imposées (Tests PCR,
isolement volontaire à l’aller et au retour, menace d’état d’urgence sanitaire, passeport sanitaire) ?
Début juillet 2021, les décisions des ménages et les réservations pour les vacances d’été sont déjà prises
pour les Hexagonaux.
Les Outre-mer après avoir perdus une demie haute saison en 2020, puis une haute saison complète en
2021 se doivent de regarder la situation avec réalisme, et non de fantasmer.
3) La demande ou l’appétence aux voyages.
C’est la demande des voyageurs qui commande le nombre de sièges offerts par les compagnies aériennes,
en respectant les mesures de distanciation.
L’appétence des voyageurs devient d’autant plus faible que les contraintes qui leur sont imposées
deviennent plus fortes et que le temps prévisionnel d’organisation de leurs vacances est court : ce qui
précède conditionne les perspectives de ces deux prochains mois, tout en rappelant que septembre est un
mois traditionnellement de très faible activité touristique. Si les conditions d’une reprise d’activité ne sont
pas présentes en décembre 2021 et que la Haute saison est compromise ou perdue, alors l’État n’aura que
deux choix : enterrer le tourisme ultramarin, ou compenser les pertes d’exploitation pour assurer la survie
des entreprises et sauver l’emploi.
4) La situation Guadeloupéenne
Dans un climat sanitaire anxiogène pour beaucoup de personnes dans l’hexagone, et face à l’intensité de
l’offre médiatique pour des vacances de proximité, tout message négatif relatif aux Outre-mer (CHU,
variant delta, sismicité, cyclones, images de la destruction de la digue de la Toubana, défilés protestataires),
ne font qu’aggraver toute perspective d’embellie des arrivées aériennes.
Si la saisonnalité des Outre-mer n’est malheureusement pas prise en compte dans les perspectives
gouvernementales de diminution progressive des mesures économiques compensatoires existantes, de très
nombreuses entreprises antillaises n’auront pas la trésorerie suffisante pour maintenir leurs emplois et (ou)
leur activité jusqu’à la prochaine haute saison touristique (espérée), contrairement aux entreprises de
l’hexagone qui viennent d’entrer dans leur haute saison.
En outre, une campagne médiatique nationale devrait être mise en place pour rétablir en faveur des Outremer
une balance, dont le fléau a inégalement trop lourdement pesé, pour inciter aux vacances de proximité
dans l’Hexagone.
- 5) Les chiffres (observatoire du tourisme et aéroport Pôle Caraïbe Guadeloupe).
Nous avons souligné supra la nécessité d’obtenir de l’observatoire régional du tourisme et de l’aéroport
Pôle Caraïbe Guadeloupe des chiffres clairs et fiables, et régulièrement publié sur le Net. Il n’est pas
nécessaire de s’étendre plus longuement sur ce sujet.
Ajoutons cependant que l’on pourrait s’interroger utilement sur le nombre et le coût des agents travaillant
dans les collectivités et EPIC (CTIG, CARL avec ses Bureaux touristiques, …) et leur productivité réelle
à l’ère du numérique ? Combien d’entre nous, quand ils sont en voyage, se rendent physiquement dans un
office communal de tourisme pour s’informer par rapport à ceux qui utilisent le net ?
VIII. Les perspectives
Septembre est traditionnellement un mois d’activité creux.
Les perspectives à court terme concernent donc juillet et août.
Juillet est déjà entamé du tiers. Des affinitaires sont arrivés sans contestation possible. Leur impact sur
l’économie et les emplois est très relative.
La fréquentation hôtelière a légèrement augmenté, mais le CA cumulé à fin juin 2021 est en retard de :
- 40 % / à 2020 et de
- 65 % / à 2019 et de
- 67 % / à 2018
Ne nous berçons pas d’illusions, l’année 2021 sera plus catastrophique encore que 2020 (et que sera
2022 ?).
Au risque de nous répéter, si les mesures compensatoires mises en place par le gouvernement venaient à
être réduites prématurément, nous assisterions alors très probablement à de très nombreuses fermetures
d’entreprises et pertes d’emplois.
IX. Des solutions à examiner.
Outre des suggestions déjà exposées supra, un vrai plan de relance économique et social devrait être mis
en place et devrait, a minima concerner :
- La Loi de Finance pour 2022 (prolongation de la LODEOM, incitations fiscales aux investissements,
diminution du coût du travail)
- La révision de l’utilisation actuelle des taxes affectées pour respecter la volonté originelle du
Législateur,
- Le contrôle national des taux municipaux de taxes afin d’éviter, par exemple, que la disparition de la
taxe d’habitation permanente ne suscite des vocations de hausse du taux des taxes foncières bâties et
non bâties à titre compensatoire, les collectivités étant très inventives sur ces sujets qui échappent au
contrôle parlementaire.
- Un vaste plan d’investissement régional par la publication d’un plan d’investissement prévisionnel
destiné à améliorer l’attractivité du territoire,
- Une volonté de former aux emplois en tension qui manquent de candidats compétents dans les emplois
vacants des secteurs en tension (restauration et plus généralement les services)
-
Nous nous sommes abstenus volontairement d’aborder les canons à la mode tels que :
- Tourisme Vert,
- Tourisme Bleu,
- Écologie, économie décarbonnée, mobilité,
- Développement durable,
Non pas que ces sujets ne soient pas dignes d’attention, lorsqu’ils s’adossent à des prévisions budgétaires
et à un calendrier, mais ces sujets sont des « tartufferies » lorsqu’ils se cantonnent à la sémantique des voeux
et de l’irrationnel.
- Meilleure indépendance énergétique, en particulier électrique, par le développement géothermique,
particulièrement prometteur en Guadeloupe, et pourtant bien insuffisamment exploité, alors que plus
producteur d’énergie que le solaire et l’éolien. Le solaire en toiture devrait se développer en respectant
l’esthétique attractive que se doit de développer un territoire touristique. Nous exprimons nos réserves
sur les réalisations de solaire au sol qui obère des surfaces foncières et agricoles importantes et
participe aux nuisances visuelles… Nous sommes encore plus réservé sur l’éolien, qu’il soit au sol ou
maritime. À cet égard, un sondage des habitants de la Désirade et de leurs visiteurs nous semble utile
afin de juger de sa cohérence avec un développement touristique ?
- Octroi de mer qui est indéniablement un facteur de vie chère et qui n’a pas été mis en place à l’origine
pour le financement des collectivités, mais pour protéger la production locale. Ce qui apparait
aujourd’hui bien contestable si l’on examine la longue (trop) liste des produits concernés.
-
Nous laissons les sujets des canons à la mode à ceux qui, n’étant pas exploitants directs d’activités
touristiques, affectionnent pourtant d’en parler abondamment, et écartons l’examen de certains prétendus
spécialistes de la santé qui se plaisent à parler, voire à imposer leur vision du monde.
-
Il est vrai disait Surcouf « Qu’on parle toujours de ce qui vous manque le plus », que ce soit d’argent, de
la connaissance, ou de la Culture, ajouterons-nous.
-
En vous remerciant de votre attention, et restant à la disposition de l’équipe de la Fedom,
Recevez, Président, nos salutations confraternelles et cordiales.
Le 16/07/2021
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