Madame la Directrice Générale Adjointe
Pôle Solidarité et Développement territorial
Communauté d’agglomération de la
Riviera du Levant
Bonjour Madame,
Comme convenu, je donne suite à votre mail du 24 septembre 2021, dont je vous remercie.
L’UMIH Guadeloupe est, comme il se doit, sensible à la démarche de la CARL, de l’associer au
débat prévu avec l’Institut National des Études Territoriales (INET), en tant que principale
représentante Départementale et Régionale de la première représentation professionnelle nationale
des entreprises CHRD (Cafés-Hôtels-Restaurants-discothèques).
L’objectif annoncé de l’étude est de permettre à terme une meilleure fréquentation touristique de
notre territoire.
Une première observation s’impose : l’objectif majeur d’une communauté de communes souhaitant
développer l’emploi dans les industries touristiques présentes sur son territoire est bien évidemment
d’augmenter la fréquentation des établissements porteurs d’emploi locaux.
La fréquentation en elle-même, si elle n’est pas génératrice d’emplois, et donc de chiffre d’affaires
permettant de financer ces emplois, constitue un coût pour la collectivité dont l’intérêt est très
discutable, voire contestable.
Mais une seconde observation consiste à encourager l’abandon de l’expression archaïque
« fréquentation touristique » pour mieux cerner la typologie des visiteurs ou des consommateurs de
loisirs. Car l’évolution des besoins des populations des pays développés fait que la population locale
est en réalité beaucoup plus consommatrice, en volume, des loisirs locaux que la population des
visiteurs extérieurs. Il y a donc les consommateurs endogènes de loisirs et d’équipements et des
consommateurs exogènes. Les premiers sont les consommateurs les plus fréquents, et les moins
dépensiers ; les seconds sont les consommateurs les moins fréquents et les plus dépensiers.
Ceci pour conclure qu’on aurait tort de considérer que les équipements et événements de loisirs ont
vocation à satisfaire les besoins exclusifs des consommateurs exogènes. Ils doivent satisfaire à la fois
les consommateurs endogènes et exogènes, car les plus grands bénéficiaires sont les consommateurs
endogènes, donc la population locale. Les équipements et événements de loisirs, doivent donc d’une
part contribuer à la qualité de vie de la population locale et d’autre part satisfaire la demande des
consommateurs exogènes qui par leurs dépenses importantes vont générer de l’emploi local.
Sous l’angle des institutions locales, jusqu’à présent, nous avons observé en silence des
comportements significatifs d’un refus caractérisé d’une co-construction continue des politiques de
développement de l’emploi dans les industries touristiques, co-construction qui devrait associer les
élus et les véritables opérateurs professionnels (c’est-à-dire ceux qui réalisent et prennent les risques
d’investissements lourds non délocalisables, et ceux qui reçoivent des clients payant les prestations
proposées) en vue de développer largement l’emploi dans les industries touristiques. Nous
désapprouvons fermement ces comportements significatifs d’un refus caractérisé de co-construction
dans nos industries touristiques :
- Avant et après les élections régionales, par deux fois, nous observons que la collectivité régionale de
Guadeloupe a distribué des aides financières à certaines entreprises du secteur de la restauration,
choisies par elle en toute inégalité de traitement, et en ignorant ostensiblement les entreprises du
secteur adhérentes à l’UMIH Guadeloupe.
-Au début de la crise sanitaire, nous avions proposé à la Région Guadeloupe de mettre en place des
chèques-vacances comme l’ont fait dès le début de la crise la région PACA pour 20 millions d’€ puis
la Réunion pour 10 millions d’€, tout en sachant que l’État a choisi judicieusement d’abonder les
dépenses de chèques vacances à raison de 1 € pour 1 €, ce qui doublait la mise. L’Aquitaine, et
d’autres, ont choisi la même option. Nous n’avons pas été entendu en 2020, et la Guadeloupe s’est
enfin décidée en août 2021 pour un montant bien modeste de 1 million d’€ ! La Guadeloupe a
continué d’investir, avec une efficacité sur laquelle on peut s’interroger, dans des modalités
promotionnelles inadaptées, selon nous, à la situation. Un investissement d’image, la routine, dans
l’espoir d’avoir des passagers, malgré les motifs impérieux, l’auto-confinement imposé, le couvrefeu,
etc … Inadaptation coûteuse en deniers publics et d’une très faible efficacité …
- Les travaux du pont de Choisy, réalisé en 2019, sans tenir compte des observations que nous avions
formulé, anormalement longs, ont lourdement pénalisés pendant 10 mois l’activité des entreprises
touristiques sur le Gosier, sans que la collectivité responsable n’ait envisagée de débattre des
préjudices créés afin d’y apporter compensation.
