Mesdames et Messieurs
Les Parlementaires
De GUADELOUPE
Le 11 février 2022
Objet : Aménagement des PGE
Remboursement ou Investissement, il faudra choisir !
Madame la Députée,
Monsieur le Député,
Madame la Sénatrice,
Monsieur le Sénateur.
Pour faire face au choc économique lié à la crise du coronavirus, le Gouvernement a mis en oeuvre
plusieurs dispositifs exceptionnels permettant de soutenir le financement des entreprises dont le prêt
garanti par l’État (PGE) et le rééchelonnement des crédits bancaires. Nous savons que l’ensemble des
Pouvoirs Publics est mobilisé pour nous aider à surmonter cette crise sanitaire sans précédent.
2020 et 2021 ont été des années noires pour nos activités en France et en Outre-mer. Au plan
national, en 2020 l’hôtellerie a connu une baisse moyenne de 58%, la restauration traditionnelle à
table de -50% et ce début d’année 2022 présente des perspectives d’activité très mitigées au plan
national et très graves en Outre-mer qui elles fonctionnent en contre-saison et n’ont pas eu de Haute
Saison pour le secteur des cafés, hôtels, restaurants, discothèques, traiteurs (CHRDT).
En Guadeloupe, le secteur du tourisme connait un coup d’arrêt sans précédent. La perte de chiffre
d’affaires 2020 est estimée (en moyenne) à 50 % par les professionnels du secteur et à près de 60 %
en 2021. La fréquentation de l’archipel est réduite de plus de moitié. Les arrivées (hors transit),
enregistrées à l’aéroport Guadeloupe Pôle Caraïbes, diminuent fortement (-48,4 % en 2021 / 2019,
après +1,7 % en 2018 et + 2,3 % en 2019). L’activité de croisière est à l’arrêt depuis le début de la
pandémie, suite à la propagation du virus au sein de plusieurs paquebots. S’inscrivant à des niveaux
historiquement élevés durant ces cinq dernières années, le nombre de croisiéristes baisse ainsi de
47,7 % en 2020 et de 100 % en 2021.
Pourtant, En 2019, une étude menée par le World Travel and Tourism Council mesure l’impact
économique du secteur touristique en Guadeloupe. Elle évalue à 9,5 % la contribution globale du
secteur du tourisme au PIB guadeloupéen, soit 903,5 millions € générés, hors économie de
ruissellement. Le poids des emplois globalement liés au tourisme est évalué à 10,7 % de l’emploi
total (11,5 % en 2018). Les dépenses des visiteurs s’élèvent à 448 millions €, soit 32,7 % des
exportations.
En 2021, face à la pandémie de COVID-19, le secteur des Industries Touristiques affiche ses plus
grandes pertes. Les professionnels du secteur, estiment leur perte de chiffre d’affaires sur l’année
2020 à 50 %, alors que l’année 2020 a permis aux professionnels de vivre une demie Haute Saison
jusqu’au 16 mars 2020, ce qui n’a pas été le cas en 2021 avec les contraintes administratives liées à la
crise sanitaire.
Sur 6 compagnies aériennes transatlantiques existantes en 2019, il n’en n’est resté que 3 en activité
réduite en 2020, avec application d’une distanciation (un siège sur deux) qui a réduit très fortement le
faible trafic passager.
Le nombre de passagers hors transit à l’aéroport chute de 48,7 % en 2020 après +2,3 % en 2019.
De 1.200.080 passagers-Arrivé en 2019, le chiffre chute à 619.192 en 2020 et à 618.816 en 2021.
Le total du trafic aérien A + D passe pour l’ensemble des compagnies aériennes, hors transit, de
2.412.963 en 2019 à 1.242.219 en 2021, soit une chute de – 49 % !
De même, le nombre de croisiéristes baisse de 47,7 % en 2020 et de 100% en 2021. Dans le détail, en
2020, la croisière de transit baisse de 62,7 % et la croisière basée recule de 41,6 %.
Pour rappel en 2019, plus de 815 000 visiteurs arrivés par l’aéroport Pole Caraïbes, ont parcouru
l’archipel des îles de Guadeloupe, soit une augmentation de 10,9 % par rapport à 2018. Le nombre de
visiteurs arrivés par la Gare maritime de Bergevin (en provenance de la Martinique, la Dominique et
Sainte-Lucie) évalué pour la première fois en 2019, s’élève à 43.762.
La dépense moyenne par visiteur est estimée à 1 082 € pour les touristes résidentiels arrivant par voie
aérienne (hors dépenses aériennes), soit un chiffre d’affaires de plus de 903 millions € générés et d’autre
part, à 498 € de dépense générée par ceux arrivant par voie maritime, soit plus de 24 millions €.
La croisière pèse donc 2,66 % du CA des Industries touristiques (24 /903,5 millions €).
