FOCUS sur le Tourisme dans les Antilles

Quand on parle de Tourisme, de quoi parle-t-on ?

Quand on parle de Tourisme durable, de quoi parle-t-on ?

Il faut préciser qui pose la question : est-ce le pays récepteur, où est-ce le visiteur ?

N’est durable que ce qui permet de collecter les recettes permettant de rémunérer l’emploi

local pour une plus grande qualité de service.

Le pays récepteur : ses préoccupations premières, devraient être :

- Les recettes,

- Les dépenses,

- Les créations d’emploi local.

Mais auparavant, le vocable tourisme recouvre en réalité une myriade de métiers dans les

Industries touristiques, et comme toute industrie cette dernière relève d’une (1) gouvernance

adaptée et d’une (2) vision stratégique.

La Gouvernance dans les Industries touristiques

Aujourd’hui, les textes déclinant la gouvernance touristique se retrouvent dans le code du

tourisme, et dans le code général des collectivités territoriales. Ainsi on retrouve la

compétence touristique, dévolue tantôt à l’État, tantôt à la Région, au Département, à la

Collectivité d’Agglomération, et encore à la Commune.

Ces empilements et enchevêtrements des compétences conduisent à une absence

d’efficience dans les dépenses publiques, voire à une inflation regrettable des dépenses et des

emplois inappropriés. Ainsi les effectifs des bureaux d’information touristique (BIT) ne sont

plus adaptés aux réalités d’aujourd’hui, où l’information numérique a supplanté celle

physique d’autrefois. Les BIT n’ont plus un rôle d’information. Leur mission est de créer des

événements attractifs, et les effectifs doivent être adaptés à cette seule mission.

Il apparaît plus que souhaitable de toiletter les textes, en donnant sans ambiguïté la totale

priorité au code du Tourisme : il ne peut y avoir qu’un capitaine sur le pont du navire, avec un

seul CAP : l’objectif est-il un tourisme de masse et de base contribution financière,

intermédiaire, ou de plus haute contribution financière et de plus haut de gamme ?

Le tourisme de masse est déjà à l’oeuvre, avec un certain succès, dans la Caraïbe environnante

aux Antilles françaises. Ces dernières n’ont donc aucune chance de pouvoir rivaliser compte

tenu de leurs coûts matériaux et salariaux.

Le tourisme de très haute contribution financière et de haut de gamme n’est atteignable que

dans un environnement adapté. Ce n’est pas le cas actuellement, particulièrement en

Guadeloupe ou un travail considérable est à réaliser pour atteindre cet objectif (suppression

de nombreuses entraves au développement des industries touristiques : voir infra). Pourtant

c’est celui dont la Guadeloupe aurait besoin. Avec un seul capitaine sur le pont du navire

« industrie touristique », on peut y parvenir, avec un programme d’investissements public,

une amélioration des installations environnementales, une rectification à la baisse des

nuisances nombreuses, et seulement ensuite, une montée en gamme des produits

touristiques.

Concernant le tourisme intermédiaire, ou de moyenne contribution, il a permis jusqu’ici un

fort développement des meublés de tourisme. Cependant, force est de constater que leur

développement en offre de lits s’est accompagné d’une régression considérable, de l’ordre de

la moitié, du nombre de lits hôteliers. La raison en est simple : les meublés de tourisme ont

profité jusqu’ici d’une législation fiscale, sociale, réglementaire très favorable.

Ils ne collectent pas la TVA, ne sont pas assujetti à la CFE, la CVAE, ne paye qu’une contribution

à l’audiovisuel public (CAP) contrairement aux hôtels qui en paye une pour chaque téléviseur

détenu, ils n’ont pas les mêmes obligations d’hygiène et de sécurité que les ERP, n’ont pas les

mêmes obligations comptables, … Ces inégalités de traitement pourraient être corrigées par

une simple décision législative afin de rétablir une saine et loyale concurrence.

Observons que les hôtels sont fortement porteurs d’emplois et contributeurs aux

financements publics.

La « Gouvernance actuelle du secteur des Industries Touristiques » doit donc choisir

clairement, en l’absence actuelle d’égalité de traitement entre les hébergeurs déclarés au

Registre du Commerce et des sociétés (RCS) et les autres, de continuer à soutenir les revenus

des ménages les plus aisés qui peuvent investir dans les gites très peu porteurs d’emplois, ou

de soutenir les acteurs économiques très porteurs d’emplois locaux.

La nouvelle Gouvernance attendue après la remise en ordre plus que souhaitée, car nécessaire

et impérative devra définir le CAP à atteindre, et au-delà des mots, devra programmer dans le

temps les étapes à réaliser ainsi que leurs financements publics, en concertation, et en parité

dans celle-là, avec les professionnels représentatifs en poids des emplois qu’ils portent.