- Et les vives recommandations, du président de l’OTI de la CARL, lors de la mise en place de la
vice-présidence du comité de direction en 2020, invitant les élus majoritaires au sein d’un EPIC dans
lequel la parité élus-professionnels n’existe pas, à voter pour tel candidat, s’apparentent plus à une
cooptation convenue par avance plutôt qu’à des pratiques électives respectueuses de la représentation
professionnelle effective dans un cadre démocratique. C’est une mascarade dont personne n’est dupe.
Le rappel de ces faits trop coutumiers souligne, s’il en était besoin, que pour mettre en tourisme un
territoire - pour reprendre les propos de votre courriel – une coopération franche et ouverte avec les
professionnels et leurs représentants s’avère indispensable, car, si vous nous permettez une
métaphore, ce n’est pas parce qu’on mange du pain qu’on est devenu boulanger, pas plus que l’on est
un acteur du tourisme pour avoir mangé au restaurant et couché hors de chez soi, dans un
hébergement.
Nous prenons donc comme très positive votre invitation à participer au débat - il est grand temps et
jusqu’ici nous avons très peu été écouté. Nous saluerons comme il se doit une évolution. Nous
espérons que notre « franc-parler » sera analysé comme le témoignage de notre volonté de participer
à une évolution économique et sociale de notre territoire, en faveur du plus grand nombre de ses
habitants…
Votre courriel invite :
- À des réflexions sur les modalités d’optimisation de la compétence tourisme,
- À faire étudier par un groupe constitué d’administrateurs, de conservateurs et d’ingénieurs
chefs, les modalités de valorisation des équipements présents sur le territoire (aérodromes,
marinas, golf, palais des sports…) dans le cadre d’une promotion touristique plus offensive.
- À viser à mettre en tourisme le territoire au sens de l’industrie touristique,
- À recueillir la vision et les aspirations des acteurs touristiques publics et privés dans le cadre de
la politique publique.
Toutes ces invitations méritent qu’on s’entende plus précisément sur leurs aspects sémantiques et les
responsabilités respectives de chacun afin d’éviter toute confusion.
Pour mieux préciser nos propos, le développement de l’emploi dans les industries touristiques oblige
préalablement la résolution acceptable de prérequis :
- Eau,
- Pollution visuelle,
- Transports routiers,
- Transports publics
- Etc …
Beaucoup relèvent d’une utilisation des fonds publics et de l’impôt.
En revanche, la taxe affectée, improprement dénommée taxe de séjour, autrefois taxe d’habitation
temporaire, devenue depuis 2019 taxe de domiciliation temporaire, sans que l’on ait d’ailleurs une
définition légale de cette domiciliation temporaire, ne saurait être confondue avec l’impôt, et par
conséquence, les investissements structurants du territoire ne sauraient être confondus en raison de
leurs financements distincts, et lorsque votre courriel évoque aérodromes, marinas, golf, palais des
sports… il y aura lieu de veiller à éviter toute confusion entre ce qui relève de la gestion publique et
du développement de l’activité touristique, qui demande en termes promotionnels de parler produit.
Quels produits envisage-t-on de promouvoir, quelle amélioration de la qualité actuelle, quels sont nos
points forts et faibles, et parmi ces derniers, quelles priorités ?
Vous nous proposez un entretien par visioconférence le Mercredi 13 octobre à 09h00, la délégation
de l’INET arrivant le 11/10 en Guadeloupe.
Il nous semble, pour avoir des échanges constructifs, que tous les participants ont besoin
préalablement de connaître le territoire et les produits dont nous allons nous entretenir.
Or, s’ils arrivent le 11/10, il serait souhaitable de leur faire découvrir aussitôt notre territoire.