L’archipel accueille majoritairement des visiteurs de nationalité française résidant pour l’essentiel en
France hexagonale. En 2019, 91 % de ceux arrivés par voie aérienne et 76 % de ceux arrivés par voie
maritime sont de nationalité française dont respectivement 66 % et 45 % d’entre eux résident en
France hexagonale. Un niveau stable par rapport à 2018. À noter cependant que les voyageurs « dits
Affinitaires », dont la dépense est moindre, représenteraient plus de 25 % du trafic aérien.
Certes, l’allègement des restrictions de déplacement en juillet et août 2020 et la promotion touristique
de l’île pour les fêtes de fin d’année ont permis un regain temporaire d’activité, mais l’hirondelle ne
fait pas le printemps, et les fêtes de fin d’année ne durent pas 365 jours.
Ces quelques chiffres pour illustrer que la crise sanitaire de la Covid 19 est encore là, et que les
entrepreneurs qui ont souscrits des PGE ne sont pas encore en mesure, pour la très grande majorité
d’entre eux, de faire face à leurs échéances de remboursement, car ni la clientèle, ni le CA résultant,
ne sont au rendez-vous.
La reprise de nos activités ne débutera pas, au mieux, avant 2023 avec le retour des clientèles
d’affaires et internationales.
La mise en place en 2021 d’un second différé de remboursement des PGE d’une durée de 12 mois a
représenté un vrai ballon d’oxygène pour des milliers d’entreprises, mais la plupart d’entre elles
seraient contraintes dans quelques semaines, sans aménagement des conditions de remboursement, de
reprendre le remboursement de leurs emprunts.
Or, la situation sanitaire actuelle ne permet toujours pas un fonctionnement normal de notre
secteur d’activité et nos entreprises ne dégagent pas suffisamment de ressources pour faire face
à leurs engagements à court et moyen terme.
L’accord signé le 19 janvier 2022 par le Ministère de Bercy sur la restructuration des PGE est certes
un nouvel outil permettant aux entreprises de petite taille d’étaler, sous conditions, le remboursement
sur 8 ans ou 10 ans, et pour les autres de saisir le conseiller départemental de sortie de crise. Mais ces
opérations de restructuration conduiront inévitablement l’entreprise à être classée en « prêt non
performant » et, pire, si l’entreprise fait l’objet d’une cotation FIBEN Banque de France, sa note sera
dégradée l’entraînant dans une spirale qui pourrait lui être fatale. Une entreprise qui obtiendra un
réaménagement de son PGE, éprouvera les plus grandes difficultés à obtenir de nouveaux
financements pour développer ses activités.
Ainsi, la majorité de nos entreprises n’auront pas d’autre choix que de rembourser leurs dettes
COVID au détriment de la nécessaire modernisation et amélioration de leur offre commerciale.
Ces investissements sont particulièrement nécessaires à l’approche d’événements majeurs pour notre
pays (Coupe du Monde de Rugby, Jeux Olympiques) et en vue de la reprise des rencontres
professionnelles d’envergure internationale, et alors même que la plupart des pays concurrents
investissent massivement dans le développement et la rénovation de leur offre.
En Outre-mer, les contraintes climatiques obligent à des réinvestissements accélérés de rénovation
(air salin chaud et humide) et arrêter brutalement ces investissements qualitatifs au profit d’un
remboursement de la dette non en phase avec les recettes attendues conduirait à une mise en péril de
nombre d’entreprises des industries touristiques
La proposition de l’UMIH, soutenue par de nombreux acteurs du tourisme, est la suivante :
donner la possibilité à toutes les entreprises du secteur S1 & S1 bis de rembourser leur PGE sur
4 années supplémentaires (soit 10 ans au total) avec un troisième différé de remboursement de
12 mois, sans que l’entreprise ne soit classée en défaut ou voit sa cotation FIBEN dégradée.
Nous avons conscience que cette proposition appelle un assouplissement temporaire de la
règlementation bancaire actuelle et des principes de notation, mais elle est cohérente et inévitable
avec la situation exceptionnelle que nous affrontons, et n’a pour seul but que de permettre aux
entreprises de sauvegarder leur capacité d’investissement en isolant les PGE des autres
emprunts.
Le plan « Destination France » présenté en novembre 2021 par le Premier ministre pour que la France
retrouve sa première place de destination mondiale, ne pourra pas voir le jour sans une mesure forte
sur le PGE.
Madame la Députée, Monsieur le Député, Madame la Sénatrice, Monsieur le Sénateur,
Nous espérons donc que cette proposition recueille votre approbation et, en prévision de l’élection
présidentielle de mai 2022, nous souhaiterions avoir votre soutien sur cette proposition car nous
sommes convaincus qu’elle stimulera l’investissement privé et renforcera l’attractivité des PME dans
nos territoires tout en préservant l’emploi.
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