Les recettes :

Elles reposent essentiellement sur la taxe affectée appelée improprement taxe de séjour,

autrefois taxe d’habitation temporaire, et depuis la suppression en cours de la taxe

d’habitation permanente, modifiée en taxe de domiciliation temporaire sans que l’on sache

d’ailleurs quelle est la référence juridique sur laquelle est assise cette notion de domiciliation

temporaire.

Constat : En Guadeloupe, il y a environ 10.000 lits en hébergements professionnels (hôtels),

et 30.000 lits en meublés de tourisme (gites, chambres d’hôtes, villas)

La taxe affectée est collectée à 98 % par les 10.000 lits hôteliers, et les 30.000 lits de meublés

touristiques représentent une collecte insignifiante compte tenu du peu d’empressement des

collectivités à la percevoir auprès de leurs électeurs...

Remède : Modifier le mode de collecte de la taxe affectée en instituant à sa place une taxe

embarquement-débarquement payée par TOUS les voyageurs aériens et maritimes entrant

sur un territoire ilien, sans augmenter les taxes qui frappent déjà lourdement les transports

précités.

Observation : Il pourrait être envisagé que les affinitaires et les locaux en déplacement pour

affaire en soient exonérés totalement ou partiellement. Pourtant ceux-ci bénéficient à temps

plein des améliorations environnementales et structurelles, conséquences des

investissements publics touristiques, alors que les visiteurs dits « touristiques » n’en

bénéficient que quelques jours seulement.

Modifier le mode de perception conduira à un montant de collecte supérieur par un

élargissement de l’assiette. La collecte pourra ensuite être répartie régionalement en fonction

des projets d’investissements publics programmés sur les territoires communaux ou de

communauté d’agglomération

Les Dépenses :

1) Elles relèvent de l’amélioration de l’attractivité du territoire pour attirer les visiteurs.

Cette attractivité concerne les prérequis indispensables tant pour la population locale

que pour les visiteurs. Citons pêle-mêle l’eau potable en continuité, l’assainissement,

le traitement des déchets, une façade d’habitat harmonieuse sans pollution visuelle et

sonore, un système de santé rassurant, un réseau routier entretenu et fluide, des

transports en commun fluides, permettant d’atteindre tous les sites touristiques, des

plages propres, etc… tout ce dont la population locale a prioritairement besoin, en

soulignant que le visiteur n’est pas attiré pour séjourner là où ces prérequis sont

défaillants.

2) Elles concernent ensuite les investissements publics structurants à vocation attractive.

La « montée en gamme » d’une destination passe avant tout par l’investissement

public. Faire des dépenses promotionnelles ne peut se concevoir avec réalisme et

professionnalisme qu’après avoir mis en place les réponses aux attentes des visiteurs :

signalétique, accessibilité, hygiène, détente, séduction.

Montée en gamme signifie donc d’abord, plans pluriannuels d’investissements

territoriaux.

La montée en gamme « Produits privés » dépend des investissements structurants

publics et de l’adaptation des règles conformes au CAP visé. Sans ces derniers, pas de

montée en gamme sérieuse au plan général. Ainsi, viser une surface de lot

d’hébergement de 40 m2 conforme au standard international oblige à abaisser voir

supprimer les impôts de production (en particulier la TFB et la TFNB) comme le font

nos concurrents dans la caraïbe, souvent pour une durée de 15 ans.

L’emploi local dans le Tourisme

Le tourisme dans les Antilles est fortement saisonnier. Saint-Barthélemy, et SAINT-MARTIN,

pour prendre ces exemples, font abondamment appel à des saisonniers. Or ceux-ci

proviennent en grand nombre de l’Europe continentale (France, Allemagne, Italie) ou

d’Amérique du nord (Canada), alors que le taux de chômage est très élevé dans les Antilles

Françaises. N’y-a-t-il pas là un paradoxe ? Les « Jeunes » rêvent-ils de travailler dans les

métiers des industries touristiques ou d’entrer dans la fonction publique ? Rêvent-ils de

« Servir, de donner de la satisfaction » ou simplement d’obtenir une sécurité salariale en

contrepartie d’une tâche ?

La réponse à cette question conditionne « la durabilité » des emplois dans les industries

touristiques, et le développement ou la régression du niveau de vie des populations pour

lesquelles le tourisme est la principale locomotive économique drainant des devises exogènes.

En conclusion.

Un développement des Industries touristiques dans les Outre-mer et la durabilité des activités

sont conditionnés par la révision :

- De la gouvernance « Tourisme »,

- Du financement des investissements publics,

- D’une amélioration de la qualité des services par une formation toujours plus

rigoureuse

- L’abaissement des charges qui pèsent sur certaines activités dans le secteur

Le 01/03/2022

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