Comment parler Guadeloupe si on ne connaît ni la Riviera du Levant, ni le nord Grande Terre, ni
Basse Terre, ni les Saintes, ni Marie-Galante ? Et comment échanger sur les « produits » s’ils n’ont
pas été visités au préalable : hôtels et hébergements temporaires, restaurants, bars, discothèques,
plages, attractions diverses ?
Pour nous, un territoire se définit par son aéroport d’arrivée : un aéroport, un territoire.
Cela est si vrai que l’accueil des touristes aux Saintes profite aux Hébergements et commerces de la
Riviera du levant, que le développement à venir d’activités sportives individuelles et leurs
équipements associés, le développement par exemple de pistes cyclables dans le Nord Grande Terre,
la mise en valeur de Marie-Galante, etc … profitera aux structures d’hébergement existantes, y
compris sur la Riviera du Levant.
Sans nous étendre plus longuement sur ce sujet pour l’instant, nous vous suggérons :
- D’envisager pour les membres de la délégation la mise en place d’un programme d’approche et
de contact avec le territoire,
- De repousser notre premier entretien par visioconférence du 13 au 19 octobre 2019 à 9h30
(heure Guadeloupe),
- Sur la durée de séjour de deux mois de la délégation INET, de programmer au moins 3 réunions
avec l’UMIH Guadeloupe, car après un premier échange le 19/10, il serait souhaitable
qu’environ 3 semaines plus tard, il soit possible d’échanger à nouveau sur les premiers propos
et les retours d’appréciations après une meilleure perception « terrain », sinon ce serait un bref
audit qui ne permettrait pas d’éviter les confusions que nous avons évoquées supra.
- Il faut enfin que les conclusions de propositions de la délégation soient présentées aux
professionnels des activités des industries touristiques pour avoir ensemble une « vision » vers
où aller.
- Il serait regrettable que :
o Les fonds mobilisant 50 millions d’euros de crédits budgétaires pour le soutien à
l’émergence de projets pour un tourisme durable,
o Que le contrat de plan État-région 2021-2027 de 35 milliards d’euros,
o Que les 700 milliards annoncés du plan de relance économique européen,
Ne soient pas déclinés localement dans une stratégie cohérente d’évolution territoriale intégrant les
fonciers disponibles et les attentes clients : il ne s’agit pas de vouloir privilégier une pseudo « montée
en gamme » irréaliste dans un environnement inadapté, alors que les grandes enseignes hôtelières,
pourtant porteuses d’emplois et sources de contributions importantes aux finances publiques refusent
de s’installer dans les Antilles Françaises en parallèle à une augmentation considérable du nombre de
lits en meublés de tourisme, très peu porteurs d’emplois et de très faible contribution à l’impôt.
Quelle vision du tourisme souhaitons-nous voir se dessiner ?
Souhaitons-nous une valorisation de la Désirade, de Marie-Galante, du nord Grande-Terre ?
Souhaitons-nous un développement des mobilités douces (espaces piétonniers, pistes cyclables, …) ?
Souhaitons-nous un palais des congrès attractif pour notre destination ? Où ?
Souhaitons-nous un agritourisme qui permette une nouvelle orientation aux petites exploitations
agricoles ?
Souhaitons-nous favoriser des créations d’emplois productifs ?
Le sujet est vaste et mérite qu’on y consacre le temps nécessaire…
Nous nous félicitons que parmi 80 dossiers présentés, 18 aient été retenus, dont celui de la CARL, en
notant toutefois que ce dossier, dont l’UMIH Guadeloupe n’a toujours pas connaissance, n’ait pas été
élaboré en co-construction.
Ajoutons encore que si la CARL reconnait qu’il s’agit d’un dossier à fort enjeu et que ce dernier va
être étudié par un « groupe constitué de hauts fonctionnaires en formation », sans porter aucun
jugement sur la compétence de chacun des membres du groupe, enverrai-t-on des hauts
fonctionnaires en formation en Lorraine pour étudier la sidérurgie ou plutôt des ingénieurs de haut
niveau en provenance par exemple du corps des mines ?
Si notre proposition vous agrée, nous vous enverrons, après votre accord, un lien zoom pour cette
première réunion du 19/10/2021 à 9h30
En vous remerciant de votre attention et de votre retour, veuillez agréer, Madame la directrice
générale adjointe du pôle solidarité et développement territorial de la communauté d’agglomération
de la Riviera du levant, nos salutation distinguées.
Le Président de l'UMIH 971
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